Education pour tous d’ici l’an 2015 : Mythe ou réalité ?

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Les beaux discours autour de ce slogan, «Education pour tous d’ici l’an 2015», n’est autre  qu’un jeu malsain des trois singes de la légende. L’un ne veut rien voir. Un autre ne veut rien entendre. Le troisième ne veut rien dire. Tout ce qui arrive à notre société, en bien ou en mal, engage la responsabilité de chacun de nous. De quelle éducation s’agit-il exactement au Mali ? Peut-on vraiment atteindre les objectifs fixés par les initiateurs de ce fameux slogan ?

Si nos autorités ont la mémoire courte, le citoyen ne l’a pas. On se souvient encore de ce slogan : «Santé pour tous d’ici l’an 2000» qui a disparu. Au moment où notre système éducatif est au bas de l’échelle, peut-on se permettre de parler de la résurrection de l’éducation ? Il ne reste qu’à nos dirigeants de nous parler de la privation du secteur. L’Etat a une grande part de responsabilité dans les maux qui minent le secteur. Les professeurs ont préféré partir sur le terrain politique où le gain facile est de mise. La création d’un parti politique est la chose la plus facile ou un raccourci qui permet d’avoir une immunité parlementaire tout en lorgnant le bas peuple. Une petite enquête permet de savoir que les responsables qui entourent les Ministres, sont des professeurs. C’est pour cela que nous n’avons pas de vrais partis politiques au Mali.

Que peut vraiment un enseignant qui a 150 élèves devant lui, aussi génial qu’il soit ? La corruption s’est aussi installée dans le secteur de l’éducation, ainsi que l’impunité et la mal gouvernance qui ont fait leurs nids. Les éducateurs et les étudiantes se regardent ensemble dans un même lit. Les notes fantaisistes ont pris le devant de la scène. Ces comportements ont mis à genou l’école. C’est triste, le professeur de français n’est même pas en mesure de conjuguer le verbe chanter au présent de l’indicatif ! Tout le monde est conscient du danger qui nous guette, mais personne ne lève le petit doigt pour l’intérêt des générations futures.  

Beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que le problème au Mali est bien plus profond. Il n’est pas rare d’entendre à la fin de chaque année scolaire que nous venons d’enregistrer un score éloquent aux différents examens avec un taux national de réussite avoisinant les 90 %. On peut supposer, au vu d’un tel résultat, que c’est la joie dans le quasi totalité des chaumières, sur toute l’étendue du territoire national.

Le bas peuple, qui n’a pas tort de chercher à connaître les origines ou les causes de son bonheur, s’interroge. Sont-ce, se demande-t-il, les nouveaux programmes d’enseignement, pourtant vivement critiqués et querellés, qui rendent leurs enfants aussi intelligents et qui les portent à enregistrer des résultats aussi élogieux ? S’il en est ainsi, pourquoi donc s’acharner à démolir des programmes qui gagnent et qui font gagner leurs enfants ? A moins qu’il y ait des mains anonymes ou invisibles qui ont la vertu magique de transformer de gros ignares en petits savants. On a été quasi unanime pour dire et soutenir que le niveau de nos élèves baisse d’année en année. Au motif qu’ils ne savent plus bien parler français ; qu’ils ne peuvent rien écrire sans faire de grosses fautes d’orthographe ; qu’ils sont d’aptitude plutôt faible en calcul mental. Le mal est là. A l’heure de la mondialisation, comment comprendre que des Ministres ne savent même pas mettre un ordinateur en marche ? Voilà les maux qui minent ce secteur. L’éducation pour tous d’ici l’an 2015 n’est pas pour demain.
Destin GNIMADI

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