Le Mali est l’un des pays les plus pauvres du monde. En 2002, le produit national brut global (PNB) était de trois (3) milliards dollars. Le pays a connu une croissance forte (jusqu’à 6,7/100 en 1997) à la fin des années 1990 et à nouveau négative aux débuts des années 2000, à la suite de l’effondrement des cours du coton en 1999. Cette pauvreté se reflète sur les conditions sociopolitiques de notre pays. Dans les hôpitaux, les lieux de travail, à l’école, partout où on passe, elle se vit et se partage.
L’école, espace d’échanges, d’éducation, elle est aussi le lieu de rencontre des diverses classes sociales. Fils de pauvres, et de riches se retrouvent et nouent une relation de camaraderie, d’amitié. Après les indépendances, le régime au pouvoir avait institué cette politique de ténue scolaire. Tous les élèves s’y paraient à couture simple et respectueuse. On ne pouvait pas faire la distinction entre fils pauvres et fils de riches. Ils se caractérisaient par leur façon d’être, la propreté de leur tenue scolaire. Ils donnaient envie à plus d’un d’aller à l’école. " A l’époque, j’avais une attirance particulière pour les élèves. Habillés de leur ténue en couleur kaki, ils étaient le symbole d’une vie en réussite. Je dirai même que c’est pour la ténue scolaire que je suis allé à l’école. J’avis envie d’être comme eux ", déclare un citoyen. Au delà de ces relations, les élèves cultivaient en eux l’excellence et se sacrifiaient pour devenir les premiers de leur classe. Cette réussite faisait la fierté du professeur qui enseignait l’élève et faisait honneur aux parents d’élève.
L’école garde les mêmes objectifs à savoir la promotion d’un cadre social intégrant, solidaire en vue de former des enfants prêts à s’assumer devant les échéances de la vie. Seulement le changement que nous pouvons noter est le changement de la vie éducative. Nous ne cesserons de répéter, il y a trop de laisser aller au Mali.
Précédemment dans une de nos parutions, nous avions demandé à ce que les pouvoirs publics poursuivent davantage leurs initiatives. Cette constance manque beaucoup à nos autorités politiques. Une fois de plus, voilà jusqu’où le manque d’autorité de nos pouvoirs publics peut aboutir. La tenue scolaire qui fut portée par les élèves avec un plus grand respect et une fierté débordante par nos parents se présente aujourd’hui pour la nouvelle génération comme un manque de respect à leur égard. Ils ont raison de s’estimer plus grand que leurs parents parce que ceux- ci permettent tout. Les parents font de leurs enfants " les Baba commandants de l’époque ". Ils ont encore raison de se croire plus évolués que leurs parents parce que leur génération a été plus riche en invention que celle de leurs parents.
Ils peuvent étant chez eux avoir accès aux images de tous les pays de la planète. Ils ont les informations les plus récentes, ils visionnent les films nouveaux. Tout ce privilège devrait permettre à eux de s’éduquer, s’enrichir par les recherches. Au lieu d’inciter en eux l’esprit de recherches, et l’ambition d’en faire un outil pour améliorer leur vie, les jeunes Maliens profitent de ces inventions pour davantage s’assimiler et ressembler aux blancs.
A voire leurs comportements, nous dirons, sans se tromper, qu’ils aiment le blanc plus que le blanc ne s’aime lui-même. Voilà une des grandes différences avec la génération ancienne. Elle a su faire la part des deux cultures ; Elle s’est en grande majorité adaptée au brassage culturel.
La nouvelle génération quand à elle s’assimile presque dans tous les domaines : façon de parler, façon d’habiller et autre chose encore! A écouter discuter avec certaines jeunes filles, nous avons l’impression d’être à côté des super intelligents, les poètes en herbes. Il suffit de lire leur écrit pour se rendre compte qu’ils n’ont rien dans la tête.
A l’école, la tenue n’est plus respectée. Les jeunes filles se parent des habits de boîte de nuit pour aller à l’école. Elles perturbent l’attention de leurs camarades de classes, mais aussi laissent les professeurs sous tension. L’homme est imparfait et il est très difficile de ne pas être attiré par ce courant qui frappe instinctivement sans qu’on ne s’en rende compte.
Certaines font exprès et nombreux sont ces jeunes et ces vieux pervers de professeurs vicieux qui tombent sous le charme de leur corps. Les jeunes garçons s’exhibent par la marque de leur chaussure et les jeunes filles en font autant. L’école Malienne est devenue une cour de chantage. Les jeunes filles moyennant une certaine moyenne offrent leur corps aux professeurs. Et les fils de pauvres que nous sommes dans tout cela ? Notre seule arme est le courage, notre volonté de réussir. Nous n’avons pas les moyens de nous parer pour séduire les professeurs. Très généralement la fierté qui nous anime ôte de notre esprit ces pensées indignes. Face à cette débauche, et de perte des valeurs sociales, il paraît important de se poser certaines questions. A qui la faute de tout ce désordre ? Qu’est ce qu’il faut entreprendre ?
La réponse à ces questions nous permettra de protéger l’école, notre patrimoine à sauvegarder. Les avis sont diversifiés pour ce qui concerne la responsabilité. L’Etat, les parents d’élèves, l’influence des chaînes internationales, et enfin les jeunes mêmes sont responsables. L’Eta ne peut pas jouer toutes ses responsabilités : il fait l’important, souvent même l’essentiel mais pas tout.
Les professeurs devraient jouer un rôle prépondérant, mais là aussi depuis l’instauration de la démocratie, certaines contraintes ne peuvent plus être exercées sur les élèves. Pourtant ces contraintes se situaient dans un objectif bien déterminé : "apprendre à l’élève la rigueur, l’abnégation et le pousser à cultiver l’excellence ". Hélas ! Tout cela n’est qu’un souvenir. L’école Malienne s’effondre et entérine nos valeurs sociales. L’homme est le boulanger de sa vie. A vous les frères et sœurs, soyez chacun responsable de votre vie pour la sauvegarde d’une partie de notre dignité.
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