« Nul n’est prophète en son pays », a-t-on coutume de dire. Cette maxime vieille de plusieurs lunes reste d’actualité et le ministre de l’Education nationale, le professeur Abinou Témé n’y échappe guère.
Depuis son arrivée à la tête du sensible et stratégique département de l’Education Nationale, renforcé depuis avec le retour de l’Enseignement Supérieur, le ministre ABinou Témé s’est assigné pour principale mission de redresser le système éducatif malien conformément à la vision du chef de l’Etat. Mais redresser n’est pas chose aisée et ne va pas non plus sans grincements de dents : c’est ce que plusieurs acteurs de l’éducation peinent à comprendre. Ainsi, ils sont adversaires politiques, promoteurs d’écoles privées et collaborateurs qui, pour une raison ou une autre, tentent de s’en prendre à des hommes de valeurs comme le Professeur Témé. Il n’est plus un secret que le ministre fait l’objet d’une cabale sans précédent. Il est qualifié de tous les noms d’oiseau et aucun qualificatif n’est assez fort pour ses détracteurs pour trainer dans la boue l’image de cet homme qui n’a jamais cherché à obtenir les postes politiques nominatifs: « Despote », « amateurs », « ministre stagiaire », « accident » …Ignorance ou intention malsaine ? Pourtant, ceux qui s’attaquent à l’homme ne doutent pas des qualités morales et intellectuelles de l’ancien Secrétaire principal de la Faculté des Lettres, des Langues et des Sciences Humaines (FLASH) de l’ex-Université de Bamako. Il est incontestablement l’un des meilleurs enseignants-chercheurs que le Mali ait pu donner. Assidu, et même ministre, Abinou Témé a tenu à honorer ses engagements envers ses étudiants et son administration en assurant les 8 heures auxquelles il avait droit en tant que Doyen de la Faculté des Sciences Humaines et de l’Education, en n’hésitant donc pas à faire le trajet périlleux de la Place de la Liberté au Campus de Kabala. Ce qui dénote l’amour qu’il a pour les amphithéâtres qu’il n’a jamais cherché à quitter. Nous y reviendrons.
Les orientations des admis au DEF, UNE pomme de discorde !
Tout est parti de l’orientation et de la répartition des élèves admis au Diplôme d’Etude Fondamentale (DEF) de la session de juin 2018. Surpris de ne pas avoir reçu assez d’élèves comme les années précédentes dans leurs établissements dit privés, habitués au jackpot au détriment des écoles publiques, des promoteurs d’écoles syndiqués à travers l’AEPAM notamment acceptent difficilement les réalités du changement et n’ont eu d’autres armes que la diffamation et la manipulation. Les plus radicaux de cette fronde contre le ministre Témé, qui mobilise également des médias nationaux, frustrés qu’on leur ait « coupé » le robinet des contrats d’assistance-médias du département en vertu de la rigueur budgétaire prônée par le PM et le ministre des Finances, sont les promoteurs des centres agro-pastoraux privés trop couteux. Les priver d’élèves est le péché d’Adam que le ministre Témé n’aurait pas dû commettre.
Le bras de fer entre les promoteurs d’écoles privées bénéficiant des subventions de l’Etat réclamant leurs dus de l’année écoulée est aussi une des raisons de cette cabale contre le ministre Témé. L’Etat ayant déjà réglé la note pour plus de 26 milliards sur un total de 32 milliards, a annoncé que le paiement des 6 milliards restants est conditionné à la présentation de justificatifs par les établissements concernés, majoritairement de Bamako et qui, en réalité sont complices d’une pratique mafieuse consistant à orienter des élèves fictifs dans des écoles détenues par des politiciens syndicalistes et des promoteurs-fonctionnaires du département dont certains sont tapis dans les services de gestion des mouvements d’élèves et des examens.
Un changement difficile à accepter
Pour le ministre Témé, la formation des élèves du Mali est et demeure une mission régalienne de l’Etat. Il n’est donc plus question de sous-traiter et marchander la formation des élites nationales. C’est ainsi qu’il a décrété que désormais, au lieu de 75% des élèves admis au DEF orientés au privé, ce sont en priorité les établissements étatiques qui s’en chargeront. Seuls 25% des élèves seront orientés au privé qui, comme son nom l’indique, relève d’un secteur purement libéral et qui ne doit pas compter sur les élèves envoyés par l’Etat comme de marchandises. En clair, les lycées publics auront la priorité dans la répartition des élèves et, c’est seulement après que les écoles privées ELIGIBLES seront servies. Car il a été constaté que les écoles publiques qui ont beaucoup couté à l’Etat sont le plus souvent à moitié vides au profit des établissements privés qui regorgent d’effectifs. Procéder ainsi consisterait à économiser un peu de capital pour un pays qui en a vraiment besoin.
Autre particularité qui dérange, c’est le fait que le ministère a décidé de faire le plein des écoles qui reviennent moins cher à l’Etat. Il s’agit de l’enseignement secondaire général où les frais de scolarités tournent autour de cent vingt mille francs (120.000 F CFA) par élève et par an. Ensuite vient l’enseignement professionnel où le coût de la formation tourne autour de cent soixante-quinze mille franc (175.000). Les écoles agropastorales, où la formation fait pratiquement le double des autres, autour de trois cent mille francs (300.000), le ministre a préféré faire le plein de ces écoles qui sont toujours restées quasiment vides. Les promoteurs sont montés sur leurs grands chevaux pour salir la personne du ministre. Pour eux, l’Etat devrait impérativement leur envoyer des élèves. En d’autres termes, faire le plein des établissements privés et verser le reste au public. Le monde en l’envers. Pourtant pour une première fois, le Ministère a pu orienter tous les admis au DEF.
Les établissements privés une source d’enrichissement
Désormais, le masque est tombé pour beaucoup de promoteurs d’écoles privées qui ont fait de leurs écoles de véritables entreprises commerciales. Sinon comment comprendre que la plupart des écoles peinent à payer le personnel enseignant ou ferment tout simplement leurs établissements pour faute de subvention. Cette situation explique en partie la baisse la qualité de la formation au Mali. Pour l’argent ils sont prêts à tout. Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que le gouvernement n’a pas l’obligation d’orienter des élèves dans un établissement privé. C’est en fonction du besoin et de la disponibilité des fonds que les privés sont sollicités mais hélas ! On ne le comprend pas comme ça. Une chose est sûre : on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et il est grand temps qu’on comprenne que les intérêts de l’Etat sont au-dessus des intérêts personnels en tout cas, si on veut léguer une école digne de ce nom à la génération future.
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