Éducation nationale : Jacqueline Togola Nana Traoré démasque la mafia pour redorer le blason de l’école malienne

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De retour à l’Hémicycle mardi dernier, pour s’expliquer une fois de plus sur le sujet des examens de fin d’année, la ministre de l’Education en a profité pour éclaircir la situation et faire des annonces liées aux enquêtes en cours. Aucun point n’a été omis par celle qui est en croisade contre la mafia des examens nationaux.

 

 

Jacqueline-Nana
Jacqueline Nana, ministre de l’Education

Répondant à l’interpellation du député Brehima Beridogo, Mme Togola Jacqueline Nana Traoré, ministre de l’Education, est encore revenue sur les examens de fin d’année qui ont soulevé le tollé à cause des fraudes qui les ont émaillé.

 

A l’Assemblée Nationale ce mardi 24 Juin, les honorables ont tenu à revenir sur l’affaire afin d’être informés des suites.

 

«C’est un devoir pour à l’Assemblée nationale de vous demander des explications», a introduit l’élu du parti Parena de Kadiolo. Le député de l’opposition s’est dit être dans l’obligation d’interpeller le ministre, non pas pour la vilipender mais lui poser des questions et lui faire des propositions pour construire et améliorer la gestion de l’école malienne.

 

L’interpellation du député portait sur deux points : la persistance, voire l’aggravation des pratiques anciennes et les éventuelles propositions pour une gestion saine du secteur controversé de l’éducation.

 

Pas de fuite mais des fraudes

Lors de la première partie concernant les fuites lors des examens du Def et du Baccalauréat, le député de Kadiolo a rappelé que pendant le débat sur la motion de censure le 18 juin dernier, le Premier ministre, Moussa Mara, avait déclaré qu’il n y avait pas eu de fuite de sujets de baccalauréat. Le lendemain, dans une communication du Conseil des ministres, le gouvernement confirmait que la sincérité des examens n’est pas remise en cause par une situation dont les effets ont pu être circonscrits. «Madame le ministre, lors de sa visite de terrain le 11 juin, la commission éducation a eu la preuve qu’il y a eu fuite des sujets du baccalauréat et ils se vendaient en gros à 400 000 Fcfa et au détail 3 000 Fcfa le sujet. La commission a pu acheter celui de philosophie et des numéros de téléphone lui ont été donnés pour avoir ceux des autres disciplines», affirme pourtant le député Beridogo.

Poursuivant dans sa lancée, l’honorable a rappelé que cette année les élèves ont traité des sujets d’examens à 20 h lorsque d’autres les avaient traités au moins six heures plus tôt. Au regard de cet examen chaotique l’honorable propose une reprise de l’examen comme cela est déjà arrivé par le passé.

 

«En 1969, il y a eu des fuites de sujet de Def à Bamako. Les épreuves ont été reprises et il y eu ensuite un procès retentissant. Mme le ministre, il serait plus sage de faire la même chose en 2014, reprendre les examens du Def et du Baccalauréat à Bamako», propose–t-il.

Quelle crédibilité pour cet examen dans la mesure où les bacheliers maliens de cette année ne pourront pas s’inscrire dans les universités étrangères, demande–t-il. Qu’est ce qui a conduit à cette catastrophe ?

 

Mafia au sommet de l’Education nationale

En réponse, Mme Togola insiste sur le fait «qu’il n’y a pas eu de fuite au bac, mais des fraudes». Expliquant pourquoi certains cadres de son département ont été relevés, la ministre explique qu’elle a du prendre des décisions courageuses afin de «s’attaquer à la mafia, ce que ses prédécesseurs n’avaient pas fait». Selon elle dernière, certains cadres l’éducation chargés d’organiser les examens sont promoteurs d’écoles privés. Pour garantir des taux élevés de réussite dans lesdits établissements, «c’était donc bonjour les fraudes, les fuites». Jacquline Togola a rassuré le député qu’une décision est en cours pour la réaffectation de ces cadres qui ont été tous relevés. L’enquête en cours a d’ailleurs également permis d’arrêter des membres de ce réseau. «Je vous apprends, honorable Béridogo, qu’hier (lundi 22 juin), alors que je recevais la nouvelle de mon interpellation à 10 h, ce matin, le département a démantelé un grand réseau qui s’était spécialisé dans le trafic de faux diplôme du Def et Bac et faisait passer les candidats au Bac moyennant la somme de 350 000 Fcfa, les auteurs sont au frais. Vous avez la primeur de l’information. J’ai ici un ordinateur saisi sur les fraudeurs, vous pouvez voir ce qui est dedans. Il y a de faux diplômes. J’ai avec moi une longue liste d’élèves admis au Bac et Def avant même la proclamation des résultats».

 

Par ailleurs, Mme le ministre a répondu favorablement à l’honorable Beridogo sur sa préoccupation des écoles communautaires où élèves et enseignants sont dans des conditions misérables. «Nous sommes en train de transformer les écoles communautaires en publique à un rythme de 20 %», dira t’elle.

 

A la fin de la séance d’interpellation, l’honorable a remercié le ministre et a demandé à ses collègues de l’accompagner pour redorer le blason l’école malienne.

 

Idrissa Kéïta

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