Depuis quelques mois, le président Erdogan a créé une fondation pour prendre le contrôle des établissements privés du groupe « Collège Horizon » au Mali et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. A Bamako, les parents d’élèves des écoles du groupe sont inquiets pour l’avenir de leurs enfants.
Les écoles de la confrérie ‘‘Fetulah Gülen’’ connues ici au Mali sous la dénomination « Collège Horizon » ont été expropriées par l’Etat turc. A l’instar des autres pays, le Mali a acté la nouvelle donne et tous les établissements du « Collège Horizon » portent désormais le nom « les écoles MAARIF de Turquie au Mali », dont la gestion a été confiée, par le gouvernement turc, à la Fondation MAARIF de Turquie.
Cette mesure ne concerne pas seulement le Mali, mais tous les pays qui hébergent les écoles de la confrérie ‘‘Fetulah Gülen’’. C’est le cas, notamment au Sénégal, en Mauritanie, au Kenya, au Rwanda et bien d’autres pays. Ce changement de statut n’aura pas de répercussions négatives ni dans les conditions de vie des écoles concernées, ni dans la situation du personnel, et encore moins dans la scolarité des élèves. Mieux, la nouvelle donne va plutôt améliorer le traitement des travailleurs et baisser les frais de scolarité au grand soulagement des parents d’élèves. C’est en tout cas l’assurance donnée par les représentants de la Fondation MAARIF au Mali. Et malgré les assurances données par le ministère malien de l’Education nationale, de nombreux parents d’élèves de ces établissements sont inquiets.
Inquiétude des parents
« Notre inquiétude, c’est d’abord le contenu du protocole », souligne Koïta Aminata Traoré, première vice-présidente de l’associant des parents d’élèves. Et de poursuivre : « Nous sommes inquiets quand on nous dit que c’est une raison d‘Etat. Nous pensons à la qualité de l’enseignement. Et la qualité de l’enseignement ne peut pas se faire sous une tension juridique. »
Pour la dame Koïta Aminata Traoré, avec le nouveau repreneur annoncé, c’est un peu l’aventure. « Nous ne connaissons pas la Fondation Maarif et vu que c’est une école privée, nous payons les écoles de nos enfants. Nous pensons que nous sommes des acteurs-clés. »
Face à ces inquiétudes, le président de la Fondation MAARRIF au Mali rassure que ces établissements vont fonctionner normalement, les enseignants vont rester à leurs postes et leurs salaires seront d’ailleurs améliorés. « Seulement l’ancienne équipe dirigeante turque de ces écoles va définitivement être dessaisie de la gestion et de nouveaux administrateurs viendront de la Turquie prendre la relève dès la prochaine rentrée académique. Avec le transfert des écoles du ‘‘collège Horizon’’ au compte de la Fondation MAARRIF ce sont le personnel, les parents d’élèves, les élèves et tout le Mali qui gagnent », selon les responsables locaux de la Fondation qui précisent qu’aucun bénéficie n’est attendu sur la gestion de ces écoles.
La Fondation MAARRIF de Turquie est un organisme éducatif soutenu par l’Etat turc. Créée en 2016, elle est le représentant officiel de la Turquie dans le domaine de l’enseignement du préscolaire jusqu’au doctorat. Sa vocation est de développer et soutenir l’éducation dans les pays amis de la Turquie. Par la création de cette Fondation, l’ambition du Président Erdogan est de confier la gestion des dites écoles à une fondation publique sur laquelle le régime Erdogan exerce un contrôle total. C’est pourquoi, à l’instar des autres pays, un protocole d’accord a été signé entre le gouvernement turc et le ministère de l’éducation nationale du Mali, sur la gestion des anciennes écoles « collège horizon ».
Invitée à plier bagage, l’actuelle direction des établissements « Collège Horizon » fait de la résistance et va saisir la justice. Une bataille judiciaire qui risque d’être longue.
Mohamed Sylla