Après la fermeture de ses robinets d’approvisionnement, l’Association des élèves et étudiants du Mali tenterait de faire pression sur les autorités maliennes afin d’avoir un peu de ressources. Un préavis de grève est déjà déposé.
L’horizon s’assombrit de plus en plus sur le sort de l’année scolaire 2020-2021. En plus de la menace des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, le Bureau de coordination nationale de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) se mêle à la danse à travers un préavis de grève de 72 h, soit trois (3) jours à partir du lundi 12 juillet 2021.
Bien-fondé de la grève
Cette grève de l’AEEM concerne tous les établissements fondamentaux, secondaires et supérieurs du pays. Pour cause : « depuis un certain temps, les élèves et étudiants du Mali sont privés de beaucoup de leurs droits », indique Sirman Seydou Niaré, secrétaire général du bureau de coordination de l’AEEM, au cours d’un point de presse, mardi 6 juillet 2021.
Dans son préavis de grève, le bureau de coordination de l’AEEM égrène une crinière de problèmes pour expliquer le bien-fondé de la grève qu’il projette en début de la semaine prochaine. Parmi les points de revendication de l’association estudiantine, la décision relative au prélèvement d’un montant de 5000 FCFA sur les trousseaux des étudiants.
Le Bureau de coordination de l’AEEM estime que ce prélèvement n’est « en aucun cas obligatoire, mais volontaire ». Selon les précisions du coordinateur national du syndicat estudiantin, la carte CENOU est devenue caduque depuis l’avènement de SAMA Money, le système de paiement mobile pour lequel le CENOU a opté après l’expiration de son contrat avec ECOBANK. Le bureau de coordination explique que ni l’octroi de cette carte, et des avantages liés à sa détention, ni le bénéfice des œuvres universitaires dont il est également question, ne sauraient justifier ce prélèvement de 5000 FCFA.
Prélèvement unique
Pourtant, ce prélèvement de 5000 FCFA sur les allocations financières des étudiants est un dispositif du règlement intérieur adopté par le Conseil d’Administration du CENOU depuis 2008, selon notre source au sein de cet établissement public à caractère administratif. Le bénéfice des œuvres universitaires est tributaire de ce versement, nous a-t-il précisé.
En 2013, le Conseil d’administration du CENOU a adopté une délibération qui stipule en son article 1er : « Pour l’amélioration des ressources propres du CENOU, il est institué une contribution forfaitaire annuelle de 2500 FCFA par étudiant ». Et de préciser : « [ndlr] De 2013 à mars 2021, le montant de 2 500 F CFA était prélevé sur le trousseau des étudiants réguliers, et 5 000 F CFA sur la bourse ou la demi-bourse des étudiants boursiers ». Au total, 7500 FCFA se trouvaient ainsi prélevés sur les allocations financières des étudiants réguliers boursiers contre 2500 FCFA chez les étudiants réguliers non boursiers. Pendant le même temps, les étudiants étrangers étaient exemptés de toute contribution malgré qu’ils bénéficient des œuvres universitaires.
Face à cette situation qui ressemblait à une injustice entre les étudiants, le Conseil d’Administration du Centre national des œuvres universitaires (CENOU), « à travers sa Délibération n° 2021-22/CA-CENOU du 10 mars 2021 [a adopté] un taux unique et annuel de 5000 F CFA comme frais de la carte CENOU et contribution aux œuvres universitaires », a annoncé le Colonel Ousmane Dembélé, au cours d’un point de presse tenu, lundi 28 juin 2021, dans la salle de réunion du CENOU. Selon ses précisions, « ce prélèvement se fera uniquement sur les montants du trousseau ».
30 millions par an
Notre source souligne qu’au-delà du « paiement des frais d’études, la contribution au bénéfice des œuvres universitaires est une condition admise et appliquée un peu partout dans le monde ».
Selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, « Le paiement de la contribution aux œuvres universitaires donne droit à la carte CENOU et aux bénéfices des œuvres universitaires. Les fonds générés contribuent à l’amélioration des services offerts aux étudiants ».
Cette guerre ouverte entre l’AEEM et le CENOU ne pourrait donc s’expliquer que par l’abrogation des protocoles d’accord qui liait cet établissement public à cette association estudiantine.
Lors du forum sur l’insécurité en milieu scolaire et universitaire, les 25 et 26 janvier 2018, plusieurs recommandations avaient été faites par les autorités maliennes et les partenaires de l’éducation, notamment le retrait des parkings à l’AEEM et l’abrogation du protocole d’accord qui la liait au CENOU. Selon notre source au CENOU, « Ces protocoles généraient en moyenne 30 millions par an, versés sous forme de ristournes à l’AEEM ». A cela s’ajoute la gestion « illégale des parkings et autres activités des œuvres universitaires ». Des gestions qui « généraient également une manne financière qui échappe à tout contrôle ».
Le souhait du bureau de coordination de l’AEEM serait donc un retour à l’ancien système de gestion.
Fousseni Togola
Source : https://saheltribune.com
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