Education et insertion socioprofessionnelle des personnes handicapées : Plaidoyer pour le cas spécifique des déficients auditifs

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Les personnes handicapées sont souvent victimes de marginalisation sur le plan de l’éducation et de leur insertion socioprofessionnelle. Les déficient auditifs font partie de ces personnes défavorisées.

Le sort que notre société leur réserve en matière d’éducation et d’insertion socioprofessionnelle a fait l’objet d’une conférence qui s’est déroulée la semaine dernière au Grand hôtel de Bamako. La rencontre avait été initiée par le Lions Club Bamako Ciwara. Le constat général est que les déficients auditifs sont confrontés à d’énormes difficultés sur fond de déficit de communication et de sensibilisation. Le problème crucial réside dans leur éducation et leur prise en charge médicale. Il est admis que tous les enfants du monde ont droit à l’éducation. Or les enfants handicapés parmi lesquels ceux atteints d’une déficience auditive, en ont particulièrement besoin parce qu’ils peinent à communiquer avec les membres de la famille et leur environnement. Balla Keïta, conférencier et directeur de l’école des déficients auditifs de l’Hippodrome à Bamako, a relevé qu’au Mali les parents d’enfants sourds ne s’intéressaient généralement pas à la communication avec leur enfant défavorisé par la nature. Ceux-ci souffrent intérieurement de ce manque d’intérêt.

La première école des déficients auditifs de notre pays a été créée à Bamako en 1993 pour permettre à ces enfants de faire connaître leurs talents, leur envie d’apprendre et surtout leur soif de communiquer avec les autres. Le Mali compte actuellement 8 écoles du genre : une à Sikasso, une à Koutiala, deux à Tombouctou, une à Kita, une à Ségou et deux à Bamako (une sur chaque rive du Niger). Balla Kéïta souligne que l’école des déficients auditifs n’est jamais complètement fermée même en période de vacances ou de congés. Les enfants sourds y viennent toujours pour se passer des informations, discuter et jouer. Aujourd’hui, ces établissements font face à un certain nombre de problèmes dont le plus important est l’insuffisance d’enseignants qualifiés. Une formation à l’intention des formateurs s’impose donc. Pour le conférencier, il faut trouver une solution durable à ce problème sous peine de voir la qualité de l’enseignement dispensé, se détériorer. Balla Keïta propose à ce propos la création d’une école d’éducateurs spécialisés en langue des signes à l’instar des instituts de formation des maîtres (IFM). Il faut aussi, de son point de vue, davantage motiver financièrement le personnel enseignant.

Le directeur de l’école des déficients auditifs de l’Hippodrome n’a pas manqué l’occasion de soumettre quelques besoins propres à cet établissement, comme celui d’un véhicule de transport et d’un infirmier ORL. L’établissement, a-t-il expliqué, dispose bien d’une infirmerie mais celle-ci n’a jamais fonctionné faute de personnel et d’équipements. Pour l’insertion socioprofessionnelle des enfants sourds, il a préconisé d’ouvrir des écoles de formation professionnelle, en faisant remarquer que les déficients auditifs sont aussi capables que les autres personnes. Fonctionnaire et ingénieur d’élevage, le président de l’Association malienne des sourds (Amasour), Famory Konaté, en est une preuve éloquente. Le président du Lions club Bamako Ciwara, Hamadou Dodo, a annoncé que cette organisation projette d’organiser des sessions de formation initiale et continue à l’intention des parents de sourds, des enseignants et des hommes de média notamment ceux de la télévision dans la perspective de faire passer des messages à la télé en langage des signes. Ces initiatives, parmi tant d’autres, permettront, selon Hamadou Dodo, d’attirer davantage l’attention de tous ceux qui sont attachés aux valeurs profondes de notre société dont l’une est l’entraide. Toujours selon Dodo, au Mali les personnes handicapées représentent 2% de la population. A eux seuls, les sourds constituent le tiers de ces personnes. Ce qui signifie que la surdité est plutôt répandue dans notre pays et nécessite que nous nous préoccupions de l’avenir et de l’intégration professionnelle des personnes sourdes. Leur accès à l’alphabétisation contribuera au développement du pays. L’Etat doit par conséquent redoubler d’efforts pour répondre à l’objectif de l’éducation pour tous prônée par l’UNESCO.

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