Peu après la publication des résultats du Baccalauréat malien, session de juin 2006, un scandale de fraude, sinon de faux et usage de faux vient d’éclater à Bamako. Les enquêtes qui se poursuivent au Commissariat du 6è Arrondissement sur l’affaire ont déjà conduit à l’arrestation de deux personnes.
Le pot aux roses a été découvert au moment de la signature des documents de préinscription des élèves du Lycée Nany Simpara de Fadjiguila admis au baccalauréat de 2006 par le Proviseur.
Des rumeurs avaient couru sur le passage de la fille Y.S.D (17 ans) alors qu’elle ne figurait pas sur la liste officielle des admis. Ayant appris la nouvelle, le censeur en parla à son proviseur qui procédera à des recoupements et vérifications.
Le proviseur demanda alors au censeur de téléphoner à la mère de la fille pour s’enquérir de son état de santé car elle fait fréquemment des crises.
C’est en ce moment que cette dernière lui révéla que sa fille fut admise au Bac et qu’elle dispose d’un relevé de notes. Il s’agissait alors pour l’administration du LNSF de mettre la main sur le fameux relevé. La fille elle-même apporta le document qui, sur consigne du proviseur, fut photocopié et gardé.
C’est ainsi que le Proviseur, Souleymane Hamadoun Maïga, adressa une correspondance à la Directrice de l’Académie pour avoir le coeur net sur cette irrégularité. Car le cachet et la signature l’intriguaient.
Mieux, il joint à sa lettre la photocopie du relevé en cause, la page des admis officiels sur laquelle pouvait se trouver le nom de la candidate et le procès verbal d’échec que lui a envoyé l’Académie. Sur ce PV, figurait le nom de la fille avec une moyenne supérieure à 7/20.
La directrice de l’Académie, saisie de ce courrier, avisa sa hiérarchie Et la police. Une enquête est immédiatement ouverte avec une plainte qu’elle déposa au 6è Arrondissement. Le Commissaire a instruit au père de la fille (qui travaille au Commissariat à la Sécurité Alimentaire) de se présenter de toute urgence au Commissariat du 6è Arrondissement. Puis il lui a été demandé de se présenter avec sa fille. Il s’est empressement exécuté.
Dans le bureau de l’inspecteur de police, la fille reconnaît être admise au Bac de juin 2006. Mais sa réponse affirmative tranchait pourtant avec Le démenti formel de son Proviseur.
Les explications Alors il lui a été demandé d’expliquer comment elle a pu passer tandis Que sur la liste des admis son nom ne figure guère. Presque confondue, elle affirma avoir fait une réclamation par l’entremise d’un de ses oncles avant d’avouer que seule sa mère peut édifier sur cette question. Le Commissaire interpella sa mère. Au Commissariat, cette dernière avoua que sa fille n’a pas passé et trouva comme excuse qu’elle a agi par instinct maternel. L’émotion était reine dans la salle car, au cours de l’interrogatoire de la mère, la fille est tombée en syncope. Elle fut transportée au Centre de Référence de la Commune I où elle se trouvait jusqu’au moment où nous mettons sous presse. Mais la procédure ne pouvait pas s’arrêter. Le Procureur de la République et la hiérarchie de la police ont été saisis pour expliquer l’état de santé de la fille. S’expliquant toujours, la mère de l’élève reconnut qu’on lui avait parlé d’un certain Koné capable de gérer les situations difficiles du genre.
Cet homme fort n’est autre que le Proviseur du Lycée Monseigneur Luc Auguste Sangaré. Un démarcheur du nom de Morikè avait été trouvé pour faciliter
Le contact avec l’homme de la situation. Moyennant la somme de 200 000 Fcfa, la bonne dame avait décroché le Bac pour sa fille. Malheureusement, l’affaire a tourné court, grâce à la vigilance du proviseur. La mère de l’élève et Morikè sont en garde à vue au Commissariat du 6è Arrondissement. Pour l’instant, la police a du mal à mettre le grappin Sur le Proviseur du Lycée Monseigneur Luc Sangaré qui a disparu dans la nature. Toutes les démarches sont entreprises pour le retrouver. Lundi soir, la Directrice de l’Académie de la rive gauche a mobilisé Tout le personnel de son service impliqué dans les examens pour vérifier la conformité des notes du relevé suspect avec celles obtenues sur les feuilles d’examen. Ces notes sont réellement conformes avec celles existant sur le PV d’échec. Joint par nos soins, le Proviseur Souleymane Hamadoun Maïga n’a pas voulu se prononcer sur la question car c’est une affaire très sensible et une enquête est déjà en cours.
Des têtes risquent de tomber à la suite de l’enquête.
Soumaïla T. Diarra