Éducation au Mali : Des efforts ont été faits, mais

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 Le système éducatif malien a enregistré des avancées significatives au cours des 10 dernières années, malgré les mouvements de grève observés par les syndicats d’enseignants et des étudiants. Cependant, il reste entendu que l’Etat doit davantage s’investir pour obtenir un enseignement de qualité.

Adama Ouane, ministre de l’Education et ……

 Le Mali a enregistré des progrès significatifs à tous les niveaux de l’éducation. A travers le Programme de développement de l’éducation (Prodec), fortement soutenu par les bailleurs de fonds. Les taux bruts de scolarisation primaire ont augmenté de 74,0 % en 2004/2005 pour atteindre 80 % en 2010 et les taux d’achèvement du primaire sont passés de 43,2 %  à 58,1 % au cours de la même période.

Bien que la qualité de l’éducation se soit améliorée grâce au Prodec, celui-ci n’a pas atteint ses objectifs et de graves disparités régionales et du genre demeurent. Les inscriptions dans l’enseignement secondaire ont annuellement augmenté d’environ 14 % tandis que le taux de scolarisation global a augmenté de 10 à 15 % entre 2005 et 2009, en grande partie grâce à la politique gouvernementale consistant à accorder des subventions à des écoles du secteur privé.

Les inscriptions annuelles ont atteint 15 % au supérieur

Les inscriptions dans l’enseignement supérieur ont annuellement augmenté de 15 % de 2005 à 2011, passant de 32 222 à 90 050 en 2010. Les principaux facteurs expliquant cette augmentation rapide des effectifs sont liés à un nombre rapidement croissant d’étudiants réussissant leur examen du baccalauréat qui sert à la fois de certificat de fin d’études secondaires et de garantie d’accès à l’Université.

Entre 2006 et 2011, le nombre annuel d’étudiants ayant réussi au baccalauréat est passé de 16 024 à 28 053, soit une augmentation annuelle moyenne de 12 %. Plus de 80 % des étudiants étaient inscrits à l’Université de Bamako. Le secteur privé de l’enseignement supérieur qui était pratiquement inexistant en 2000 compte aujourd’hui plus de 100 établissements (principalement à Bamako) avec environ 12 000 étudiants, soit un taux de croissance annuel moyen de 25 %.

Amélioration des indicateurs d’accès et d’équité

Les indicateurs d’accès et d’équité se sont améliorés, mais demeurent relativement faibles. Le nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur pour 100 000 habitants a augmenté de plus de 2,5 fois au cours des 6 dernières années, allant de 247 en 2004/2005 à 664 en 2010/2011. Ce chiffre est supérieur à la moyenne en Afrique subsaharienne (602), mais inférieur à la moyenne des pays de l’Afrique orientale (715).

Le genre, le lieu de résidence et le niveau de vie du ménage sont reconnus comme étant les principaux facteurs discriminatoires contre l’accès à l’enseignement supérieur général. L’inscription des filles à l’Université est également affectée par l’inégalité entre les sexes aux niveaux primaire et secondaire. Les filles jouissent de priorité en matière de bourses d’études universitaires.

L’impact des grèves récurrentes

Une crise prolongée a compromis le fonctionnement de l’Université de Bamako qui accueillait 90 % des étudiants maliens. Au cours des 10 dernières années, les grèves des syndicats d’enseignants lesquels étaient souvent rejoints par les étudiants, ont conduit à l’adoption de facto de l’année académique intercalaire.

L’effet cumulatif de ces grèves répétitives et de ces années académiques tronquées est qu’aucun étudiant de l’ancienne Université de Bamako n’a obtenu son diplôme dans le délai normal de 4 ans pour les sciences humaines et de 7 ans pour la médecine et par conséquent, a occasionné une surpopulation et des coûts supplémentaires, particulièrement en ce qui concerne les bourses d’études lorsque les étudiants ne prennent pas de cours.

Tout en reconnaissant l’impact des grèves récurrentes et leur effet négatif sur la qualité de l’éducation, le gouvernement a organisé, avec le soutien de la Banque mondiale, le Forum national sur l’éducation (FNE) en 2008 pour forger un consensus autour des réformes qui s’imposaient.

Il existait un consensus parmi les principales parties prenantes du secteur que des changements systémiques étaient nécessaires pour mettre fin au rituel des grèves et négociations continues et se concentrer sur l’amélioration de la qualité et de la pertinence des programmes et réduire l’inefficacité. A la suite du Forum national, le gouvernement a accepté d’élaborer un document de stratégie afin de disposer de ce consensus pour la réforme.

En 2009, l’un des plus grands syndicats d’enseignants, composés essentiellement de professeurs assistants représentant 56 % du personnel enseignant, a lancé une grève illimitée. En conséquence, les étudiants inscrits en 2009 et avant n’ont pas pu terminer leurs programmes. De même, les 20 000 bacheliers du secondaire de juin 2010 et les 26 000 autres de 2011 n’ont pas commencé leur première année d’université et il n’y a pas eu d’étudiants diplômés d’universités ces trois dernières années.

Le 14 juillet 2011, le conseil des ministres a décidé de fermer l’Université de Bamako et a créé quatre nouvelles universités publiques à Bamako (Université des sciences, des techniques et des technologies, Université des sciences juridiques et politiques, Université des lettres et des sciences humaines et l’Université des sciences sociales et de gestion) ainsi que la nouvelle Université de Ségou.

La mise en place de ces nouvelles universités sera de longue haleine. Alors que les étudiants, tant les bacheliers de 2010 que ceux de 2011, se sont inscrits, les cours n’avaient pas encore commencé en février 2012.

Ben Dao

 

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