Ecole Malienne : Le silence scandaleux de la société civile

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La réussite du Forum National sur l’Education  a suscité de l’espoir quant à l’Avenir de l’Ecole Malienne. Mais aussi la nomination de son Président, le Professeur Salikou Sanogo réputé pour sa probité morale et intellectuelle, à la tête du Département de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales. Cependant, des intérêts particuliers prennent désormais le pas sur l’intérêt supérieur du Mali. Le comble c’est que, la société civile joue au grand absent. C’est un scandale.

A l’annonce de la nouvelle, personne n’y croyait. Même les plus optimistes des Maliens. Pour un nombre important de Maliens le Forum National sur l’Education était une nième manœuvre frauduleuse des autorités nationales sur le dos du contribuable.

Fort heureusement, les langues se sont vite déliées. Le succès du Forum était patient. Le Mali, dans son écrasante majorité, a applaudi fort ses résultats.

En avril 2009, l’Exécutif montre sa détermination à réaliser les recommandations du FNE dont il nomme le Président Ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales. Rarement une nomination a fait autant l’unanimité. C’est que le Professeur Salikou Sanogo, maîtrise les moindres rouages du Système Educatif Malien, pour en avoir gravi, la tête haute, tous les échelons.

Et, cerise sur le gâteau, le Professeur est un démocrate de la première heure et un homme très proche du peuple. En effet, celui-ci voit en lui « un bosseur, un homme généreux, honnête, rassembleur et ferme, au besoin », expliquent des voix autorisées de l’Education.

Pour d’autres, sa nomination donne une plus value au régime : « Sa nomination m’a réconcilié avec ATT dont j’avais toujours douté quant à sa volonté de construire ce pays », reconnaît cette voix citoyenne qui n’avait auparavant jamais fait de cadeau à ATT. Le milieu syndical ne demeure pas en reste : « Nous avons beaucoup d’estime pour le Professeur. Sa nomination est un espoir » sont, entre autres, refrains qui quittent rarement la bouche des enseignants.

Et, à juste raison. Depuis sa nomination, le Professeur a prouvé plus d’une fois son inclinaison au dialogue, au respect de la légalité et de la volonté populaire. Mais aussi sa détermination à sortir l’Ecole Malienne du cercle vicieux de la médiocrité. Avec l’indéfectible soutien de sa hiérarchie.

Et du chemin a été parcouru. Le Mali alloue 33% du Budget national à l’Education. Il compte ainsi parmi les pays africains qui accordent de l’importance à l’Education. La refondation du système éducatif malien est en cours. Notamment, avec l’intégration des enseignants contractuels dans les fonctions publiques de l’Etat et des Collectivités, la redéfinition des filières dans les lycées et collèges techniques, la réhabilitation du Baccalauréat et du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF)…etc.

Pourtant, sachez le naturel, il reviendra au galop. Une catégorie d’enseignants a renoué avec son exercice favori, celui des revendications. Et pas seulement des revendications catégorielles. Mais aussi et surtout des revendications catégoriques et jusqu’au boutistes, somme toutes légitimes.

Malheureusement, celles-ci ne peuvent être satisfaites. En raison, de leurs incidences financières insupportables pour le Budget national déjà fort tributaire de l’aide étrangère. Le Ministre Sanogo a beau dire et répéter inlassablement : « Il n’y a pas d’école sans conditions de travail et de vie décentes pour les enseignants ». Ce qui n’est pas ne peut être donné, comme disent les khassonkés. 

Alors pourquoi tirer autant sur la corde déjà fragile de l’Ecole Malienne ? Pour faire partir le nième Ministre de l’Education, répondent en chœur certains praticiens du terrain de l’Education.

La vérité est que la problématique de l’Ecole Malienne est loin d’être une question de personne. Surtout que sur la question scolaire l’émérite Professeur est l’héritier d’un tableau clinique très compliqué. Un tableau qui demeure le résultat d’au moins 18 ans de débandade sur fonds de mensonge et de démagogie. Non, l’Ecole Malienne ne doit pas être l’affaire des seuls enseignants et Etat.

Hélas ! Il faut se rendre à l’évidence. C’est ce qui est depuis belle lurette déjà. Tout se passe comme si l’Ecole était l’apanage des enseignants et de l’Etat.

Sinon, que fait véritablement la société civile dans la crise désormais cyclique de l’Ecole Malienne ?

Trêve de démagogie ! La société civile ne fait que regarder la situation pourrir. Après quoi, elle va monter au créneau. A coup de déclarations tapageuses et de promenades ne disant pas leur nom. A vrai dire, le silence de la société civile dans la crise de l’Ecole relève du scandale.

Un scandale gigantesque auquel il faut mettre fin. Et dans les plus brefs délais. Parce qu’à ce rythme, la maladie, dont souffre l’école malienne, risque de l’emporter.

Et, allons-nous laisser mourir l’Ecole Malienne ?

Oui, assurément, puisque nous ne faisons rien pour la réanimer. Rien de rien. Aucune implication. Ni en terme de temps ni en terme d’énergie, encore moins en terme d’argent. La honte nationale ! La mort de l’Ecole Malienne signifiant la mort du Mali, notre patrie à laquelle nous devons tout. Sauf notre couardise et notre paresse intellectuelle. Mais aussi notre inconséquence.

En effet, quand on rêve, il faut donner le maximum de chance à son rêve de se concrétiser. C’est un minimum auquel le peuple malien est incapable d’accéder. Et la faute en incombe à la société civile malienne. Une société civile que la couardise et la paresse intellectuelle paralysent dans sa large majorité, et l’empêche donc de jouer son rôle de catalyseur. Vous avez dit société civile, force motrice du changement  social?

Hawa Diallo

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