École malienne : Au lendemain du ‘’non’’ d’un certain IBK

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Moustapha Dicko
Moustapha Dicko: Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique,

Au lendemain de la dérive intellectuelle de l’émission Case Saramaya, Le Témoin investit l’école malienne. Une relecture des réalités du monde scolaire s’impose afin d’en tirer les conclusions.

 

Bien des voix s’élèvent aujourd’hui pour déplorer le poids du sous-développement que les uns attribuent à l’analphabétisme et les autres au caractère artisanal de la pédagogie. En atteste la pathétique scène des candi­dates de Case Saramaya. En fait, partout où se superposent ces deux facteurs, la pauvreté apparaît toujours semblable à un épouvantail au développement en Afrique. Le Mali n’échappe pas à la règle. Mais, les explications ne se limitent pas à cela.

 

 

En effet, on n’insiste pas sur le fait que l’évolution scolaire du Mali a été brutalement interrompue avec l’avènement de la démocratie au début des années 90. La société éducative fut détruite, son capital humain décimé, ses valeurs foulées au pied. Et ce, au lendemain du “NON” d’un certain IBK alors Premier ministre qui avait commencé des solutions au problème pour fin des années 90.

 

Le premier facteur de blocage est bien l’Aeem (Association des élèves et étudiants du Mali). Sorti de l’ombre avec les évènements de Mars 1991, ce mouvement estudiantin a joué un rôle prépondérant dans la chute du régime dictatorial. Hélas, la politique s’est invitée sur les campus et a eu raison des écoles. Les leaders estudiantins ont fini par prendre goût aux revendications politiques en se radicalisant dans l’exercice syndical. Les sorties intempestives communément appelées “AG” (en référence aux assemblées générales du mouvement) ont mis à mal le bon déroulement des cours durant l’année scolaire. Cette habitude est devenu une caractéristique de l’école malienne.

 

Malheureusement, les élèves et étudiants restent inconscients de cette situation qui semble leur plaire. Ils ne mettent jamais à profit le temps imparti pendant les grèves. L’image connue de tous est celle là où ils sont assis autour d’une tasse de thé en train de parler de tout sauf de l’essentiel : leur avenir. Pas évident de les voir réviser ou mettre à profit ce temps libre pour se cultiver avant la reprise des classes.

 

 

Tout ça, sous les yeux des parents qui n’en sont pas moins complices. Le suivi familial n’est plus depuis des années. Les parents d’élèves dans leur ensemble imputent cette responsabilité aux enseignants oubliant qu’ils sont complémentaires. Ne parlons pas du style vestimentaire de leurs progénitures qui sont souvent en mini-jupes écourtées ou taille-basse. Aucun rappel à l’ordre de leurs géniteurs qui ont laissé développer pareille atteinte aux mœurs.

 

Hélas, une fois de plus, tout est à reconstruire et l’édification prendra du temps. Il faudra aussi reconnaître la part de responsabilité de nos élites politiques qui, arrivées aux commandes du navire Mali, sont grisées, à tel point qu’elles sont parfois retombées, dans les plus tristes erreurs d’appréciation de la problématique de l’éducation.

 

 

Nul n’est censé ignorer les achats de diplômes ou certificats dans les établissements scolaires. On ne peut finir de citer ces écoles qui ont des taux d’admission de 100 %, mettant en œuvre toutes les magouilles permettant de faire admettre les candidats sortant de leurs rangs.

 

 

Nous pouvons même avancer que la problématique de l’école malienne est un ”scandale intellectuel”, car trop de directeurs, professeurs et hauts cadres du corps enseignant encouragent ces pratiquent qui mettent au devant de la scène les médiocres.

 

 

Ne parlons pas des pots de vin au niveau du ministère de l’Education. A cela nous ajoutons aussi les faux diplômes. On peut dire que le ministre Namory Traoré avait raison lorsqu’il il a mis à nu l’affaire des faux diplômes au sein de la Fonction publique sous la transition. L’administration malienne comprend donc des “intrus” ou des “agents” qui ne sont à la place qu’il faut.

 

Considérons, par exemple, l’éducation, terme consacré, bien que le terme adéquat en l’espèce est formation. Il n’est donc un secret pour personne que la population malienne, dans sa majorité, est illettrée de sorte que l’on juge impossible tout développement sans alphabétisation.

 

Vu les réalités du pays, il y a de fortes chances que cette proportion du Mali ne croupisse dans la misère aussi longtemps qu’elle sera analphabète connaissant le train de vie du malien Lambda. Du reste, les pouvoirs publics en sont conscients. La construction des écoles, l’alphabétisation des adultes, la formation des enseignants se proposent justement d’atténuer cette disproportion avant de la réduire un jour.

 

Nous ne pouvons saluer le privé qui a quand même vu l’éclosion d’établissements ne répondant aux normes du métier. Les recrutements sont faits par favoritisme et souvent dans le plus grand amateurisme. Les enseignants; à ces niveaux; ne sont pas des spécialistes en la matière, étant donné qu’ils ne sont qu’aucunement détenteurs des diplômes appropriés pour donner des cours. Ce, au su  des autorités départementales qui ne font pas de contrôle dans ces établissements douteux. Pire, les frais de scolarités coûtent les yeux de la tête.

 

 

Pour conclure, les problèmes minant l’école malienne sont loin d’avoir des solutions. Si l’implication de tous est de mise, la volonté politique l’est encore plus. IBK a été plébiscité du fait de sa fermeté et sa position connue de tous sur la question.

Vivement des réformes allant dans le sens du progrès de l’éducation au Mali.

 

Idrissa KEITA

 

 

Commentaires via Facebook :

10 COMMENTAIRES

  1. Tout ça doit être mis surle dos d’IKB qui a fait goûter aux étudiants leur première année blanche. C’était l’erreur à ne pas commettre. Les mentalités n’étaient pas prêtes à cette décision mimétique et harsardeuse sans analyse en amont des éventuelles conséquences.

  2. L’éducation devrait être LA priorité du Mali.

    Vu la richesse culturelle du pays, éduquez le et dans 50 ans, les enfants ne croiront même pas que la misère y ai pu exister.

  3. La remise officielle des clés des logements sociaux de Kolokani était initialement prévue le jeudi 19 décembre 2013 mais avait été reportée sine die. Il est à signaler que le Conseil de cabinet tenu le mercredi 04 décembre 2013 et présidé par le PM avait, à son point 4, entendu une Communication du ministre du Logement relative à l’organisation des cérémonies de remise de clés des logements sociaux à San, Koutiala, Dioïla, Kolokani et Niono.
    Du coup, les heureux bénéficiaires se posent la question à savoir pourquoi cet énième report intervenu juste la veille du jour J? Qu’est-ce qui se manigance du côté du Département en charge du logement? Est ce un mépris pour le vaillant peuple bamanan du Bélédougou si l’on sait que ce projet a été lancé depuis 2010 et que l’inauguration des logements sociaux de San, de Koutiala et de Doïla a été effective depuis le mois dernier?
    Monsieur le Directeur Général de l’OMH que faites vous des liens (amicaux et parentaux) qui vous unissent à cette ville et qui datent de plus de 30 ans ?

    Son Excellence Monsieur le Ministre du Logement, pourquoi ce silence injustifié ?
    Combien de km sépare Kolokani de Bamako pour laisser dégrader ces maisons et leurs peintures intégralement refaites ? Et cela sur le dos du contribuable malien ?
    N’étiez vous pas sur le chantier des 1500 logements sociaux de Tabacoro voilà deux semaines , celui de Missala- Gouana l’autre jour seulement et celui de Sebenicoro aujourd’hui m?
    A quand finalement la reprogrammation de cet événement quand on sait que le Président de la Commission d’attribution jure la main sur le cœur que vous lui avez promis de le faire courant janvier 2014 ? Il urge car nous sommes le 10 Février aujourd’hui.
    Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, vous êtes également interpellé pour le suivi de la bonne exécution des résultats issus dudit Conseil de Cabinet.
    Son Excellence Monsieur le Président de la République, répondez aux cris de détresse de la population du Bélédougou.

  4. Du coup, les heureux bénéficiaires se posent la question à savoir pourquoi cet énième report intervenu juste la veille du jour J? Qu’est-ce qui se manigance du côté du Département en charge du logement? Est ce un mépris pour le vaillant peuple bamanan du Bélédougou si l’on sait que ce projet a été lancé depuis 2010 et que l’inauguration des logements sociaux de San, de Koutiala et de Doïla a été effective depuis le mois dernier?
    Monsieur le Directeur Général de l’OMH que faites vous des liens (amicaux et parentaux) qui vous unissent à cette ville et qui datent de plus de 30 ans ?

    Son Excellence Monsieur le Ministre du Logement, pourquoi ce silence injustifié ?
    Combien de km sépare Kolokani de Bamako pour laisser dégrader ces maisons et leurs peintures intégralement refaites ? Et cela sur le dos du contribuable malien ?
    N’étiez vous pas sur le chantier des 1500 logements sociaux de Tabacoro voilà deux semaines , celui de Missala- Gouana l’autre jour seulement et celui de Sebenicoro aujourd’hui m?
    A quand finalement la reprogrammation de cet événement quand on sait que le Président de la Commission d’attribution jure la main sur le cœur que vous lui avez promis de le faire courant janvier 2014 ? Il urge car nous sommes le 10 Février aujourd’hui.
    Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, vous êtes également interpellé pour le suivi de la bonne exécution des résultats issus dudit Conseil de Cabinet.
    Son Excellence Monsieur le Président de la République, répondez aux cris de détresse de la population du Bélédougou.

  5. Que sa Majesté commence par remettre l’or et les reliques culturelles volés à Gao et à Tombouctou, lors de la colonisation marocaine après la défaite de l’Empire Songhay face aux troupes espagnoles et marocaines. Modibo Keïta a fait ce combat à l’époque, Mohamed V le père de l’actuel roi a proposé des bourses et le développement. C’est ça l’origine des bourses marocaines pour ce qui ne le savent pas. Le dossier est pendant devant l’UNESCO qui le met dans ses tiroirs sous les pressions marocaines. Alors Votre Majesté rendez-nous nos objets culturels et il parait que c’est ça le secret qui vous permet de maintenir l’unique monarchie qui n’a pas péri au Maghreb.

  6. Walahi ApemaMali a fo pian, ils ne peuvent être que l’image de leurs profs, comment voulez vous qu’ils aient un bon niveau à l’hors que leurs profs sont plus que nul, une fois j’ai posé une question à une amie qui faisait 4e ENA branche droit, qu’est ce qu’une condamnation à mort et à perpétuité? elle me répond oui oui, je dis, hai hai aywa oyé a danyé,

    Un frère m’avait qu’on s’est déchiré sur la toile, aywa IBK iyayé koy,

  7. Ecouter l’UMOA sait ce qu’elle fait et elle est composée des techniciens aguéris pour savoir là où mettre son argent. L’enseignement supérieur est une structure qui prépare les jeunes à l’emploi avec toutes les connaissances qu’il faut . En voulant bien construire une jolie maison où le soubassement est mal fait ,quelque soit ce que vous y apportez ne pourra changer sa fragilité.Nous devons féliciter les enseignants du supérieur pour le sacrifice dont ils font prueve chaque jour . Des enseignants sans bibliothèque,sans aucune outils technologiques adaptés aux réalité de la mondialisation ,demeurent toujours au service du peuple.Faites un tour au Sénégal,au Burkina fasso,au Niger, leurs professeurs sont dans toutes les conditions ,mais qu’à cela ne tiennent leur produits ne sont pas plus compétitifs que les siens malgré que ceux du Mali reste dans des conditions qu’on peut appeler”la survie” . Le métier d’enseignat du supérieur est un sacerdoce qu’on mérite après des années d’études.

  8. Au mali, les parents n’ont pas l’audace d’accepter l’échec de leurs enfants à un examen ou leur redoublement à une classe, quand bien même qu’ils n’aient pas le niveau requis. Les examens qui ont pour objectifs d’être un filtre: laisser passer ceux qui ont le niveau, et recaler ceux qui ne l’ont pas sont bafoués aujourd’hui au Mali. Tu deviens digne fils du village lorsque tu payes un pot de vin aux enseignants pour qu’ils laissent passer tous les élèves du village à l’examen, soit 100% de réussite, ce n’est pas vraisemblable.
    Avec ça comment les gens auront le niveau, il faut aller dans les villages pour s’en rendre compte, les enseignants n’ont même pas le niveau, c’est souvent les recaler qui n’ont reçu aucune formation supplémentaire, c’est lamentable.

  9. Je trouve que notre espace economique UEMOA est entrain de faire une grosse erreure en saccrochant aux ecoles superieures. Notre systeme educatif doit être revisiter depuis là base. Je doute même la competence de certains prof des ecoles superieures.

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