Jusqu’à une époque pas si éloignée, les bacheliers maliens pouvaient poursuivre directement leurs études dans n’importe quelle université du monde. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.rn
Cela n’en a plus l’air. Et pourtant, Madiassa Maguiraga et Cheick Modibo Diarra sont bien des produits de l’école malienne. C’est que les temps ont changé. Il fut un temps où l’école malienne était la fierté de notre pays. Les produits issus de cette école représentaient dignement le pays. Les bacheliers partis pour poursuivre leur formation étaient loin d’être parmi les médiocres. En ces temps, on pouvait inculquer une notion que l’on rencontre de plus en plus rarement : l’envie d’apprendre.
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Les anciens auraient du mal à reconnaître cette école.
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Que s’est-il passé entre temps pour que notre école si méconnaissable ?
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L’ajustement structurel, la démotivation des enseignants, la politisation de l’espace scolaire et la démission des parents sont passés, par là.
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Au milieu des années 80, le régime du président Moussa Traoré aurait pu se battre pour que l’école et la santé soient mises à l’écart du programme d’ajustement structurel. Il ne l’a pas fait. Nous payons aujourd’hui les conséquences. Depuis 1984, l’école malienne n’arrive plus à recruter les enseignants bien formés dont elle a besoin. Dans le même temps, rien n’est entrepris pour que ceux qui sont dans les classes vivent dans des conditions acceptables. Tout le monde sait qu’au Mali les salaires sont très bas. Mais un oublie une chose : l’éducation est pratiquement le seul secteur où l’agent est obligé de vivre avec ce salaire. Un agent tenaillé par les soucis au quotidien, peut difficilement être efficace. Une école qui n’a pas su mettre les enseignants dans les minimums de conditions, pouvait difficilement songer à invertir dans d’autres secteurs comme les livres et le matériel scolaire. Résultat : la baisse du niveau ne pouvait que continuer.
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Au début des années 90, les élèves et étudiants ont repris le mouvement politique pour demander le changement de régime et l’ouverture démocratique. Par ricochet la politique est aussi entrée à l’école. Pourtant il s’agit là de deux espaces qu devaient vivre en marge l’un de l’autre. Tous ces facteurs de baisse de niveau ont été favorisés par un autre inattendu : la démission des parents.
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Aujourd’hui, combien de produits sont réellement soucieux de l’avenir scolaire de leur enfant ! Ici il faut faire attention. Un parent d’élèves qui investit pour financer la fraude, pour acheter des notes peut-il être considéré comme quelqu’un soucieux de la formation de son enfant ? N’aurait-il pas été préférable de suivre l’enfant dès les petites classes et de lui assurer un bon départ ?
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Aussi, nous pouvons tous nous considérer comme responsables de la baisse continue de niveau de l’école malienne. Le drame, c’est que la situation est plus grave qu’il n’y paraît. Les produits qu’elle offre ne sont pas à même d’assurer notre développement. A un moment où l’intégration régionale et la mondialisation frappent à notre porte.
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Avec des effectifs de 80 élèves par classe, l’école publique ne peut plus remplir correctement la mission. Dans le privé, ce qui compte avant tout, c’est la recherche du profit. Ici, on n’hésite pas à gonfler les notes et à acheter la vigilance des surveillants pour être en mesure d’afficher un bon résultat en fin d’année et appâter les parents d’élèves.
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De son côté, l’Etat expérimente depuis 15 ans de nouvelles méthodes. (NEF, PRODEC…) les années blanches succèdent aux années tronquées. La politique gagne chaque jour un peu plus de place dans le monde scolaire. Aujourd’hui le bon responsable scolaire, c’est celui qui, par n’importe quel moyen, arrive à éviter les grèves (des élèves d’abord, des enseignent ensuite). Les résultats proprement scolaires n’ont pas d’importance.
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On ne bâtit pas un avenir radieux avec un tel système. Il est plus que temps de prendre le taureau par les cornes.
L’école malienne a aujourd’hui besoin de plus de volonté politique, du sens des responsabilités de ses acteurs pour arrêter sa chute. L’avenir du pays en dépend. C’est l à un passage obligé.
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Seuls des enfants bien formés peuvent faire face à la tâche de développer ce pays.
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Youma
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21 septembre 2007
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