Échec du système LMD à la FAST :Les étudiants aux abois : Un diagnostic s’impose !!!

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La Faculté des Sciences et Techniques (FAST) avait été choisie en 2007, en raison de sa stabilité académique, sa rigueur et la qualité de son enseignement, comme structure pilote pour l’introduction du système LMD à l’Université de Bamako. Depuis lors, ladite faculté est plongée dans une crise sans précédent avec son corollaire de grèves interminables et d’instabilité académique. Cet état de fait, conséquence de l’échec du système LMD au sein dudit établissement, plonge les étudiants dans une situation morale désespérée dont les répercussions sur le fonctionnement de l’établissement sont aussi évidentes que compromettantes.

Historique et Etat des lieux de l’introduction du système LMD à l’Université de Bamako :

C’est à l’issue du conseil des ministres du 24 décembre 2008, que le gouvernement du Mali a adopté un projet de décret portant institution du système LMD à l’Université de Bamako. L’objectif de cette initiative pour l’Etat était d’harmoniser nos formations universitaires avec celles des autres pays membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), qui avait plaidé à Dakar en 2007 pour une directive en faveur de l’introduction de ladite reforme dans la zone au plus tard le 31 décembre 2009. Un ajustement qui, de la vision des dirigeants de la sous-région, favorisera la mobilité des étudiants et des enseignants, mais surtout permettra aux futurs diplômés de mieux répondre aux besoins du marché du travail à travers des formations professionnalisées et pointues. Dans le système LMD, la Licence (L) bac + 3 ans équivaut à 6 semestres après validation de 180 crédits, le Master (M), bac + 5 ans correspond à 4 semestres après la licence et après validation de 120 crédits et enfin le Doctorat (D), bac + 8 s’obtient aux termes de 6 semestres d’études après le master et après validation de 180 crédits. Le crédit est simplement l’unité de compte qui permet d’évaluer le travail de l’étudiant pendant le semestre pour chaque unité d’enseignement (UE) appelée dans nos universités unité de valeur et qui n’est autre que la matière

Autrement dit, l’introduction de ce système au Mali était une exigence sous régionale et la volonté de nos autorités administratives d’avoir choisi la FAST comme phase pilote une initiative réfléchie et salutaire. Qu’à cela ne tienne, un bilan s’impose aujourd’hui au regard de la situation déplorable dans laquelle la FAST se trouve. Des constats, il en ressort des aspects positifs et négatifs. En dépit de tous les problèmes qui subsistent, l’expérience de la Faculté des Sciences et Techniques doit servir de tremplin pour réussir le projet dans les autres structures de l’Université de Bamako. De l’introduction de ce système à nos jours, des forces et faiblesses ont été décelées dans son processus de mise en œuvre. Il s’agit, entre autres, des problèmes de communication, formation et d’anticipation des situations. Les responsables administratifs de ladite faculté ont manqué de dynamisme et de vivacité pour pouvoir répondre aux aspirations qui ont justifié le choix de la FAST comme phase pilote. Les professeurs, eux, avaient d’emblée montré leur pessimisme en faisant montre de réserve. Les autres acteurs de l’Université dont le Rectorat et la Direction Nationale de l’Enseignement Supérieur sont eux aussi complices de cette situation pour ne pas avoir donné le coup de piston qu’il fallait et quand il fallait en laissant la FAST seule face à son destin. Le Gouvernement aussi a sa part de responsabilité pour avoir eu la sagesse de prendre l’initiative et manquer de délicatesse dans la mise en œuvre des mesures d’accompagnements.

L’échec du système LMD et ses conséquences :

C’est la somme de tous ces problèmes qui ont motivé l’échec du système LMD à la FAST. Les étudiants ne savent plus à quel saint se vouer. L’administration peine à apporter des solutions. Cela fait deux ans que la Fac n’a pas encore bouclé l’année académique 2009/2010. Selon le chronogramme établi par le décanat, les choses devront être clôturées en Juillet 2011. Tandis que certaines structures comme la FSJP et l’IUG comptent terminer avec leur année académique 2010-2011 courant Juillet-Août, la FAST, elle, bouclera l’année 2009/2010. Ce décalage, pour ne pas dire dit cette année blanche, ne pourrait être rattrapé en une année. Les répercussions sont telles qu’il faudra 2 à 3 années académiques normales pour permettre à la Fast de se stabiliser et redorer son blason. En plus de cette conséquence académique, il faut noter d’autres conséquences morale et financière. Les étudiants auront reçu 9 mois de bourse pour 22 mois de cours. Pire, la confiance qui existait entre les différents acteurs de la structure est, au fur et à mesure, entrain de laisser la place à la dissension voire au bras de fer. Les autres facultés et grandes écoles qui entendaient prendre l’exemple sur la FAST en sont dissuadées. Aucune structure ne veut relever le défi, ce qui nous pousse à poser la question de savoir : à quand la mise en œuvre du projet de décret portant institution du système LMD à l’Université de Bamako ?

Eléments de Réponses et propositions :

Etant donné que l’on ne peut prétendre faire des omelettes sans pour autant casser des œufs, force est de reconnaitre que l’introduction d’un système comme le LMD dans une université telle que celle de Bamako ne pouvait ne pas avoir de conséquences. L’audace de nos autorités universitaires et le sacrifice des étudiants et responsables administratifs de l’établissement sont à saluer.

Le système LMD est un système qui requiert des améliorations significatives d’ordre pédagogique, matériel, technique, intellectuel… de la part de tous les acteurs de l’Université dont les professeurs, les étudiants, les pouvoirs publics, les partenaires techniques et financiers. Organisant ses formations en semestres (14 à 16) au lieu d’années universitaires, le LMD exige d’abord une année universitaire pleine. Avec l’entassement des années universitaires et les nombreuses perturbations occasionnées par les grèves chroniques des étudiants et enseignants au nez et à la barbe d’un Etat passif, l’on se demande à quand le déroulement d’années bien remplies, comme maintes fois clamé par les autorités mais jamais concrétisé. Nonobstant la construction de nouveaux bâtiments sur la Colline du savoir, il suffit de faire un tour dans les différents amphithéâtres de l’Université de Bamako pour voir les effectifs pléthoriques déborder sur l’extérieur des salles de classe ou tout simplement apitoyer les étudiants assis à même le sol pour suivre leurs cours magistraux comme des maliens de l’exterieur. C’est après tout ce calvaire que les étudiants doivent faire face aux évaluations qui constituent d’autres supplices.

Pour me résumer, le Système LMD demande l’assiduité et la régularité des contrôles périodiques. L’accès aux outils informatiques ne doit plus être une commodité. Il repose beaucoup sur les fruits des recherches au niveau d’une institution universitaire. La négligence de la recherche pénalisera le système LMD dans un milieu réputé par l’absentéisme, la vétusté et la rareté des documents requis. Les professeurs constituent le point névralgique du LMD. Ils doivent être mis dans les conditions idoines de travail et mieux outillés par des formations constantes. Sans quoi, le nouveau système ne sera que l’émulation du système universitaire classique. La mise à jour des connaissances est d’autant plus justifiée que, par exemple, certaines théories économiques dignes du XVIIIe siècle ne doivent plus être enseignées dans une université moderne. Dans le même ordre d’idées, l’Etat devra sans doute songer à intégrer dans la fonction publique ses nombreux jeunes doctorants formés dans de bonnes universités à l’étranger, mais qui n’ont juste besoin que des opportunités pour prendre dignement la relève de leurs aînés. Cette alternative contribuera à moderniser certaines filières de formation en déphasage avec le marché du travail. Et la définition des filières d’enseignement est l’un des points clefs du LMD. Voilà, entre autres, autant de facteurs qui prouvent qu’il est bien clair que les conditions sont loin d’être réunies pour une application efficace du LMD au Mali.
À la lumière de tous les points évoqués ci-dessus vous comprendriez mon optimisme pour ce système, mais aussi tout mon pessimisme en ce qui concerne sa mise en œuvre dans un pays tel que le notre. Pour conclure, je proposerais deux hypothèses à nos autorités : 1°) Mettre le projet du système LMD en stand by en attendant que l’école malienne soit sur les rails. 2°) Foncer en prenant le soin de réunir le minimum de conditions nécessaires pour une meilleure mise en œuvre, car un tel changement ne saurait s’opérer que dans la théorie. Il faut la pratique et le péché mignon de nos autorités a été le fait qu’ils ont réussi dans la mise en œuvre théorique du système LMD à la FAST en occultant l’aspect fondamental : la pratique. Attention, L’Institut Universitaire de Gestion est en train de suivre le même chemin !!!

F MAIGA

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