Après plusieurs mois, voire plusieurs années de patience et de solidarité professionnelle, certains enseignants du Lycée Askia Mohamed de Bamako ne supportent plus les agissements de leur billetteur, M. Sissoko qui, selon eux, bouffe leurs primes et rappels sans être inquiété. Ce comportement peu orthodoxe de M. Sissoko dépasse les pauvres enseignants et doit interpeller nos plus hautes autorités.
Depuis un certain temps, le billetteur du lycée Askia Mohamed est infecté par le virus de la gourmandise. Possédé, dit-on, par le gain facile, il «croque et avale» tout ce qui est primes et arriérées du personnel. Il aurait ainsi détourné des millions de nos francs au grand dam de ses nombreuses victimes. Chaque fois que ces dernières voulaient en découdre avec lui, il passait par des personnes interposées pour plaider la solidarité professionnelle. Souvent, par peur des sanctions éventuelles de la hiérarchie, ses victimes mettaient de l’eau dans leur vin.
Rappelons que dans un premier temps, le billetteur a formellement démenti la disponibilité des sous. Ayant compris que les intéressés ont toutes les preuves de la disponibilité de leurs dus, il finira par cracher la vérité.
Pour tenter de se tirer d’affaire, M. le «mange tout» du lycée Askia Mohamed de Bamako proposera aux 7 professeurs victimes le remboursement de leurs primes et arriérés. Soulignons que toutes ces 7 victimes qui sont les plus déterminées, ont eu à passer de sales journées devant le bureau de leur «bourreau», sans avoir gain de cause. Puisque pousse-pousse s’arrête au mur, ces victimes désemparées et ne supportant plus les coups de leur billetteur, sont décidées à passer à la vitesse supérieure.
Informés de cette situation, nous avons voulu, comme la déontologie de notre métier l’exige, avoir la version de M. Sissoko. Nous avons alors tenté à plusieurs reprises de le joindre au téléphone. Pris de panique, il ne cessera de nous poser la question : «Qui vous a donné l’information ?». Professionnalisme oblige, nous ne lui avons pas divulgué nos sources. Après maintes tentatives de savoir la source de notre information, mais en vain, il nous demanda de le «rappeler dans une heure». Car explique-t-il, «je vais d’abord appeler mon Proviseur, car on ne doit pas réagir en pareilles circonstances sans avoir l’aval de sa hiérarchie».
Cette attitude de M. Sissoko ne met-elle pas en doute une quelconque complicité avec son Proviseur ? Que tente-t-il de dissimuler ? Joint une autre fois au téléphone, le billetteur n’a pas pu se justifier. Il n’a ni infirmé, ni confirmé les faits qui lui sont reprochés. Il s’est contenté de nous poser sa question habituelle : «Qui vous a donné cette information ?». Et même s’il s’arrêtait là, nous aurions déjà compris qu’il y a anguille sous roche.
Pour tenter de nous convaincre de laisser tomber cette affaire et de surseoir à la publication de notre article, le plan «A» ayant échoué, notre billetteur passera par le plan «B». Il tentera donc de nous dissuader par le biais de certaines de nos connaissances. Mais, en professionnels de médias, nous sommes plus que déterminés à aller jusqu’au bout de nos investigations, même si certaines langues soutiennent que M. Sissoko est un «intouchable» et qu’il bénéficierait de la bénédiction de certains hauts cadres du pays. Car pour nous, il s’agit de tirer cette affaire au clair afin que les victimes rentrent dans leurs droits. C’est cela aussi notre métier de journaliste. De toutes les façons, cette situation qui n’a que trop duré, trouvera bientôt une solution. Nous en sommes convaincus, parce que plusieurs responsables chargés du Budget national et du Lycée Askia Mohamed qui sont au parfum de cette «délinquance financière», n’entendent pas se laisser berner. Affaire donc à suivre de très prêt !
Oumar KONATE