Diplômes de la Flash : Les damnés de la fonction publique

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La Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (FLASH) est l’une des grandes facultés pourvoyeuses de jeunes diplômés. Avec une large latitude de choisir entre des filières (sciences sociales, lettres, géographie, langues, histoire-archéologie…), ses sortants (près d’un millier d’étudiants par an, depuis 2000) n’ont, au contraire, qu’une infime chance de décrocher un emploi conforme à leur profil. Contraints à l’oisiveté par le fait des choses, ces jeunes diplômés doivent encore prendre leur mal en patience, car les projets de réformes assortis du très médiatisé forum national sur l’éducation semblent renvoyés aux calendes grecs. 

Dans l’euphorie de leur admission au baccalauréat, nombre d’étudiants ont choisi de décrocher leur parchemin dans de nouvelles filières créées avec l’avènement de l’université du Mali (de l’ancienne appellation université de Bamako), qu’ils croyaient prometteuses. Mais leur enthousiasme ne fut que de courte durée. Ses premiers sortants qui ont opté pour la faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (FLASH) n’ont pas échappé au triste sort lié à l’inadéquation emploi – formation.

Comme dans un labyrinthe, le millier d’étudiants injectés sur le marché de l’emploi sont, eux -aussi, soumis au même sort que leurs aînés. Ils attendent en vain les opportunités d’emploi promises par les filières. Et pourtant, les informations contenues dans le livret de présentation de ladite Faculté annoncent des possibilités pour les diplômés de ses filières de postuler aux concours d’entrée à la fonction publique. Que de la littérature !

Pour une soi-disant inadéquation de spécialités avec les profils recherchés, on assiste à une faible représentation des  diplômés de la FLASH sur les listes de candidature aux concours d’entrée à la fonction publique. De nombreuses promotions sortent et ne trouvent pas preneurs sur le marché de l’emploi. Pis, l’Etat qui les forme à des coûts exorbitants ne s’en fait pas un souci.

A l’image du recrutement des administrateurs de l’action sociale, ce sont des milliers de diplômés de filières différentes, en grande majorité sortants de la FLASH, qui postulent  souvent pour deux ou trois postes à pourvoir. Comme quoi, le ridicule a atteint son comble ! Pour se mettre à l’abri du chômage, beaucoup d’étudiants de cette faculté préfèrent poursuivre leurs formations à l’Ecole normale supérieure (ENSUP). Ce qui n’est pas une panacée quand on sait que seules quelques filières universitaires y ont leurs correspondantes. Et les maîtrisards en sociologie, anthropologie, etc., en savent quelque chose.

Le genre d’école que nous avons aujourd’hui, et qui discrédite davantage les sortants de cette faculté, fait que même les ONG qui sont censées être des zones d’intervention par excellence, ne se bousculent plus au portillon de cette fabrique de chômeurs.

Une marginalisation qui ne dit pas son nom

Depuis des lustres, les diplômés de certaines filières sciences sociales ne sont plus autorisés à concourir. Les concours de la fonction publique ne concernent que les seuls détenteurs d’un diplôme de type INFTS (Institut national de formation des travailleurs sociaux) pour les corps des administrateurs sociaux. Et pourtant, que ce soit à l’INFTS, à la section sociologie ou anthropologie, ce sont presque les mêmes disciplines  qui sont enseignées.                                       Au niveau de la fonction publique, ils se sont déjà résignés depuis belle lurette. Les diplômés de ces filières savent que leur avenir est incertain ; et personne n’exprime plus d’enthousiasme à l’annonce des recrutements. Les seuls qui sont recrutés dans les corps de la fonction publique sont ceux qui se sont débrouillés pour faire des études postuniversitaires.                     

L’annonce de la création de la nouvelle Ecole nationale d’administration (ENA) avait redonné une lueur d’espoir aux sortants de la FLASH, et particulièrement à ceux qui ont leur carton en sociologie ou en anthropologie. Mais les espoirs se sont vite amenuisés quand les marginaux de l’université de Bamako ont compris qu’à ce niveau aussi, ils sont indésirables.

L’Institut supérieur de formation et de la recherche appliquée (ISFRA), qui est une école de formation post-universitaire, est devenu une mafia, parce que les conditions d’accès sont taillées sur mesure pour une élite, une nomenklatura. Là aussi, les conditions d’accès sont difficiles pour un jeune diplômé sans emploi, et aucune possibilité claire d’accès n’est énoncée pour ces derniers. D’ailleurs, les historiens archéologues n’ont jamais eu accès à cet institut, faute d’élaboration de programme les concernant. Sollicités depuis plusieurs années pour élaborer un programme, les professeurs chargés de ce travail se font jusque- là attendre. 

Dans les promotions de Diplôme d’études approfondies (DEA), les jeunes sont contraints de faire des acrobaties pour y parvenir.                                                                                                                                         Si l’équation d’encadreurs compétents n’est pas résolue, les menaces de disparition auront raison de certaines filières universitaires. Les diplômés de l’ISFRA qui sont les mieux indiqués se feront rares en activité dans quelques années. La solution pourrait donc venir des jeunes sortis des facultés et engagés fraîchement.

Abdoul Karim Maïga

 

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