Détournement-mauvaise gestion : Les élèves de l’école Ismaila B. Diawara en danger!

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Certaines écoles maliennes n’ont pas de toilettes. En effet, seulement 61 % des établissements scolaires en ont, et les toilettes sont nettoyées une fois par jour. A cause de la saleté, certains élèves ne vont plus aux toilettes durant la journée, quitte à mettre en danger leur santé sans le savoir. Et cet état de fait est le lot de l’école fondamentale Ismaila Diawara de Quizambougou. La situation a empiré ces jours-ci, car les élèves, surtout des jeunes filles, sont atteintes d’infections urinaires.

Selon l’ONU, 2,5 milliards de personnes dans le monde ne bénéficient toujours pas d’un système d’assainissement convenable. Un milliard d’entre elles sont condamnées à la défécation à l’air libre, c’est-à-dire à faire leurs besoins dans la nature, au bord de la route, sur la voie ferroviaire. Ainsi, chaque jour, près de deux milliards de tonnes d’excréments humains, contenant un nombre vertigineux de virus potentiels, de bactéries et d’œufs de parasites traînent sur notre planète, prêts à être piétinés, touchés ou ingérés dans l’eau et dans les aliments. Les conséquences sont nombreuses. La diarrhée, causée par ces aliments, cette eau et cet environnement contaminés, est encore la deuxième cause de mortalité infantile à travers le monde, tuant 1 600 enfants chaque jour. C’est pourquoi, l’ONU a déclaré, le 19 novembre 2013, la première journée mondiale des toilettes. Un tour à l’école Ismaila B. Diawara, pour constater les faits.

Des toilettes abandonnées, car la l’accès aux latrines pour les apprenants est un calvaire. Le constat est amer face à l’état d’insalubrité des toilettes disponibles. Ces latrines qui n’existent que de noms ont laissé place à des odeurs nauséabondes des urines des élèves et des riverains de cette école.

Toutes les toilettes sont dans un état de délabrement avancé, avec les fosses septiques pleines qui laissent couler les excréments et l’urine dans la cour de l’école. Les élèves sont donc obligés de faire leur besoin en plein air. Une visite de l’établissement vous permet de mieux vous imprégner des réalités d’une école abandonnée.

Aucune infrastructure sanitaire adéquate pour les élèves. Face à la situation de l’école, des jeunes du quartier n’ont cessé de clamer leur amertume. «Mon cœur saigne, j’ai mal à l’âme quand je vois cette école que j’ai fréquentée. Plus rien ! Voilà des  ans que les élèves souffrent, pas de toilettes, les enfants sont obligés de faire leurs besoins dans la nature, ils ne se lavent pas les mains après les selles  et autres», a déploré Haïdara, un jeune du quartier qui se bat avec d’autres jeunes pour apporter un salut aux apprenants de cette école. Ils sont en train de se cotiser pour construire des toilettes.

Selon un rapport présenté par l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d‘enseignement, 28 % des établissements, surtout des collèges, ont signalé au moins un cas d’élève ayant renoncé à utiliser les toilettes scolaires, dont 23% à cause de la saleté des lieux. Quels sont les dangers à long terme pour les enfants qui ne vont pas aux toilettes? Les élèves des collèges sont tous potentiellement confrontés à la saleté des toilettes des collèges, mais les filles y sont plus sensibles que les garçons car contraintes à la position assise pour uriner. L’autre facteur est le manque d’intimité dont souffrent ces jeunes en âge pré-pubère ou en pleine puberté.

De ce fait, les jeunes filles (plus que les garçons) se retiennent non seulement d’uriner, le risque le plus fréquent étant la survenue d’infections urinaires et de cystites à répétition. Certains enfants sont par ailleurs porteurs d’anomalies de l’appareil urinaire favorisant ce type de pathologies et sont plus sensibles encore au comportement induit par l’insuffisance d’hygiène sanitaire des lieux publics scolaires.

Les infections urinaires à répétition sont plus graves et peuvent endommager la vessie (on parle alors de cystite), voire l’ensemble de l’appareil urinaire, y compris les reins. C’est notamment le cas lors de maladies lithiasiques, dans lesquelles les enfants «fabriquent» des calculs des voies urinaires. L’insalubrité des sanitaires est-elle un cas anecdotique qui touche les établissements scolaires ou une préoccupation de santé publique beaucoup plus étendue ? Le gouvernement est vivement interpellé afin que les responsabilités soient situées dans cette situation qui n’honore pas l’école malienne.

A suivre…                                             

Paul N’GUESSAN

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