La linguistique se définit comme l’étude scientifique de la langue. Il s’agit d’étudier la langue au moyen d’observation contrôlée, susceptible d’être vérifiée de façon empirique dans le contexte d’une théorie générale qui convient aux données. C’est dans ce cadre que la Faculté des lettres langues arts et sciences humaines (Flash) a ouvert en 2007-2008 un Département linguistique. Un Département qui, loin de faire la fierté de notre pays, n’est autre qu’une «boîte» qui fabrique des chômeurs. D’où les interrogations sur sa raison d’être.
Ce département avait, faut-il le rappeler, inscrit à cette époque (2007-2008) une cinquantaine d’étudiants (première promotion aujourd’hui sacrifiée) et avait opté pour le système LMD (Licence, Master, Doctorat). Les étudiants dudit Département ont alors fait trois ans dans ce système. Mais, en troisième année, faute de n’avoir pas trouvé de lieux de stage, ils furent envoyés en «stage dans les rues de Bamako», pour alphabétiser, en groupe de 2 ou 3 personnes, les populations. Drôle de stage !
Et pourtant, il y avait un ministère de la Promotion des langues et beaucoup d’autres structures linguistiques à Bamako comme l’ex-DNAFLA, ACALAN, la Fondation Karanta, SIL…
A la fin de ce stage de trois mois, les étudiants avaient rédigé leurs rapports au chef de Département. En fin de comptes, ces rapports présentés par les étudiants avaient été annulés, au motif que le système LMD ne pouvait pas fonctionner.
Ainsi, les étudiants dudit Département qui étaient pourtant déterminés à faire le Doctorat après la Licence professionnelle, se sont retrouvés en Maîtrise. Autrement dit, avec l’ancien système, pour ainsi terminer leurs études universitaires.
Durant leurs quatre ans d’études, tous ces étudiants qui avaient voulu tenter leurs chances ailleurs, n’ont pas pu avoir leurs attestations (Deug 1, Deug 2, Licence), le ministère de l’Education arguant qu’il ne reconnaissait pas ce système LMD. Alors question : D’où ou de qui est venue cette idée «satanique» de la création du Département Linguistique ?
Précisons que les étudiants qui ont validé toutes leurs UV (Unité de valeur) pour enfin finir avec ce Département et qui ont aujourd’hui un avenir douteux, étaient au nombre de 14. Il est aussi important de souligner que c’est après une année de plus, alors qu’ils avaient fini leurs études, que ces étudiants ont eu leurs attestations sur lesquelles il est mentionné : «Cette attestation n’est valable que lorsqu’elle est accompagnée d’un relevé de note». Quel sabotage !
Toujours est-il que les premiers produits de ce Département, tous spécialistes de la linguistique, n’ont aucune chance sur le marché de l’emploi, même pour enseigner la linguistique au Lycée. Partout où ils déposent leurs dossiers, personne ne leur fait appel. Pour quelques rares de cette première promotion qui ont eu la chance d’enseigner la linguistique, ils n’ont eu cette opportunité que grâce à leurs parents bien placés ou à leurs relations personnelles. Ce n’est donc pas sur la base de leurs mérites.
De toutes les façons, à quoi sert ce Département, si on sait qu’on n’a pas besoin de linguistes dans un pays pourtant plurilingue comme le nôtre? Quelle est donc sa raison d’être, si c’est pour former des chômeurs ? Ce sont là des questions auxquelles nos plus hautes autorités doivent impérativement répondre. En attendant, les étudiants linguistes déjà formés peuvent continuer à grincer les dents et à se vouer à la Providence !
Bruno LOMA
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