Lors du Forum National sur l’Education de 2008, le peuple malien dans son ensemble avait opté pour des examens crédibles afin de donner aux jeunes Maliens la chance de compétir avec leurs camarades de la sous région. C’est ce qui a amené certaines reformes au niveau des examens et concours de l’éducation.
Après l’introduction de nouvelles matières, il a également été question de moraliser les examens en minimisant la moyenne annuelle et d’impliquer tous les partenaires dans la réussite des examens. Suite à ces initiatives, les résultats de la session 2010 des différents examens ont été diversement appréciés. Ainsi, du point de vue des autorités scolaires et de tous les citoyens informés et conscients des réalités internationales, ces résultats, quand bien même ils étaient faibles, étaient bons, car ils reflétaient le niveau réel des élèves. Mieux, ils permettaient d’avoir des candidats désormais aptes à réussir par eux-mêmes aux différents examens et concours organisés au Mali et à l’étranger. La démarche utilisée pour expliquer ces résultats a permis d’édifier l’opinion publique sur la nécessité d’abandonner certaines habitudes. Les parents d’abord, les élèves ensuite ont compris. Mais, pour certains, ces résultats étaient mauvais. Ce sont certainement les partisans de cette seconde tendance qui essaient de continuer avec d’anciennes mauvaises habitudes. L’opinion publique malienne a été informée en effet de la circulation de certains sujets de la session 2011 du DEF avant l’ouverture solennelle des enveloppes dans les centres d’examen. S’agit-il d’une fuite, d’une fraude, d’un complot ou d’un sabotage ? Qui en est le commanditaire ? Avec quelles intentions ? Nul ne peut répondre avec exactitude à cette série de questions tant il est vrai qu’en cinquante ans d’indépendance, jamais notre système n’a connu un forfait d’une telle ampleur ! Cette situation annihile les efforts de tous les acteurs qui s’échinent à faire changer les choses. Elle est sans doute le fait de personnes qui n’ont pas compris que dans le contexte d’intégration sous régionale et de mondialisation, nous nous devons de préparer les jeunes du Mali à relever les défis du monde qui est désormais le leur. Dommage ! Dommage, car le Mali mérite mieux de la part de ses fils à qui il a tout donné. Le Mali mérite mieux de la part d’hommes et de femmes qui ont pourtant chanté et scandé à chaque occasion solennelle : « Nous sommes résolus de mourir pour l’Afrique et pour toi, Mali ! ».
Le Mali doit en effet être au-dessus de tout, même de nos intérêts égoïstes et particuliers, pour ne pas dire sordides. C’est alors que nous bâtirons le Mali de nos ambitions, un pays riche de ses hommes et prospère grâce à ceux-ci ! Fort heureusement, dès la découverte de ce forfait, un dispositif a été mis en place pour acheminer sur le terrain des sujets de remplacement de même facture que les premiers. Grâce à la mobilisation et à la célérité des acteurs et partenaires et en dépit des circonstances peu favorables (délais courts, insuffisance de moyens logistiques et enclavement de certains centres), les nouveaux sujets ont été acheminés dans 83% des centres d’examen. Il reste donc à prendre des dispositions pour conduire le reste du processus sans faute. Pour ce faire, il y a lieu de faire preuve de plus d’attention et d’efforts, c’est-à-dire ne plus être sourds, aveugles et muets comme lors de ce forfait. Il nous appartient également de nous convaincre d’une chose : la force d’une chaîne réside dans son maillon le plus faible !
Issoufi Dicko