Déclin de l’école au Mali : Nous sommes tous coupables !

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Depuis bientôt deux décennies, l’école malienne rencontre d’énormes difficultés.

Ce qui explique, de nos jours, les tares de cette grande ‘’entreprise nationale’’.

De la révolution de Mars 1991 à nos jours, nous assistons à une prolifération anarchique d’écoles publiques, communautaires et privées. Elles poussent partout comme des champignons.

Ce qui explique un peu le taux élevé d’enfants scolarisés dans nos villes et campagnes.

Beaucoup de parents ont compris que l’avenir des enfants était à l’école et ils ont pris goût pour l’inscription des enfants (garçons et filles) à l’école.

Aujourd’hui, nos classes sont de véritables « Chine populaire ».

Cela concerne surtout les écoles publiques où l’on peut trouver dans une seule classe, plus de cent élèves.

Comment peut-on encadrer une telle classe ? C’est pourquoi d’ailleurs, les parents nantis amènent leurs enfants dans les établissements privés en mettant en doute la compétence et le niveau des enseignants des écoles publiques.

L’existence des effectifs pléthoriques pose un grand handicap pour la performance de notre école où les enseignants deviennent de plus en plus des « baby-sitters ».

Comment doit-on appeler cette nouvelle génération d’écoliers qui ne savent ni lire ni apprendre ? Une génération sacrifiée.

Par ailleurs, savoir lire, écrire et compter est une chose et connaître ses droits et devoirs en est une autre.

Ces deux choses vont de pairs dans la formation et la vie d’un enfant.

Il n’y a plus d’éducation à l’école. L’enfant est laissé à lui-même, plus de correction. Ce qui fait que l’élève n’accorde aucun respect à l’enseignant.

Or, reconnaissons que la correction est un droit de l’enfant et un devoir du maître.

Les bonnes manières doivent s’apprendre à l’école, mais nos enfants sont abandonnés à eux-mêmes comme des animaux et c’est pourquoi ils agissent bêtement puis ils deviennent incurables.

Face à un monde en perdition, tout le monde fuit devant la responsabilité (enseignants, parents d’élèves et l’Etat).

Pays expérimental, école cobaille.

Combien de méthodes avons-nous vu de 1991 à nos jours ?

Au premier cycle de l’enseignement fondamental, chaque année il y a une nouvelle méthode, si bien que, les enseignants s’y trouvent confus et perdus devant ce changement perpétuel de méthodes dont les formations vont d’une à deux semaines.

La plupart des enseignants n’étant pas issus d’une école de formation de maîtres mais dévoués pour la cause de la Nation méritent un traitement soigné pour faire sortir notre école de sa cécité.

Ainsi donc, l’Etat malien doit veiller à leur formation-continue-régulière et sans exception.

Au regard des maux qui rongent notre école, il faut une implication de toutes les couches socio-politiques du pays à savoir : parents d’élèves, élèves, partenaires de l’école et surtout les enseignants.

 Tout le monde se plaint de l’école et tous se détournent d’elle.

Des rencontres se sont déroulées à travers le pays pour parler des problèmes de l’école de base et faire des propositions de sortie de crise. Hélas ! Ce sont des forums au cours desquels, on a constaté la politique de la chaise vide.

Dix à vingt personnes pour parler d’un grand problème comme celui de l’école malienne s’avère décourageant.

Tous se retirent de la scène comme pour dire « ça ne nous regarde pas, nous avons d’autres préoccupations ».

Voilà des attitudes qui montrent que l’avenir des enfants leur dit peu.

Or, ce n’est pas un Messie qui viendra nous sortir de cette impasse.

Les parents, au lieu de chercher les causes de la mauvaise performance de l’école, mettent toute la charge sur les enseignants. C’est pourquoi, on ne cesse d’entendre dire : « nos enfants n’ont pas de niveau, nous sommes désolés ». Combien est la fierté du maître d’école de voir son élève réussir ? Quel métier ingrat !

Il ne sert à rien de faire un serment d’ivrogne sur le problème de l’école.

Ça n’a aucun sens qu’on se jette des pierres et que chacun tire la couverture de son côté pour accuser l’autre.

La nation, c’est tout le monde. Jeunes, vieux, riches ou pauvres, chacun doit s’investir sérieusement pour préparer l’avenir du pays.

Cet avenir ne sera radieux que si seulement les enfants ont une éducation Saine et un enseignement de qualité.

Nul n’ignore que le développement d’un pays passe par l’école d’abord.

Nous n’avons pas besoin d’école « garderie d’enfants », mais d’une vraie école citoyenne qui prépare nos enfants à la vie future.

Pour ce faire, ce n’est pas par le cœur qu’il faut agir, mais par la raison car « toutes les victoires de l’homme sont des victoires de l’Esprit… »

Sinon, nos enfants nous demanderont justice un jour parce que c’est une nouvelle génération d’ignorants qui se forme.

     Soumana Fabe

Enseignant à la retraite

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6 COMMENTAIRES

  1. Une génération entière d’illettré s’installe désormais au Mali.
    La conséquence sera terrible et n’épargnera personne ni aucun secteur.
    D’abord, l’image que le Mali va donner au monde.
    Un pays arriéré, sous developpé, mené par des dirigeants ubuesques. Un pays livré aux charlatants qui manipulent une population incrédule. Le retour des croyances antédiluviennes.
    Une République islamique. Haïdara, Dicko ou Chouala Bayaya Président.
    Ce scenario catastrophe est en construction et ne va plus tarder a arriver.
    C’est simple, quand l’éducation ne joue plus son rôle, la nature ayant horreur du vide, c’est les réligions qui prennent le relais.
    Alpha Omar konaré a initié le déclin. Les autres: ATT, Dioncounda et IBK ont continué gaiement dans la bêtise.
    Nous allons au devant d’une catastrophe et personne au Mali ne semble prendre la mesure de ce phénomène.
    Au moins, on servira d’exemple pour les autres dans ce domaine. On dira partout..Attention à ne pas finir comme le Mali.
    Un pays rempli d’ignorants et guidé par des ignorants.
    Ce jour là, que je ne souhaite pas, nous serons la risée du monde.

  2. La faiblesse de la participation aux concertations est à mettre à l’actif des organisateurs et non des parents d’élève.
    Les grandes villes manquent criardement d’écoles publiques. Des quartiers entiers ne disposent pas d’école publique, par contre les écoles privées sont dans toutes les rues. Les parents sont donc dans l’obligation de se référer à ces écoles privées où la qualité de l’enseignement est médiocre afin de scolariser les enfants. Contrairement à ce qu’on pense, la qualité de l’enseignent est assez faible dans la plupart des écoles privées. Les enseignants sont pour la plupart du temps mal formés, peu motivés. Ce n’est donc pas de gaité de cœur que les parents y scolarisent, mais par défaut. L’Etat sans le dire se désengage de l’enseignement fondamental dans certaines zones comme les grandes villes comme Bamako. Les collectivités, dans leur majorité ne jouent aucun rôle dans le développement de l’éducation au sein de leur circonscription.

  3. Depuis les années Alpha, l’école malienne est à terre. Retournons au syllabaire, Mamadou et Bineta, la famille Diawara, au calcul auriol, à la première partie et deuxième partie du baccalauréat.

  4. COMBIEN DE PARENTS DEMANDENT À LEURS ENFANTS CE QU’ILS ONT FAIT DANS LA JOURNÉE ? MAMAN EST AVEC LES FILMS BRÉSILIENS ET PAPA ATTEND LE MATCH DE MESSI ET RONALDO.

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