Débats interuniversitaires ”profil du citoyen” : ” EDM-SA répond-elle aux attentes de la population malienne ? ” déjoue les pronostics et s’impose

0

Samedi dernier, la salle de conférence de l’Ecole de la Paix Alioune Blondin Bèye a accueilli les acteurs et spectateurs du débat ” Profil du Citoyen ” qui opposait en quart de finale de cette quatrième édition TechnoLAB-ISTA à la Faculté de Droit Privé (FDPRI). Organisé par l’ONG Agir sous le parrainage de la Première Dame Kéita Aminata Maïga, le débat portait sur le thème ” EDM-SA répond-elle aux attentes de la population malienne ? “. TechnoLAB devait défendre le oui et FDPRI le non. Alors tenez-vous, dans le respect strict du règlement et avec des arguments solides et bien fondés, TecnoLAB a fait valoir son droit à la victoire pour renvoyer la Faculté de Droit Privé à revoir sa copie de droit. Pour une saine compréhension de cette victoire, nous rapportons quelques arguments de Amadou Diop, étudiant en Licence Logistique et Transport (primé meilleur débatteur de la confrontation), Fatoumata Tirera, étudiante en Master Communication et Salimata Sako, étudiante en Master Management des Projets et des Organisations qui représentaient TecnloLAB au débat.

 

D’entrée de jeu, Diop précisait que l’EDM.sa répond bien aux attentes de la population malgré les difficultés. Mais pour le comprendre, il faut savoir ce que c’est EDM-SA. Et Fatoumata Tirera d’enchainer :

« Quand on indexe une personne avec un doigt, alors trois doigts se tournent vers nous. Cela signifie qu’il faut se revoir avant de parler.

D’ailleurs, tout le monde se pose la question dans cette salle de savoir comment Technolab pourrait- elle défendre une telle position ou comment dire le contraire, cela ne nous surprend guère. Alors Amadou Hampâté Bâ nous dit ceci je cite : ” certaines vérités nous paraissent invraisemblables tout simplement parce que notre connaissance ne les atteint pas ” fin de citation.

            La première des choses à se demander est : connaissons-nous réellement l’EDM ? Quel pouvoir a-t-elle ?et dans quelle condition fonctionne-t-elle ?

            Au jour d’aujourd’hui nous parlons d’une société détenue à 100% par l’Etat malien. L’Etat et l’EDM, c’est comme le propriétaire d’une boutique et son vendeur à titre illustratif. C’est-à-dire que l’EDM produit en fonction des ressources que l’Etat lui octroie. La boutique ne marchera que si le propriétaire met en place assez de ressources à la boutique pour satisfaire la clientèle mais malgré tout ça cette dernière donnera toujours une mauvaise impression face à des clients mauvais payeurs et gros consommateurs.

            La mission de l’EDM c’est la production, le transport et la distribution de l’électricité. Elle n’a pas de pouvoir de décisions, ce qui veut qu’elle ne peut ni augmenter les prix, ni les diminuer. C’est dans cette dynamique que l’Etat soucieux de satisfaire la demande supérieure à l’offre achète de l’énergie avec la Côte d’Ivoire. C’est cette interconnexion avec le pays voisin qui permet au Mali d’importer de l’énergie avec une puissance moyenne d’environ 50 méga watts.

            Savez-vous que le coût total de la production est de 102 FCFA mais l’EDM nous la revend à 95 FCFA ; résultat : elle vend à perte et c’est nous qui devons à l’EDM.

            L’EDM a tout mis en place pour faciliter le payement des factures à la population malienne. A travers les compteurs prépayés et sa politique de transaction bancaire notamment orange money entre autres. Ainsi l’EDM appuie l’économie et évite ainsi à ses abonnés des longues et interminables files d’attente.  L’EDM fait constamment des pubs afin de sensibiliser les populations à réduire leur consommation et ceci en retour réduit leur facture à la fin du mois et permet une desserte d’énergie plus élargie. Mais comment répondre aux besoins d’une population qui a pris goût au gaspillage, à la fraude et à l’illégalité ?

            Pendant que nous accusons  cette société de tous nos maux, des branchements anarchiques s’intensifient chaque jour, causant ainsi des incendies et des dommages collatéraux, voilà une solidarité destructive. Chaque fois que l”EDM fait un pas vers la population,  cette même population fait deux pas en arrière, comme quoi on ne pourra jamais aider une grenouille à surmonter un mur.

            Certes, il y a des coupures d’électricité que nous-mêmes étudiants de TechnoLAB ISTA n’apprécions guère. Nous, tout autant que vous, ne cherchons qu’à dormir sous une climatisation ininterrompue ou un ventilateur. Voilà à quoi nous aspirons. Mais il ne saurait y avoir d’électrification sans coupure car il faut la maintenance, et il faut atténuer les effets des intempéries ou des calamités naturelles qui sont hors de portée des humains.

            Cette coupure, je le répète nous la réfutons mais ce mécontentement ne doit pas nous faire oublier que des milliers de menuisiers métalliques, de soudeurs, de couturiers et d’industriels font vivre leurs familles grâce à l’électricité fournie par l’EDM. Qui rend un service moins coûteux, et bénéfique pour les clients, sinon les industriels ne laisseraient pas l’énergie solaire à leur portée tout comme les groupes électrogènes pour EDM. C’est parce que EDM-SA répond mieux à leurs attentes. Evitons les rumeurs et l’amalgame ».

Salimata Sako d’enfoncer le clou en ces termes :

            « L’EDM SA est une société certifiée  ISO 9001 version 2008. Ce qui atteste de la qualité de ses services, de son engagement à répondre aux attentes des populations et non à rendre la vie difficile à la population malienne. Nous vous apporterons tout de suite la preuve, chers Co débateurs et aimable assistance. Nous avons établi nos arguments sur la pure vérité. Nos propos sont irréfutables et nous demandons à nos Co débatteurs  d’éviter les ragots et les rumeurs infondées.

            Ce dont beaucoup de gens se plaignent à propos d’EDM-SA, ce sont par exemple les coupures. Les coupures sont en général de trois ordres : pour des pannes, pour des travaux de maintenance, par délestage.

            Concernant les coupures pour des pannes (qui se font par les automates du réseau), prenons l’exemple sur les  voitures, les motos qui peuvent aussi tomber en panne. Il faut s’arrêter pour réparer la voiture ou la moto, car continuer à s’en servir c’est détruire davantage le système de fonctionnement, c’est aller dans les accidents graves aux conséquences imprévisibles. C’est ce que EDM-SA nous épargne. D’ailleurs, comment réparer si l’on ne procède pas par la coupure ? Voulez-vous que les agents se fassent électrocuter ?  Quand vous faites des interventions sur votre réseau électrique à domicile, est-ce que vous ne coupez pas l’électricité ? En cas de danger électrique, est-ce que vous ne faites pas sauter le compteur ?

            Pourquoi vous vous plaignez quand c’est EDM-SA qui le fait ? Souvent tout le monde dort tranquillement alors que des agents d’EDM-SA veillent toutes les nuits pour nous protéger. Dites plutôt merci à EDM-SA.

            En ce qui concerne les coupures pour des travaux de maintenance, ces travaux sont programmés et l’information est transmise par des messages radiodiffusés ou par SMS 72h à l’avance. Sans ces travaux de maintenance, par exemple pour couper des branches d’arbres qui encombrent le réseau, ou pour changer des pièces en défaillance, ou pour incorporer des outils innovants, comment sécuriser le circuit ?

            Enfin s’agissant des coupures par délestage pour déficit de production ou de surcharges d’équipements, tous les réseaux électriques au monde suivant la norme internationale sont équipés de système de protection des personnes et des équipements. Ces systèmes de protection fonctionnent de façon automatique avec des valeurs de réglages préréglés et coupent le courant à chaque fois qu’il y a une déviation des paramètres électriques en dehors des valeurs autorisées.

            C’est vrai que beaucoup de gens prennent mal le délestage électrique. Les gens s’en plaignent mais nous, à TechnoLAB ISTA, nous disons que les délestages sont serviables, nécessaires et d’utilité publique. C’est pourquoi EDM-SA en sa qualité de société d’exploitation utilise le délestage pour sauver des vies, pour sauver des équipements au lieu de laisser le feu bruler la ville. Car l’électricité c’est du feu et à très haute tension.

            Les délestages dans le cas spécifique d’EDM sont dus à des déficits de production ou à la surcharge des ouvrages d’évacuation et de distribution liés surtout à des retards dans les investissements pour des raisons diverses.

            Alors le délestage électrique consiste à supprimer l’alimentation d’un groupe d’appareils ou de clients afin d’éviter la surcharge des éléments du réseau électrique pouvant conduire à l’écroulement total du réseau.

            Mesdames et messieurs, quand les pompiers viennent éteindre le feu, tout le monde applaudit. Mais quand EDM-SA coupe l’électricité par un système automatique de prévision, pour empêcher le feu de s’allumer et faire de nombreux dégâts, tout le monde se plaint. Voulez-vous que EDM-SA laisse par exemple Bamako aller en fumée en une seule matinée ? Certainement non. Alors rendez grâce à EDM-SA.

            Energie du Mali (EDM) est la compagnie malienne chargée de la production, du transport et de la distribution des énergies dans le pays. C’est à l’Etat d’investir et à EDM d’exploiter, pas pour réaliser des bénéfices, mais à perte.

            Le déséquilibre entre l’offre et la demande est réel : une puissance propre installée 330,37 MW contre une demande à la pointe 385 MW, donc un écart de 54,63MW qu’il faut combler pour satisfaire la demande avec un taux de croissance à deux chiffres (12%) en moyenne par an. Et cela ne peut s’expliquer que par un déficit de production car il y a manque d’investissements et manque de moyens financiers.

            Le Mali à travers l’EDM achète alors de l’électricité avec les voisins de la Côte d’Ivoire, de la Mauritanie, du Sénégal, etc…  Plus la production nationale, pour satisfaire les citoyens. Malgré ces efforts, l’offre est bien inférieure à la demande.

            L’EDM – SA ne fait pas de bénéfices parce qu’elle vend l’électricité en deçà de son coût de revient, vu le coût moyen de vente de 95.14 FCFA HT comparé à un coût moyen de production de 120 FCFA. Le gap financier est toujours bouché par l’Etat. S’y ajoutent certaines pratiques de mauvaise gestion et de fraudes à grande échelle, lesquelles sont en train d’être combattues par la direction de la société. Les contrôles effectués par EDM SA ont permis de déceler 2344 cas de fraudes en 2017 pour une récupération potentielle de 10.914 MWH

            L’EDM exploite ce que l’Etat investit, c’est comme un vendeur et le propriétaire de la boutique. Le vendeur ne fixe pas et ne peut pas augmenter le prix. Il ne peut même pas décider d’agrandir la boutique sans l’accord du propriétaire. Si l’Etat demande d’électrifier une zone, c’est l’Etat qui donne les moyens.

            Et il revient à l’Etat d’assurer les investissements à temps pour suivre la croissance de la demande qui est supérieure à 10% depuis une décennie. Et les retards dans les investissements pour la réalisation des projets structurants en production, transport et distribution d’énergie à temps pour la bonne marche. Dans le cas contraire cela peut avoir des impacts négatifs non seulement sur l’EDM mais aussi sur la population (et ce qui peut amener des coupures massives et des baisses de tensions), alors commencent les critiques des clients sans chercher à comprendre pourquoi.

            Le vrai problème du secteur d’électricité c’est un problème d’investissement. L’Etat doit mettre plus de stratégies en place pour apporter les investissements dans le secteur de l’énergie. Les clients doivent payer à temps et éviter la fraude et le gaspillage. Alors vous n’aurez plus à critiquer à tort ».

Enfin Amadou Diop de conclure :

            « Il a toujours été facile de pointer du doigt mais qu’en est-il de nos propres responsabilités par rapport à la situation. En plus des difficultés dues aux problèmes d’investissements, les responsables de  l’EDM.sa constatent un fort gaspillage de l’électricité, cette énergie qui est tant indispensable. Le malien consomme au-delà de ses besoins : dans les services publics chacun se dit que c’est l’Etat qui règle la facture, ce qui correspond à une utilisation sans modération, nous connaissons tous ce proche qui n’éteint jamais sa climatisation à plus forte raison ses ampoules au bureau, dans les campus n’en parlons pas ; alors que l’Etat ainsi que l’EDM.sa fournissent énormément d’efforts  pour donner de l’électricité à tous. L’investissement se chiffre à des milliards et des milliards et sur une longue durée surtout. Pour le doublement de la centrale hydroélectrique de Sotuba il faut un montant de 24 milliards de FCFA, un exemple  qui peut aider à avoir une idée sur la taille de l’investissement qu’il faut. Aussi il faut savoir qu’entre 1960 et 2016, la population de Bamako en elle seule est passée d’environ 300 000 habitants à plus de 2 millions 500.000.  L’électricité au Mali coûte très cher à l’EDM (Énergie du Mali), soumise qu’elle est aux fluctuations du prix du pétrole, surtout quand le baril dépassait les 140 dollars US.

            Une équipe – un esprit – un service – tel est le slogan de l’EDM.sa, une société dont seul le mot prouesse correspond à ses actions. Elle ne manque surtout pas de vision.

            Comme perspectives beaucoup de projets de réhabilitation et renforcement du système production – transport – distribution sont envisagés et surtout le projet d’interconnexion à l’horizon 2021 de l’ensemble des réseaux électriques de l’EEEOA (échanges d’énergie électrique ouest africain) pour un marché sous régional d’électricité à l’image des pays de l’Europe en matière de gestion de l’électricité 

            Domaine stratégique, l’énergie est incontournable pour réduire la pauvreté et contribuer au développement économique et social du Mali. Cependant pour l’amélioration de la qualité du service  offert pour la satisfaction de tous, des dispositions suivantes doivent d’être envisagées avec l’appui des plus hautes autorités du pays :

– Accélérer les différents projets d’investissement programmés qui sont en retard (les travaux de construction des centrales hydroélectrique de Kénié, Gouina, le dédoublement de Sotuba, la centrale thermique ALBATROS, les centrales solaires de Ségou et Kita, les lignes haute tension Sikasso – Bougouni – Sanankoroba  et la ligne 225 KV Guinée-Mali)

– Réaliser les projets de renforcement des lignes de distribution et de transport

– Accélérer les travaux de révision décennale des groupes de Sélingué qui ont accusé plusieurs années de retard, pour permettre de produire le maximum de leur capacité

– Maintenir et négocier à la hausse les importations d’électricité avec les sociétés sœurs comme CIE de 60 à 80 MW SENELEC 30 MW

– Déléguer les tarifs d’électricité

– Il est demandé à tous les usagers de toutes les catégories d’observer des mesures d’économies d’énergie (administration publiques, universités, ménages, industries, camps militaires) et surtout signaler à l’EDM.sa toutes suspicions de fraudes

            En observant ces mesures d’accompagnement tous les jours et en ayant comme seul leitmotiv qu’un 1 KW économisé égal 1 KW disponible pour d’autres, cela permettra à EDM.sa de mieux répondre aux besoins de la population.

            A la lumière de ces informations vous convenez avec moi que  nous sommes tous concernés et avons l’obligation d’assurer nos parts de responsabilité face à ce défi et améliorer le niveau de  satisfaction. Etant entendu que ce n’est pas EDM-Sa qui est cause, et ça vous l’avez compris. Répondre aux besoins énergétiques interpelle plutôt l’Etat pour davantage d’investissements et les populations pour un esprit de solidarité et une citoyenneté accrue ».

 

Mamadou DABO

Commentaires via Facebook :