Pour en savoir plus, au fur et à mesure de l’application de la mesure nouvelle prise par Mme Ginette Siby Bellegarde, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, nous avons tendu notre micro au secrétaire général du BEN SNESUP, pour qu’il nous en dise plus. Ce dont il a bien voulu nous accorder petit jeu d’exercice de mots échangés, pour nous donner la position de son syndicat, organisation démocratique de la société civile malienne qu’il dirige depuis un bon moment.
Synthétisons ! Selon notre interlocuteur, M. Abdou Mallé (secrétaire général du bureau exécutif national du syndicat national des enseignants du supérieur BEN SNESUP)
«Jamais nous ne nous mettrons pas dernière ça ! Il faut le dire ! Puisque la décision vient d’être prise, il s’agit maintenant de s’organiser, malgré tout. De s’organiser, car c’est la faute à la mauvaise gouvernance qui fait que le système est devenu comme ça. Nous disons que l’avenir de ce Mali repose dans son école. Et que tout bon départ c’est dans une école que ça commence.
L’école ne peut donc pas être sanctionnée sans un bon instrument de désignation des responsables. Même au sein de l’Etat c’est comme ça. Et c’est pourquoi nous sommes arrivés à la notion de démocratie, parce que l’autre qui était là, était une seule personne et qui gérait seul. Il faut qu’on donne la parole aux autres. Et les camarades ont dit qu’il nous faut une gestion participative de l’école. Donc nous demandons, dans le respect de l’application pure et simple des recommandations issues du forum sur l’éducation, qui a été malheureusement budgétivore.
Pour nous, le point d’orgue reste d’élire, comme cela se fait, les responsables des structures universitaires. Nous nous battrons pour son application dès que cela sera fait : en gros, c’est la décentralisation du pouvoir universitaire. Mais le syndicat est au aguets, et nous savons pourquoi nous n’avons pas été associés au découpage. Cela est regrettable et nous l’avons fait savoir à Mme le Ministre au cours de notre dernière rencontre, e, lui disant qu’elle n’a pas bien fait de n’avoir pas eu recours à notre intelligence.
Et nous la lui avions dit qu’on va faire la synthèse de ce remue-ménage, pour ensuite l’adresser à Monsieur le Président de la République, et livrer notre sentiment par rapport au découpage en cours. Nous disons aussi qu’il vaut mieux pour tous, d’arrêter cette affaire. Car nous trouvons ce découpage ridicule comme une mauvaise pièce de théâtre.
D’ailleurs, en ce qui était prévu par le conseil de l’université, où je représente le syndicat, c’est que, c’est à travers le CESB (centre d’enseignement supérieur) qui devait être renforcé structure, que devrait être mené l’opération de décongestionnement de notre université. Il vaudra mieux y aller étape par étape ; mais ce n’est certainement pas par un mode de découpage de la sorte, qu’on va réussir à restreindre durablement l’effectif.
Au contraire, ça va même démultiplier les problèmes et ça risque d’affaiblir notre système éducatif. C’est pourquoi nous irons dire à qui de droit ce qu’il faut entendre ; et soyez sûrs que l’on va se faire attendre. Et nous pensons qu’il faut dire au Ministre, oui mais à l’ouverture , car ce sont des conditions maximales de travail que nous demandons à capitaliser dans notre protocole d’accord ; et que les revendications posées en termes clairs par le syndicat soient toutes satisfaites ; c’est cela qu’on demande ! Sinon entamer la rentrée dans ces conditions, c’est prendre le risque d’assister à de nouvelles sorties et débrayages intempestifs, auxquels on devrait s’attendre.
Pour l’essentiel, plût aux autorités que les revendications soient satisfaites : c’est cela qui peut faire que les enseignants seront plus motivés. Mais, nous dire qu’on va aller à l’essentiel comme çà, sans se dire que nous allons attaquer leur décision de découpage sauvage de l’université de Bamako, en petits morceaux, avec des facultés purement et simplement transformées en université, c’est impensable. Si ça se passe dans la tête des gens, chez nous ça ne rentre pas encore ; donc problème il y a ! Voyez-vous ? Même quand nous avions senti que le gouvernement avait des prétentions de vouloir arrêter brutalement les cours, nous avions écrit en son temps à qui de droit ; et nous avions pris l’Opinion Internationale à témoin par rapport aux conséquences. Et donc, en voilà les conséquences déjà
Nous avions pris toutes les mesures nécessaires, pour le dire et mettre tout le monde en garde. Pas seulement la SNESUP ! Finalement nous sommes les seuls à agir si tous se mettent à dire qu’ «on n’y peut rien». Moi en tout cas je ne suis pas fatigué de poursuivre la lutte, car le pays m’a formé et je me suis gracieusement à sa disposition. Ce n’est pas pour rien donc, mais bien le signe et le sens de l’auto mise à disposition de sa patrie».
Alpha C. SOW