Violents affrontements au campus universitaire : Une dizaine de blessés dont certains entre la vie et la mort

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Les faits de vendredi
Vers 15h, un groupe d’étudiants, membres du comité Aeem, mais qui s’étaient vus, quelques jours plus tôt, dépouillés de leurs titres et responsabilités par un Comité directeur de l’Aeem  (instance de décision entre 2 congrès), ont été vus et identifiés à la tête d’un "commando" débarqué de 3 Sotrama. Les ex-responsables Aeem identifiés sont : Ali Cissé ex-secrétaire général de l’Aeem-Flash, Sékou Sala Sidibé, Zoumana Sangaré, ex-secrétaire de l’Aeem-Fast (Ndlr : selon le secrétaire général du comité Aeem de la Flash, les agresseurs estiment que les responsables actuels de l’Aeem ont failli quant à la gestion du dossier d’admission aux examens à la faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG), et celle du campus universitaire au niveau de la faculté des sciences et technique (FAST). Et depuis, les étudiants de ces deux facultés, en tout cas certains d’entre eux, multiplieraient marches et réunions pour faire partir le bureau actuel). 

Ils étaient accompagnés d’un autre ancien dirigeant, étudiant de la Flash, du nom de Mahamadou Diouwara. Les membres du commando étaient armés d’armes à feu et d’armes contondantes : machette (coupe-coupe).

Le commando a agressé les membres "légitimes" de la coordination de l’Aeem dirigée par Hamadoun Traoré. Le groupe agressé a pu prendre le dessus, a désarmé les membres du commando et a retourné les armes de celui-ci contre les agresseurs. Les événements auraient fait, du côté des agresseurs, 4 blessés tous très gravement atteints à coups de machette, littéralement découpés à la machette avec un acharnement particulier sur la tête des blessés. Ces blessés auraient été transportés à l’Hôpital Gabriel Touré. J’ai été informé que les agressés compteraient aussi 7 blessés dont 3  par balle et les autres par machette.

Visite à l’Hôpital Gabriel Touré

Après avoir rassemblé le maximum d’informations, je me suis transporté à l’Hôpital Gabriel Touré où j’ai visité et assisté longtemps 2 blessés graves dont les systèmes nerveux crâniens auraient été atteints : Mahamadou Diouwara et Zoumana Sangaré. Diouwara peut parler et s’asseoir et son cerveau peut avoir été atteint. Le crâne est abîmé. Il était maintenu dans la salle d’urgence en l’absence de place disponible dans le service de chirurgie neurologique. Zoumana Sangaré est horriblement atteint. Ses yeux ne peuvent pas s’ouvrir, il ne parle pas, ne réagit pas immédiatement à son nom et n’émet que des sons, du genre "houm". Il a littéralement été découpé comme du poisson. Les médecins qui, devant moi, se sont bien occupés de lui en nettoyant en particulier le sang qui le couvrait depuis 24h, craignent que son cerveau ne soit très sérieusement atteint. À mon arrivée, on m’a signalé le passage de 2 membres du gouvernement, Pr. Siby Ginette, Ministre de l’Enseignement Supérieur et Mme Diallo Madeleine Bah, Ministre de la Santé. Mme le Ministre de la Santé aurait laissé des consignes pour que les 2 blessés soient pris en charge par son ministère. Mais les médicaments n’étaient pas encore disponibles. J’ai essayé de veiller à ce qu’ils aient à manger. Devant moi, Diouwara a pu boire quelques centilitres d’eau mais a violemment vomi. Selon les médecins ceci peut être un signe d’une hémorragie interne. Des étudiants arrivés m’ont promis d’aller acheter à manger pour Sangaré mais je doute qu’il soit en état d’identifier le repas et de manger ou de boire. J’ai aussi appris que le service chargé des étudiants, le CENOU aurait, au nom de Mme le Ministre de l’Enseignement Supérieur, envoyé de l’argent pour acheter des médicaments aux malades. On m’a signalé l’état extrêmement grave d’Ali Cissé et de Karim Sanogo, les 2 autres agresseurs gravement blessés. Ali Cissé semblait avoir les 2 bras cassés en plus des blessures par machette à la tête. Sanogo a été donné pour mort une partie de la nuit hier (Ndlr : samedi) et une partie de la journée aujourd’hui (dimanche). Sa gencive serait brisée, la lèvre arrachée jusqu’au nez, la clavicule droite brisée, le bras gauche brisé sans compter les coups de machette à la tête. Je n’ai ni vu Ali Cissé ni Karim Sanogo, la police du 4ème arrondissement serait venue les enlever de l’hôpital vers 3h du matin, pour dit-elle les soumettre à un interrogatoire. Tous les témoins m’ont confirmé qu’ils n’étaient pas en capacité de parler.

Puis l’hôpital aurait été informé que ces 2 personnes auraient été relâchées et autorisées à rentrer à la maison!!! Sans soins.
Je n’ai pas vu non plus les 7 blessés du groupe agressé dont le secrétaire général Hamadoun Traoré qui aurait été vu perdant énormément de sang de la tête (Ndlr : on a pu lui parler au téléphone ainsi que le secrétaire général du comité Aeem de la Flash, Djakaridia Diallo, qui est aussi blessé mais pas par balle). J’ai demandé et des étudiants m’ont répondu "ils ont été mis en lieux sûrs, pour raison de sécurité".

Fiche de transmission
J’ai aussi vu les services spéciaux où je me suis attaché à faire que les informations à transmettre aux autorités publiques au plus haut niveau correspondent à la vérité. Car, la police du 4ème arrondissement a marqué sur sa fiche de transmission des malades que les blessures dont souffrent ces personnes sont consécutives à un accident de la circulation intervenue sur la voie publique. J’ai donné la bonne information. On m’a promis que la "bonne information" sera transmise.

Réunion avec l’Aeem
J’ai passé le reste de la journée jusqu’à la nuit à m’entretenir avec les responsables de l’Aeem afin de me faire une grille de lecture et un support d’analyse de la situation. Ils m’ont fait visiter la résidence estudiantine de la Fast. C’est pire qu’une porcherie. C’est une honte que nous laissions nos enfants, des étudiants, vivre en plein Bamako, en 2011 dans cet endroit où je n’accepterai pas de faire loger un porc…

PS: la mère, la tante, le frère de Diouwara sont présents à l’hôpital depuis les événements du vendredi, assis dehors sous la véranda du service d’urgence. Je n’ai pas vu de famille autour de Sangaré mais 2 étudiants et une étudiante  sont arrivés lorsque j’y étais…
Le Pr. Dialla Konaté

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