Depuis quelques temps, l’Université au Mali est devenue un lieu de violences multiformes. En effet, l’existence de la violence à l’Université au Mali, est désormais connue de tout le monde avec comme conséquence la suspension des cours pour des raisons de sécurité, depuis bientôt deux semaines, à la faculté des Lettres et Sciences Humaines de Bamako (ULSHB). Le Comité syndical de cette faculté était face à la presse, le vendredi 3 février 2017, pour informer l’opinion nationale et internationale sur cette situation qui prend une proportion inquiétante. Selon les conférenciers, Bouréima Touré et Idrissa Soïba Traoré, les autorités politiques et universitaires comme les autres citoyens sont sans nul doute témoins au quotidien, de près ou de loin, des multiples formes d’expression de cette violence. « Comme tout autre phénomène social, cette violence a une genèse, des acteurs, des enjeux et des formes d’expression », a dit M. Touré.
Selon Bouréima Touré, les plus grands actes de violence dans l’espace universitaire sont occasionnés par les étudiants, organisés en différents clans au sein des comités AEEM. Pour lui, aucune faculté ou grande école n’est épargnée de cette situation. A l’en croire, c’est justement à la date du mardi 23 janvier 2017, que la violence dans l’espace universitaire a atteint une fois encore son paroxysme. « En effet, dira-t-il, le mardi 23 janvier 2017 est la date à laquelle l’étudiant Drissa Doumbia de la classe de L2, Etudes Germaniques a été assassiné par les étudiants Taleb Salah Ould Cheick de la licence Lettres classiques et Almoustapha dit Tandjougora Sanogo de la licence Anglais Unilingue dans la cour de la faculté à l’aide d’un couteau de cuisine aux alentours de 17 heures. » « Les assassins, après coup, n’ont eu aucune peine à reprendre place dans la voiture au bord de laquelle ils étaient arrivés pour commettre leur forfait », a-t-il indiqué. Bien avant, cet assassinat, fera-t-il savoir, l’ULSHB avait connu d’autres cas de violence dont, entre autres, en mars 2014 : suite à un affrontement entre des clans d’étudiants, des cas de blessés ont été enregistrés et les cours suspendus du fait des jets de gaz ; le 21 juillet 2014 : une étudiante de la Licence 1 Socio-Anthropologie a subi un viol collectif de la part des étudiants se réclamant du Comité AEEM et ce pendant le mois de carême aux environs de 14 heures sur le toit des salles de cours à la Chaine Grise, Cité UNICEF de Niamakoro ; le 27 avril 2015 : un affrontement avec usage de machettes entre des clans d’étudiants en vue du contrôle de la gestion du parking de moto de l’Amphi 1000 places a entrainé des coups et blessures et provoqué l’arrêt des cours ; le 5 mars 2016 : un groupe d’étudiants dirigés par le comité AEEM, mécontents du refus des professeurs de procéder à des repêchages, se sont introduits de force dans les salles d’examen pour déchirer les sujets et copies d’examen lors de la session de rattrapage ; aussi, ont-ils tenté de s’introduire nuitamment dans le domicile du chef du DER Sciences de l’Education dans l’intention de s’en prendre physiquement à sa personne ; le 12 mai 2016 : un affrontement entre les clans rivaux d’étudiants dans la cour de la faculté des Lettres et Sciences du Langage s’est soldé par la destruction de la voiture personnelle du Dr. Boubacar S. Coulibaly, enseignement au département Anglais ; le 9 novembre 2016 : un affrontement entre les clans revaux d’étudiants a abouti à des coups de feu. Un étudiant et une dame de ménage ont été respectivement blessés à la cuisse et au sein à la suite de ces coups de feu ; en fin décembre 2016 : quatre motos « jakarta » ont été brulées dans la cour de l’Université à la suite d’un affrontement entre clans d’étudiants ; le 18 décembre 2016 : bris de la vitre et des clignotants de la voiture personnelle du Dr. Mamadou Coumaré, professeur au département des Sciences de l’Education au moment où celui-ci était en train de donner son cours en classe.
En tout cas, il faudra noter d’autres actes de violences dans d’autres structures universitaires et grandes écoles. Il s’agit notamment, de la faculté de Droit Privé, de la faculté de Pharmacie et de l’Institut Supérieur de la Santé, toute chose qui indique une tendance à la généralisation et à la banalisation de la violence dans les espaces voués à la formation intellectuelle.
Moussa Dagnoko