Le développement d’un pays s’acquiert par une généralisation de la scolarisation. Au Mali, l’instruction est considérée comme un droit pour tous par les différentes Républiques successives. Malgré cette volonté, elle est loin d’être généralisée.
L’EDUCATION SOUS LA PREMIERE REPUBLIQUE
Sous la colonisation, l’école avait pour objectif de former les cadres subalternes de l’administration et ne touchait qu’une population très limitée, ne dépassant pas 10%.
L’indépendance marque une rupture. Dès sa prise de fonction, le premier président du Mali, Modibo Keïta, affiche comme une priorité la révision du système éducatif hérité de la colonisation au profit d’un enseignement de masse et de qualité destiné à former les cadres dont le pays a besoin pour son développement.
La loi fondant le système éducatif du Mali est votée en 1962 et le projet éducatif se concrétise par la réalisation d’infrastructures scolaires, la formation et le recrutement d’enseignants, la fourniture d’équipements et de manuels scolaires.
L’accès à l’école augmente de façon continue. A la fin des années soixante, près d’un tiers des garçons et un cinquième des filles vont à l’école, trois fois plus qu’en 1960.
LE MODE DE SCOLARISATION DE LA SECONDE REPUBLIQUE
Cet essor est interrompu par le coup d’Etat de 1968 et les années soixante-dix sont marquées par la première crise du nouveau système éducatif. La dévalorisation de la fonction enseignante et la répression du corps enseignant par le régime militaire, les retards de salaires dus à la crise économique (sécheresse quasi-endémique et la mauvaise gestion) sonnent le glas de la réforme de 1962.
RURALISATION DES ECOLES
La ruralisation des écoles et la privation en même temps de moyens didactiques de base. La crise du système éducatif se manifeste par les grèves des élèves, étudiants et enseignants. D’abord localisées et spontanées en 1970 et 1972, les mouvements prennent en 1976-1977 et 1980 une forme plus structurée et politisée, et se heurtent à la répression du régime militaire en place.
Abdoul Karim Camara dit Cabral, leader de l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali (UNEEM) est assassiné le 17 mars 1980. Unique syndicat des enseignants, le Syndicat National de l’Education et de la Culture (SNEC) est réprimé par le comité militaire de libération nationale.
Le syndicat d’enseignants et associations d’étudiants passe sous le contrôle du pouvoir en place, le premier en s’inféodant au parti unique, l’UDPM (Union Démocratique du Peuple Malien), la seconde en s’affiliant à l’organisation de la jeunesse du parti, l’UNJM (Union Nationale des Jeunes du Mali).
POLITISATION DE L’ECOLE MALIENNE
Cette interférence du champ politique dans l’école malienne participe à la dégradation du système éducatif et à la crise de confiance dont il est l’objet. Les restrictions budgétaires imposées par les instances internationales dans le cadre de la gestion de la dette s’ajoutent au tableau. Les mesures de rigueur adoptées pour diminuer le coût de la masse salariale des fonctionnaires contribuent à démobiliser parents et enseignants de l’objectif scolaire.
Le gel des recrutements d’enseignants, la fermeture des instituts de formation de maîtres, le départ massif d’enseignants expérimentés à la retraite anticipée, le recours à des vacataires puis à des volontaires sous-qualifiés, les restrictions budgétaires touchant les salaires, primes et capacité d’investissement de l’Etat sont autant de facteurs qui concourent à la dévalorisation de la fonction enseignante.
Entre 1985 et 1990, les effectifs d’enseignants du fondamental ont baissé de plus de 0%. Dans le même temps, la Fonction publique, qui garantissait jusque-là un débouché aux diplômés, ferme progressivement ses portes. Un concours d’entrée est instaurée en 1983 et depuis les postes mis en concours diminuent. Les familles se détournent de l’école dès lors qu’elle n’assure plus l’emploi et la promotion sociale.
L’ECOLE SOUS LA TROISIEME REPUBLIQUE
La crise de l’école malienne est l’un des éléments moteurs de la chute de la dictature militaire en 1991 et par suite de l’avènement de la troisième République. Le développement de la scolarisation est très vite affichée comme une priorité nationale par le nouveau gouvernement. Cet objectif nécessite cependant bien plus des ajustements tant les moyens sont limités en raison des contraintes de l’ajustement structurel.
Deux principaux chantiers sont engagés ce qui s’est traduit d’une part par la création d’une université du Mali et d’autre part la réorganisation de l’enseignement fondamental, en s’appuyant sur l’enseignement privé et la mobilisation des communautés locales.
L’UNIVERCITE
Quant au premier chantier, en l’occurrence l’université du Mali, elle a ouvert ses portes en novembre 1996 en s’appuyant sur les grandes écoles existantes. Et le second chantier à savoir la nouvelle école fondamentale s’est basé sur l’enseignement privé, qui s’exerçait jusqu’alors dans un flou institutionnel sans réglementation précise, est reconnu en juillet 1994.
Les établissements d’enseignement privé peuvent désormais conclure des conventions particulières avec l’Etat et bénéficier le cas échéant, d’un soutien pour l’acquisition de terrains pour la réalisation d’infrastructures scolaires.
LE PROGRAMME DECENNAL DE DEVELOPPEMENT DE L’EDUCATION (1998-2007)
La politique de l’éducation se poursuit depuis 1998 dans le cadre du Programme Décennal de Développement de l’Education (PRODEC), mis en oeuvre avec l’appui de la Banque Mondiale. Ce programme a pour mission, de restructurer le système éducatif en améliorant l’accessibilité à l’éducation de base, la qualité de l’enseignement pour tous, la capacité de gestion du système et de développement de l’alphabétisation.
L’objectif est d’atteindre un taux de scolarisation de 75% en 2008, 95% en 2010 et à plus long terme d’assurer l’enseignement secondaire à 65% des titulaires du DEF. La scolarisation pré-scolaire est également concernée. L’objectif étant d’offrir un accueil pré-scolaire à 10% des enfants d’ici 2008. Actuellement malgré que le PRODEC n’a pas atteint sa date échue, il est en deçà des projections.
DES DEFIS RESTENT IMPORTANTS
Si la poursuite du développement de la scolarisation est un enjeu majeur pour les années à venir, d’autres défis sont à relever en matière de traitement des inégalités d’accès à l’école, mais aussi de contrôle de la qualité des enseignements dispensés et du niveau des diplômes délivrés.
Dans le domaine des inégalités entre sexes, les choix éducatifs des familles maliennes se sont toujours faits en faveur des garçons. Au début des années soixante, on comptait à peine 2 filles scolarisées pour 5 garçons et le rapport était d’une pour cinq au niveau secondaire. Ces écarts se sont nettement réduits depuis mais restent considérables et se creusent à mesure que l’on avance dans le niveau de formation.
Non seulement les filles sont envoyées bien moins souvent à l’école que les garçons mais elles interrompent aussi leur scolarité beaucoup plus tôt. A la fin des années quatre-vingt dix, l’accès à l’école des filles était encore inférieur de 30% par rapport à celui des garçons et il était deux fois plus faible pour l’entrée dans le secondaire.
LES DISPARITES REGIONALES
Les différences de scolarisation sont également marquées en fonction du milieu de résidence. Le taux net de scolarisation primaire (1er cycle fondamental) est deux fois plus élevé en ville qu’en milieu rural et les écarts sont encore bien plus marqués (1 à 9) aux niveaux supérieurs. La capitale détient le record avec un taux de scolarisation primaire supérieur à 75.
Ces différences tiennent en partie compte des écarts de motivation des familles à envoyer leurs enfants à l’école, mais aussi aux inégalités dans la disponibilité des structures scolaires, qui conduisent les familles à renoncer à la scolarisation de leurs enfants ou à les envoyer poursuivre leur scolarisation en ville.
Malgré le développement des écoles communautaires, les inégalités restent importantes. Les régions de Mopti et Kidal ont les niveaux de scolarisation les plus faibles dont le taux net de scolarisation était inférieur à 25% en 2001. En revanche, les régions de Koulikoro et Gao ont les niveaux les plus élevés (40% ou plus), les autres régions se situent en position intermédiaire.
Mamoutou DIALLO (Stagiaire)
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