Le calvaire de l''Enseignant

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ATT à sa sortie de l’Ecole Normale Secondaire, où il a comme professeur l’ancien maître du Second Cycle Alpha, aurait pu en être un, s’il n’avait bifurqué vers l’armée, où il devint instructeur para-commando, c’est-à-dire enseignant, comme Moussa Traoré, qui était l’instructeur des miliciens de l’US-RDA,

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Comme on le sait, dans l’armée, il y a tous les métiers : des médecins, des comptables, des secrétaires, des cuisiniers, des cordonniers. Modibo Kéïta, Mamadou Konaté, Fily Dabo Cissoko furent des enseignants. Il semble que le malheur de cette corporation vienne de son succès même, comme l’illustre l’anecdote selon laquelle une jeune étoile montante de la musique malienne de la fin des années 70, interrogée sur ce qu’elle aimerait que le ministère de la Culture lui accorde comme avantage, répondit qu’elle se contenterait d’être nommée enseignante !

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C’est le président Modibo qui, voulant d’un enseignement « de masse et de qualité », fit un recrutement massif de maîtres du Premier Cycle (leur a-t-il volontairement refusé le titre respectable, qui était le sien, d’ « instituteurs » ?), un certain 26 août 1962, à partir du niveau Sixième, après seulement trois mois de stage, une aubaine dont certains mécaniciens de moto, pour avoir fait quelques années d’école, auraient profité pour entrer  dans le cadre. Certes, certains de ceux-là se montreront des enseignants émérites, tandis que  ceux d’entre eux qui ne purent pas passer le CEAP furent finalement remerciés après le coup d’Etat.

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La Deuxième République, qui voulut revaloriser le métier, talonnée par des syndicats en qui elle finit d’ailleurs par voir des séditieux, le laissa tomber d’une manière qui ressemblait à de la vengeance : les enseignants devinrent des citoyens de seconde zone dans une société régie par l’argent. Une vive rivalité dans le domaine intellectuel, et surtout auprès des filles, les opposa    « le bouffeur de craie » mordit la poussière devant « le chômeur armé » (on aura reconnu deux amabilités qu’ils s’adressaient ordinairement). Que voit-on sous la Troisième République ? Un spectacle qui révolte les enseignants et amène tel d’entre eux, cinquantenaire, à se déclarer aigri et à renier tout l’idéal qui l’avait fait opter pour ce métier. En effet, des « révolutionnaires » de 1991, qui avaient à peine à manger il y a vingt ans, sont devenus milliardaires et offrent des 4×4 à leurs maîtresses !

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Depuis 1991, il est vrai, les salaires ont doublé, sont régulièrement payés et ATT a fait accéder à la propriété immobilière de nombreux enseignants dans des quartiers modernes enviés par les riches ; et il va certainement donner la prime de logement aux autres pour aider à la construction personnelle ceux qui n’auront pas le logement social. Mais il faut sauver – tâche gigantesque où Houphouët lui-même échoua finalement – l’enseignant du mépris de la société, qui ne voit en lui que l’éternel dernier et, ce qui n’existait pas à l’époque de l’instituteur, des bavards et des coureurs de jupons. Comment ? En relevant le niveau de recrutement comme dans la médecine, la magistrature, le corps des ingénieurs ou celui des officiers, et cela dans tous les ordres d’enseignement.

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En Angleterre, apprenons-nous, les maîtres du Premier cycle sortent de l’université. Mais il faut d’abord libérer le professeur Bassirou Minta, quand on sait que le pyromane de l’AEEM ou le délinquant en col blanc qui a détourné des centaines de millions ne vont jamais à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako, ou en partent très vite. Qu’a-t-on fait à l’Etat qui donne périodiquement, comme cette année au DEF, à nos garçons et à nos petites filles, des sujets appelant à critiquer l’excision, une pratique séculaire honorable du peuple malien, comme viennent de l’affirmer d’éminents professeurs à l’émission « En toutes lettres » de la télévision nationale ?

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N’est-ce pas là un crime de lèse-majesté contre le peuple souverain du Mali ? Qu’on cesse donc de rendre le Chef de l’Etat coupable de ce que les juges ont fait, en oubliant qu’il est devenu l’ami des enseignants depuis qu’il a songé à leur rendre leur dignité en les logeant.

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Ibrahima KOÏTA

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