Il y a environ un mois, la tension est montée d’un cran entre les membres du Bureau de Coordination de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM). Nous n’avons cessé de tirer la sonnette d’alarme. Mais en vain, on n’a pas pris connaissance de la moindre réaction des plus hautes autorités du pays et la situation s’est dégradée avec le dernier affrontement du 03 juin qui a fait des blessés graves des deux camps. Après avoir écouté les protagonistes, la situation est loin de se calmer.
Rappelons que le 17 mai, un groupe d’étudiants avec à sa tête, les Secrétaires Généraux de la FLASH , FSEG, FAST et l’IUG ont manifesté leur mécontentement. Ils ont pris en otage les compositions des classes de Terminale de la Rive Droite et pillé la maison du Secrétaire général du bureau de Coordination, Amadoun Traoré. A en croire au groupe révolutionnaire, l’actuel Secrétaire de la Coordination serait de mèche avec l’administration scolaire et universitaire, notamment les Ministères en charge de l’Education. Pour eux, Amadoun ne fait plus l’affaire des élèves et étudiants du Mali. Il cherche plutôt à s’enrichir. C’est suite à cela que le Comité directeur a radié les quatre Secrétaires généraux. C’est à partir de cet instant que les tensions sont montées. Ainsi donc, le vendredi 03 juin, les choses ont dégénéré. La Colline du savoir fut transformée en champs de bataille. Depuis lors, c’est la méfiance totale entre les étudiants. D’après certaines indiscrétions, le Secrétaire général de la Coordination , Amadoun ne vient plus sur la Colline en plein jour. Rencontrer un membre du bureau de la Coordination ou des secrétaires radiés, est devenu un combat de titans. La preuve est que le Secrétaire à l’information de la Coordination , non moins Secrétaire général de la FLASH , Diakaridia Diallo, se fait escorté maintenant par plus de dix motos. Et Amadoun ? En ce qui concerne le Camp des radiés, Jabar Traoré et ses hommes, depuis le mardi, ils sont injoignables. Ils ne font confiance à qui que ce soit.
Dans cette affaire, si les éléments du Secrétaire général de la Coordination , à travers leur chargé à l’information, tiennent des propos apaisants, tel n’est pas le cas de chez les hommes de Jabar, l’ex-Secrétaire général de la FSEG à travers Karim traoré. Pour s’imprégner de l’état de santé des blessés du malheureux évènement du 03 juin, nous avons été à l’Hôpital Gabriel Touré. Couchés à la neurochirurgie dans un état critique, Mamadou Diouara, farouche opposant à Amadoun, lors des élections du Comité quand Amadoun était encore à la FLASH , et Zoumana Sangaré l’ex-Secrétaire général de la FAST n’ont pas pu nous dire mot. On a trouvé l’un des deux blessés légers, Karim Traoré, ex-Secrétaire général aux revendications du bureau de coordination. Arrêté puis, relâché par le 4ème Arrondissement avec des fractures à la tête et le bras cassé, Karim Traoré était venu pour recevoir des soins. «Je devrais faire la traumatologie depuis hier lundi. Ce mardi encore, je n’ai pas eu de soin au motif qu’il faut d’abord l’autorisation du Directeur de l’Hôpital. Je ne sais pas comment l’avoir. Vous me voyez couché dans l’attente de cette analyse». Quand nous sortions de la neurochirurgie, cette question avait trouvé un début de solution. «Je ne savais pas ce qui se passait. On m’a agressé dans les rues de Daoudabougou. Des éléments armés de bars de fer m’ont brusquement arrêté. Voilà un élément de Jabar, disaient-t-ils et ils m’ont sérieusement blessé. Il y a plus de 7 plaintes contre Amadoun, mais tous ceux qui ont porté plainte contre lui ont été arrêtés. Peut-être qu’il est plus Malien que nous autres. En tout cas, je ne demande rien à l’Etat, encore moins à la justice, mais je ne resterai pas les bras croisés» a-t-il ajouté. «Après le saccage de la Chambre d’Amadoun, pour se venger, il a brûlé 12 chambres. Je tiens à préciser que nos têtes étaient mises à pris à 150.000 Fcfa pour celui qui mettra la main sur Jabar, Aly Cissé, Zoumana Sangaré, Abdoul Wahab Mariko et 100.000 pour moi-même», a-t-il révélé.
Rappelons que, le Premier Ministre et Mme le Ministre de l’Enseignement Supérieur ont effectué une visite aux malades. Il avait même été annoncé que leur prise en charge sera au compte de l’Etat. Cette assertion ne tient pas, nous a précisé la mère de Mamadou Diouara, présidente de la Cafo régional de Gao. «En dépit de l’insistance des Ministres pour leur prise en charge rapide, c’est seulement ce mardi, 7 juin que les clichés du scanner sont sortis et ne sont même pas interprétés à l’heure où je vous parle», soutiendra-t-elle. Et de poursuivre que seulement, «le Premier Ministre m’a remis une enveloppe de 60.000F et l’engagement du Rectorat de prendre en charge les frais du scanner».
Approché par nos soins, le Secrétaire à l’information, non moins nouveau Secrétaire général de la FLASH , Diakaridia Diallo, nous relate sa version. «Après la prière du vendredi, à 14h dans ma chambre avec des amis, j’ai entendu des coups de feu. Alors, je suis sorti pour savoir ce qui se passe. Du coup, je vois Zoumana Sangaré, Dioura et Cissé plantés devant moi. Zoumana tenait à la main un revolver, il a tiré sur moi, mais je me suis jeté par terre. C’est ainsi que j’ai eu la vie sauve, même si je suis tombé sur un mauvais côté. C’est suite à cela que j’ai eu des blessures. On m’a amené à l’hôpital. Etant là bas, j’ai appris qu’ils ont demandé à Amadoun étant en ville de venir sur la Colline s’il est homme. Ce dernier vint se présenter. D’après Amadoun, Aly a essayé de le frapper avec un bâton qui l’a légèrement blessé. Pour venir en aide à leur Secrétaire général, ajoute Diallo, les membres du bureau de l’IUG et la FAST ont prêté maint forte et les loubards des «agresseurs» ont pris la tangente. Malgré leur gris-gris ils on mordu de la poussière». Mais, entre temps, Amadoun ne dort plus sur la Colline , mais chez lui à Boulkasounbougou. Aux dires de Diallo, la scène a commencé en présence des policiers qui ne sont intervenus qu’un peu tard. Diallo a quand même tenu des propos apaisants. « Seul le Congrès peut décider l’élection du secrétaire général. Je souhaiterai que les choses s’arrêts là. Nous sommes des intimes amis, je porte les mêmes chemises que Jabar Traoré. Vous voyez cette chemise que je porte ? C’est lui qui l’a achetée et il porte des chemises que j’ai achetées. Je ne comprends pas pourquoi ce déchaînement. Est-ce que ça vaut la peine tout ça ? Je pense que non. Qu’on arrête et que les choses rentre dans l’ordre», a-t-il conclu.
Oumar KONATE
