Etat d’avancement des négociations entre le gouvernement et le Snesup : Le statuquo des propositions, des rejets et des contre-propositions.

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Après 80 jours d’arrêt de cours, caractérisés par un bras de fer sans précédent entre le gouvernement et le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur, l’enseignement supérieur dans notre pays se trouve aujourd’hui  dans une impasse. Tantôt c’est le gouvernement qui fait des propositions et qui sont rejetées par les enseignants, tantôt ce sont les enseignants qui prétendent faire des propositions et qui ne sont pas prises en compte par les plus hautes autorités du pays. Ce jeu de ping-pong qui ne s’est jusque-là soldé que par un échec total et un immobilisme à nul autre pareille, mérite à la fois une véritable  analyse de fond de la question mais aussi des mesures de précaution urgentes pour éviter la réalisation d’un scénario tant redouté  par « les ramasseurs des pots cassés ».                                                  

Décidemment,  la crise universitaire malienne aura connu toutes sortes de rebondissementset le comble sans que l’épilogue ait encore choisi sa demeure. De l’indifférence collective à la prise de conscience nationale qui s’était manifestée par les multiples actions menées de part et d’autre, visant le rétablissement du dialogue,  le long métrage de ce  bras de fer  opposant le gouvernement et les enseignants vient d’atteindre non seulement sa vitesse de croisière, mais également son état le plus critique. Autrement dit « Ça passe ou ça casse ».

Malgré les propositions concrètes faites par le gouvernement aux enseignants grévistes dont entre autres l’adoption des statuts et plans de carrière, la majoration de la grille de rémunération en vigueur des primes  et indemnités, la majoration des heures supplémentaires assortie d’une rationalisation et d’une transparence de leur gestion, l’intégration dans  la fonctionpublique, le plan de développement (2011-2015) de l’enseignement supérieur et les mesures d’accompagnement, la crise n’a pas été resolue. Ces engagements représentent aux dires du Premier Ministre une incidence financière de 1 787 212 534 F CFA, soit une augmentation des rémunérations des enseignants et chercheurs en moyenne de 47,02% avec un salaire moyen de 462 799 F CFA.  Ainsi le revenu mensuel d’un assistant ou d’un attaché de recherche débutant passera de 233 322 F CFA à 344 370 F CFA, soit une hausse de 121 048 F CFA (54,20% d’augmentation). Le revenu mensuel d’un maitre-assistant ou d’un chargé de recherche débutant passera de 259 374 F CFA à 398 225 F CFA, soit une hausse de 138 851 F CFA (53,53% d’augmentation). En ce qui concerne les maitres de conférence et les maitres de recherche, c’est une hausse de 133 255 F CFA (47,61% d’augmentation) soit un revenu mensuel de 413 135 F CFA au lieu de 279 880 F CFA. Quant aux professeurs et les directeurs de recherche débutants, leur revenu mensuel passera de 314 609 F CFA à 439 342 F CFA soit une hausse de 124 733 F CFA (39,65% d’augmentation).

Ces différentes propositions concrètes, qui ont été jugées comme ayant une valeur appréciative, traduisant la bonne volonté du gouvernement et perçues par l’ensemble des observateurs et partenaires de l’école comme une avancée notoire  de sortie de crise, furent dans leur intégralité, au grand dam de tous et de toutes, rejetées par le SNESUP.

Etonnés de cette réaction, nous avions approché par téléphone le secrétaire général dudit syndicat pour avoir d’amples informations sur leur décision d’avoir refusé la main tendue du gouvernement. Le Docteur Abdou Mallé nous a attesté que son syndicat, auparavant avait fait des propositions concrètes que le gouvernement a totalement ignoré, et qu’il s’est prononcé bien avant la fin des négociations d’où leur décision de ne considérer les leurs. Par conséquent, le SNESUP rejette ces propositions et entend selon des sources d’informations réitérer les siennes au gouvernement.

Face à cette réaction d’inflexibilité des enseignants, qui prouve encore une fois leur détermination à aller jusqu’au bout de leur combat, et même s’il faut y trainer avec eux dans la boue l’avenir de milliers de jeunes, force  est d’admettre que cette crisequi sévitnotre université depuis 3 mois, ne vient que de commencer. Les véritables points de blocage sont relatifs à l’alignement des salaires sur ceux de leurs homologues du Nigeret la nouvelle hiérarchisation. Or ces deux points sont les plus sensibles du côté du gouvernement qui selon son N°1 sont, soit en désuétude avec les réalités de nos deux pays pour le premier point (l’alignement des salaires sur ceux du Niger), soit avec les textes du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES) et dont notre pays en est membre.

En attendant la suite de cette crise de nerfs, nous pouvons d’ores et déjà apprécier une lueur de volonté pour ces propositions, certes jugées insatisfaisantes pour le SNESUP mais significatives et porteuses d’espoir car émanant d’un dialogue mutuel et d’une volonté reciproque.Tout en exhortant nos enseignants dans le plus grand respect de leurs revendications et de l’ensemble de leur combat pour l’amélioration de leurs conditions  de vie, à mettre un peu d’eau dans leur vin car nous pensons très sincèrement que « Un tiens, vaut mieux que deux tu auras ». Aux différents médiateurs, nous tenons à leur réaffirmer notreinfinie gratitude pour tous les sacrifices qu’ils mènent en faveur de la résolution de cette crise, tout en les invitant à resserrer les ceintures car tous les sacrifices qu’ils consentissent ne sauraient restés impayés.

Aux étudiants, nous restons fidèles à nos principes habituels, lesquels principes qui nous permettent de surmonter dans l’espoir, la force, le courage et la volonté cette crise. Nous l’avons dit et nous ne cesserons jamais de le répéter. Les profs ont certes déserté les amphis, mais aucun livre ni document n’a déserté aucune des bibliothèques de notre pays. Les cours ne sont certes plus dispensés comme nous le voulons, mais nous avions toujours à travers le net l’opportunité de puiser dans les mêmes ressources que nos enseignants pour combler le vide de cette triste réalité. Notre formation ne sera que ce que nous en voudrions  en faire, car en cette phase très cruciale de la mondialisation et de l’intégration africaine dans laquelle nous sommes, nous demeurons les seuls maîtres de notre destinée.

FOUSSEYNI MAIGA&

MARIAM SANOGO

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