Éducation : La révolte des écoles privées

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De guerre lasse, les promoteurs des écoles privées du Mali ont décidé de passer par la manière forte pour  astreindre le Gouvernement à respecter ses engagements. C’est ainsi que tous, unis comme un seul homme, ils ont lancé un mouvement de grève le jeudi dernier, 22 novembre 2007. Cet arrêt de travail de 72 heures  est fortement ressenti dans les milieux scolaires de Bamako. Le motif est de protester contre le retard dans le paiement des frais scolaires que l’Etat leur doit au titre l‘année académique 2006-2007.

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En effet, à compter du 15 mai 2007, les promoteurs  devaient entrer en possession de l’argent que le Gouvernement malien leur doit. Après qu’un début de paiement ait été observé, le crédit restant ne suffisait plus pour faire face aux autres états de paiement. Et c’est seulement en fin septembre dernier que le Directeur administratif et financier du ministère de l’Education Nationale (à l’époque) a écrit à la Direction nationale du budget pour l’ouverture d’un crédit concernant la demande de ces établissements. Après cette correspondance,  personne n’avait voulu s’occuper du dossier. 

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Aux dernières nouvelles, les autorités s’affairent dès le déclenchement de la grève pour trouver une solution. Mais auparavant, elles auraient plutôt tenté de dissuader les grévistes.

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Sur le terrain, le constat que l’on peut faire est que les syndicalistes et leurs employés sont solidaires. Dans les établissements privés de la Rive Gauche comme  ceux de la Rive Droite, c’est un calme plat qui régnait. «Nous n’avons pas reçu de correspondance particulière par rapport  à cette grève, mais nous l’observons tout comme les autres établissements privés», a déclaré K. D., Censeur d’un Lycée privé de la Rive Droite. L’engagement de cet administrateur scolaire traduit à quel point il est prêt à défendre la cause commune. Et pourtant son établissement n’est  encore affilié à aucune Association des écoles privées.

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Pour Amadou Samaké, un promoteur, c’est faute d’un engagement réel de l’Etat à prendre leurs préoccupations en compte qu’ils ont choisi d’aller en grève : «Je ne comprends pas que malgré la part de l’éducation dans le budget national, les écoles privées soient réduites à pleurnicher pour avoir leur dû. Je pense tout simplement que le département n’a pas travaillé quand il en avait le temps».

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Les enseignants, quant à eux,  soutiennent fermement l’option faite par leurs employeurs. « Ce qui se passe est certes une menace pour les promoteurs. Mais nous aussi, nous sommes inquiets. Si les frais scolaires   ne tombent pas à temps, nous en pâtissons. Également, la poursuite de la grève peut nous causer préjudice », a expliqué Malick Diakité, professeur de math.

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Si le problème des frais scolaires relève d’une crise de trésorerie, ses conséquences risquent de plonger le pays dans une crise sans précédent. En effet, la majeure partie des établissements scolaires du Mali sont privés. « Plus de 70 % des écoles de Bamako sont non étatiques », a laissé entendre un proviseur et c’est là que se trouvent la plupart des enfants. En tout cas, les acteurs du mouvement syndical sont déterminés à aller jusqu’au bout de leurs efforts. «Si nous n’obtenons pas satisfaction, nous allons reprendre la grève pour une semaine», a déclaré un promoteur.

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La force des établissements privés dans cette situation est qu’ils jouent le rôle que l’Etat n’arrive pas à assurer aux citoyens. N’eut été leur apport, les autorités auraient eu du mal à s’occuper de milliers de jeunes qui seraient obligés d’interrompre leur scolarité faute de structures publiques. Déjà, cette année , plus de 14 000 élèves admis au Diplôme d’Études Fondamentales ( DEF) n’ont pas eu la chance d’être orientés. Quant aux plus veinards, ils ont été accueillis par les établissements privés, alors que ces derniers doivent des comptes à leurs banques par la faute de l‘Etat.

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Pour sa part, le Pr. Amadou Touré qui est le ministre le plus concerné par la question semble être un peu dépassé. D’abord, il fait face à une affaire qui était en suspens, le département ayant été longtemps sans chef. Mais en matière de réponse aux affaires de sa charge, il peine à trouver sa voie.

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Ce qu’il a pu dire est juste qu’il va en parler au conseil des ministres. On se demande comment il va apaiser cette révolte des écoles privées qui observent leur première grève au Mali. Les autres fois, on a joué sur leurs fibres patriotiques pour les raisonner. Mais ventre affamé n’a point d’oreilles pour la patrie.

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Soumaila T. Diarra.

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