Crise scolaire à la FMPOS

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Dans une correspondance datée du 5 juillet 2007, le Doyen de la Faculté de médecine de Pharmacie et d’odontostomatologie faisait à Mme le recteur de l’université du Mali le compte rendu sur l’évolution de la crise scolaire relative au concours d’internat. Afin de mieux vous édifier  nous vous proposons le texte intégral.
 
« Madame le Recteur,

Sur vos conseils, j’ai réuni les membres de l’AEEM dans un premier temps puis l’ensemble AEEM e la coordination des internes en présence d’un Enseignant de la FMPOS , le Docteur Bouraima Maïga assistant de clinique en gynécologie de l’hôpital du Point G toute la journée du 4 juillet.
Nous avons écouté les membres de l’AEEM dans la matinée de 10h à 12H environ et l’ensemble AEEM et Coordination des internes l’après midi de 14h à 17h..

Ils ont demandé à ce que nous tenions compte de leurs points d’inquiétude, si non ils s’opposeront toujours à la réalisation du concours quelques soit le jour et le lieu. Ces points d’inquiétude sont :
·    L’arrêt du ministre de la santé n’a pas respecté le consensus entre internes et secrétaire général du ministre.
·    Dans ce consensus il était question de les consulter à propos de la date, ce qui n‘a pas été le cas.
·    Par ailleurs ils n’ont pas obtenu satisfaction sur le point du quota, c’est-à- dire le nombre de postes ouverts au concours.
·    Ils souhaiteraient avoir un document écrit donnant l’assurance que ceux qui n’auront pas passé au concours qui seront désormais appelés étudiants hospitaliers continueront de percevoir en Année de thèse les 500f , la gratuité des examens complémentaires de diagnostic.
Ils souhaiteraient aussi connaître le salaire des internes.

Ils ont affirmé être ouverts au dialogue. Nous, de notre côté avons insisté sur l’obligation de respecter la loi. Je leur ai fait comprendre que sans la décision du ministre, eux ne seraient pas à la FMPOS , et chaque mois de bourses qu’ils perçoivent est conditionné à la signature d’une décision du ministre, mais un Arrêté est au dessus de la décision et que nous sommes obligés de le respecter de la même façon que les agents du trésor respectent la décision pour payer leur bourses.

Finalement il a été convenu qu’ils rencontrent leur base sur la question de la date du concours car il faudrait donner la chance à ceux qui ont retiré leur dossier de se représenter au concours, et que nous de notre côté nous cherchions les  informations sur le sort des étudiants hospitaliers, le salaire des internes, et que après le concours ensemble nous essayons de porter des amendements à l’article concernant le quota.

En conclusion, je pense que chacun est en train de chercher une porte de sortie de crise.
Veuillez agréer Madame le Recteur l’expression de ma très haute considération».

Pr. Anatole Tounkara
 
 


 
PR ANATOLE TOUNKARA DOYEN DE LA FMPOS  : A propos du rififi né du concours des internes
 
Le samedi 14 juillet aux environs de 3 heures du matin, la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie du Mali a été la cible d’éléments égarés qui ont mis le feu à quatre véhicules, la salle des professeurs et brisé les vitres du bureau du doyen, du vice doyen et des assesseurs. L’argent du contribuable est ainsi parti en fumée.
Les dégâts ont été évalués à plus de 100 millions de nos francs. C’est vraiment dommage que des étudiants aient opté pour cette solution pour tordre le bras à la direction, au département et au gouvernement. Le Premier Ministre informé par le ministre de la santé a dépêché sur le site trois membres du gouvernement pour constater les dégâts. Une enquête a été ouverte pour connaître les auteurs de cet acte crapuleux. Informé du crime notre équipe de reportage s’est transportée sur les lieux afin de mieux vous édifier sur ce qui s’est passé .Le bureau du Doyen  n’a pas échappé à l’acte des vandales. Au moment de leur passage les feuilles d’examens étaient sur place. En effet, les professeurs de la FMPOS étaient conviés le samedi matin pour la correction des sujets d’examen .Heureusement que le cocktail Molotov lancé n’a pas pris feu. Nous vous proposons l’interview du Pr. Anatole Tounkara.
 
Le Pouce : A l’attention de nos lecteurs, que s’est-il passé ?
Pr. Anatole Tounkara : Les faits remontent un peu dans le temps. Il y a de cela quelques temps, les internes ont brûlé des véhicules devant l’hôpital national du Point G et menacé les usagers de leur injecter des seringues contaminés. Depuis cet évènement, le problème des internes a été pris à bras-le-corps. Les textes qui étaient en rédaction ont été finalisés. Il y a eu l’arrêté d’organisation et d’ouverture du concours d’internat, la mise en place de la commission hospitalo-universitaire, la commission ad hoc d’organisation et la nomination des responsables de cette commission composée de cinq membres de chaque ministère. Le concours est ouvert et organisé et il faut le faire. Un arrêté a été pris fixant la date du concours.
 
La première date a été ajournée parce que les étudiants ont pris d’assaut, la veille, au soir la faculté. Ils menaçaient de flamber les amphithéâtres et tout ce qu’ils trouvent devant eux et même les laboratoires de recherche. Il y a eu beaucoup de négociation avec eux pour leur démontrer que nous sommes dernière l’application d’un arrêté que eux-mêmes ont voulu par la grosse manifestation de novembre 2006. Tout le monde a été au courant de cette situation.
 
C’est avec beaucoup d’indignation que le constat a été fait que les internes en médecine ont tenté  d’injecter un produit inconnu, sans la volonté d’un individu, contre toute éthique et dignité humaine, pour réclamer le statut de l’interne.
 
Le statut de l’interne est à présent là. Le concours est organisé et les services validant ont été définis par la commission hospitalo-universitaire. Ces services validant ont été définis sur la base du critère suivant.

Pour être capable de former un interne en médecine, il faut que ce service  ait à sa disposition un professeur titulaire ou un agrégé.

A Bamako, il n’y a que cinq structures (IOTA, Gabriel Touré, CNOS, Kati et Point G). Quand les services validant ont été identifiés, le quota a été fixé sur la base des considérations pédagogiques, du nombre de lit, des capacités financières des hôpitaux. Il faut préciser que l’interne sera payé sur les ressources propres des hôpitaux. Le total des internes a été fixé à 48. C’est un des points de désaccord des internes. Ils souhaitant que le quota soit  fixé à 100 au lieu de 48, que le salaire soit donné en CFA et que le sort des étudiants hospitaliers soit également défini en terme de salaire, de sécurité sociale et de couverture sanitaire.
 
Je me suis saisi du dossier, moi-même, au lieu que les vices doyens aient à les rencontrer plusieurs fois. Le point essentiel sur lequel j’ai insisté avec eux pendant six heures de dialogue, est que nous avons devant nous un arrêté interministériel. Moi je suis un fonctionnaire qui doit appliquer les arrêtés. Je me suis engagé sur les six points de discussions que nous avons eu avec eux.

A mon avis aucun des six points n’est resté sans réponse. Le problème réel, c’est qu’il y a un refus systématique pour nous, sans raison que le concours ne se fasse.
 
La loi doit être respectée. Il faut qu’ils sachent que c’est une simple décision qui a fait venir à l’école de médecine et non à la faculté des sciences et des techniques beaucoup d’entre eux. Je leur ai expliqué que l’arrêté est au dessus d’une décision et qu’au dessus il y a le décret et la loi. Pour eux, il faut que ce concours soit annulé. Si ce n’est pas fait ils vont brûler le doyen et tout sur leur passage. Ils viennent de brûler tous les véhicules de l’état malien à la disposition de la faculté.
 
Le Pouce : Avez-vous une idée du montant des dégâts ?
Pr. Anatole Tounkara : Je peux difficilement évaluer les dégâts. Je pense qu’ils sont supérieurs à 100 millions. La salle des professeurs est partie en fumée avec tout le matériel. Nous allons demander à un huissier de nous faire une évaluation exacte des dégâts.

Le Pouce : Envisagez-vous des poursuites ?
Pr. Anatole Tounkara : Bien sûr que oui. Nous les enseignants avons pris la décision que si la loi n’est pas respectée, nous arrêtons les cours. Nous sommes un pays en construction. Nous ne pouvons nous permettre qu’à chaque fois que les étudiants sont mécontents d’une loi, qu’ils brûlent tout ce que nous avons réalisé. Nous ne sommes pas contre les revendications syndicales. Mais nous voulons que la loi soi appliquée.

Le pouce : Votre mot de la fin ?
Pr. Anatole Tounkara : C’est tellement regrettable de la part d’étudiant en médecine qui en veulent à mort à quelqu’un alors  que leur vie doit être dédiée  à faire reculer la mort. Avant leur sortie d’école, si les étudiants menacent de mort, mettent le feu à la salle des professeurs, je me pose la question de savoir comment ils vont traiter leurs patients. Ma préoccupation, en ce moment, c’est que nous avons raté en tant qu’enseignant l’aspect déontologique de notre métier. Les jeunes n’ont pas compris que leur vie doit être dédiée à sauver d’autres et même leurs ennemis. Un concours d’internat n’est pas une obligation. Pourtant on a pu entendre de leur bouche « si on ne le fait pas il y aura mort d’homme ». Le constat est amer et je ne peux pas le comprendre.
 
Propos recueillis par  Tiémoko Traoré
 

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