Le campus universitaire de la FAST fut transformé en un véritable champ de bataille entre divers groupes rivaux d’étudiants, vendredi après-midi. Tous les ingrédients étaient réunis pour venir à bout de son adversaire : les uns munis de machettes et d’armes à feu dont des pistolets de fabrication artisanale, les autres de bâtons, de cailloux. C’était le sauve-qui-peut. Résultat : quatre étudiants ont été blessés dont deux grièvement et ont été admis d’urgence au CHU Gabriel Touré. Après quelques observations, deux ont pu regagner leur domicile pendant que les deux autres, inconscients, sont restés à l’hôpital. Ils ont reçu la visite des ministres Madeleine Bah de la Santé et Ginette Bellegarde de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Il aurait fallu être partout, le vendredi 3 juin, sauf dans l’enceinte du campus universitaire de la Faculté des sciences et techniques devenu, en l’espace de quelques minutes, une véritable jungle. Il était moins de 15 heures quand trois sotrama bourrés de jeunes gens, des loubards pour la plupart, ont fait irruption dans la cour de l’établissement. A peine les trois véhicules s’étaient-ils garés que de jeunes gens se sont dirigés tout droit vers l’endroit communement appelé les Champs Élysées, censé abriter les membres de l’association des élèves et étudiants. Les visiteurs se sont aussitôt mis à tirer en l’air pour dissuader tous ceux qui oseraient se mettre en travers de leur chemin. Ce fut de la débandade, les uns cherchant à sauver leur peau, les autres s’armant de courage et essayant de défier les visiteurs. Les échauffourées qui ont éclaté entre ces groupes rivaux vont durer quelques bonnes minutes avant que le Secrétaire général du bureau de coordination, Hammadoun Traoré, ne fasse appel au commissariat du quatrième arrondissement. Les éléments dudit commissariat, dépêchés sur les lieux, vont faire usage de gaz lacriminogène pour disperser les antagonistes, sans hélas, parvenir à arrêter un seul d’entre eux. Quatre étudiants étaient déjà à terre. Ils seront amenés aux urgences de l’hôpital Gabriel Touré.
Renseignement pris, il nous est revenu que la question de la rénovation du campus serait à l’origine de l’incident. Ce processus de réhabilitation a été initié par le secrétaire général du bureau de coordination en raison de son état de délabrement très avancé. Le campus ne correspond pas aux normes d’hygiène et de sécurité requises. Le secrétaire général a, de ce fait, sollicité l’assistance de l’administration et a même souhaité, nous a-t-on dit, que celle -ci soit partie prenante dans la gestion en raison même du spectacle de désolation qu’offre cet endroit.
L’état des lieux du campus est loin d’être reluisant. Plus de 1000 étudiants pour 180 chambres, des chambres prévues pour 6 étudiants, mais souvent habitées par …10. Ce n’est pas tout, des étudiants ayant terminé leur cycle et qui sont sans travail refusent de céder les chambres aux nouveaux arrivants. La situation est devenue très difficile à gérer. Et c’est ce qu’a tenté de nous expliquer le secrétaire général du Comité AEEM de la FAST, Méchery Diarra, "c’est de la pagaille au campus, les gens sortent et rentrent comme ils le veulent. Il n’y a aucune sécurité. Nous ignorons tout de l’identité de certains étudiants qui y logent ".
C’est fort de tout cela que le secrétaire général, Hammadoun Traoré, nous a-t-on dit, a tenté de mettre un peu d’ordre. Sa tentative n’a pas été du goût de tous. Certains y ont vite décelé une certaine complicité entre l’administration et leurs camarades du bureau de coordination. Pour manifester leur colère, ils ont employé la méthode forte avec usage d’armes à feu.
C’est le lieu aussi de préciser que l’Université de Bamako a tendance à se transformer en un véritable temple de la violence. Il y a quelques jours, ce sont des étudiants de l’IUG qui avaient pris des armes. Comme si cela ne suffisait pas, cet incident a eu un effet d’entrainement à la FLASH. Là aussi, les armes ont parlé. C’est à croire qu’il n’y a plus d’autorité.
Les étudiants y font la loi et règnent en maitres absolus et sont redoutés par ceux-là qui sont censés leur transmettre leurs connaissances.Lors de notre passage à la FAST, l’Administration n’a pas voulu aborder le sujet avec nous. En dépit de toutes nos tentatives. Certains ont indiqué: " Nous avons peur pour notre sécurité. Les étudiants peuvent nous faire du mal. Donc, nous préférons ne pas nous mêler de cette affaire". Face à notre insistance pour savoir à qui la faute, certains, sous l’anonymat, assènent: "C’est l’Etat qui dresse les uns contre les autres car certains sont sous haute protection de notre département de tutelle. Ils sont intouchables ".
Abdoulaye DIARRA