Si la situation est revenue à la normale au niveau des écoles fondamentales et secondaires au sud, au nord, nous assistons toujours au débrayage. Elle porte un vrai danger sur la tenue des examens de fin d’année dans ces régions.
Au Nord, les points des revendications se résument à 9. Il s’agit notamment de la prime de zone, l’indemnisation, les 250 mille et 150 mille pour ceux qui ne les ont pas perçus, le retour des services financiers, le processus d’intégration à la fonction publique, les avancements de 2013, la création de l’université. Selon le syndicat des enseignants depuis le début de la grève le 6 février dernier ils n’ont jusqu’aujourd’hui pas rencontré le département en charge de l’Education malgré les sollicitations. Cette attitude est selon eux discriminatoire à l’égard des enseignants du nord.
Même si les cours ne sont pas complètement arrêtés, ils sont loin d’être réguliers contrairement aux règlements en vigueur. Cette situation qui perdure depuis quelque temps fait peser des sérieuses menaces sur les examens de fin d’année. Les autorités scolaires tentent de rassurer, elles estiment qu’avec le soutien de l’administration et des élus locaux appuyés par les forces armées, la Minusma, les forces Barkhane, les épreuves pourront se tenir normalement.
93 jours sans écoles au nord du Mali. Le syndicat du collectif des enseignants des régions du Nord se dit indigné de l’attitude des autorités maliennes. Ses responsables pointent du doigt la mauvaise foi du gouvernement dans la résolution de cette crise. Le blocage tourne autour de neuf points de revendications parmi lesquels on note : la prime de zone, l’indemnisation et le retour des services financiers.
Selon Djafar Alousseini Maïga, membre du collectif des enseignants du nord, « ce n’est pas bon surtout lorsque des travailleurs partent en grève. Ils ont droit à une conciliation, c’est ce qui est même prévu quand on prend la convention 87, 97 et son article 102. Il va de soi que lorsque vous partez en grève, vous déposez en bonne et due forme un préavis. Vous avez droit à une rencontre pour pouvoir échanger sur les différents points. Mais lorsque le département fait la sourde oreille, fait semblant qu’il n’est même pas informé de ce qui se passe, cela est très mauvais. Ce n’est pas bon pour un État. Dans une négociation, c’est le donnant-donnant. Mais nous disons qu’il y a une négligence parce que s’il ne nous négligeait pas, il devait au moins programmer une rencontre. L’Assemblée a décidé que tant qu’il n’y a pas de rencontre, le mot d’ordre suit même si cela va prendre 10 ans. C’est l’État qui a montré qu’il travaille avec les syndicats nationaux et les régions du nord, il n’en a pas besoin ».
TAS
================
Grève au nord : Les parents d’élèves s’inquiètent
L’Association des parents d’élèves du nord se dit préoccupée et appelle les parties à la retenue. Selon ses responsables, les conditions des enseignants sont fondamentales pour garantir l’éducation des élèves. En revanche, ils estiment que le métier de l’enseignement nécessite une vocation et un don de soi.
Salem Ould Elhaj, enseignant et membre de l’Association des parents d’élèves de Tombouctou. Il s’inquiète des conséquences de cette grève sur les élèves et les étudiants. « Les élèves vont échouer avec un fort pourcentage aux examens, ses élèves vont être des chômeurs dans la rue quand ils auront entre vingt-cinq et trente ans. Ils n’auront pas de métier, ils vont tenter n’importe quoi. Les conséquences, c’est qu’ils vont être des élèves qui seront des bandits qui vont tenter de traverser le Sahara et la Méditerranée pour aller mourir, et les causes profondes, ce sont ces enseignants-là qui refusent d’aller former correctement et qui prennent leur solde sans enseigner. Là, ça ne va pas. L’État doit tout faire pour regarder en face le problème des enseignants dans leur ensemble, les résoudre et faire tout pour que l’enseignant soit dans les conditions pour pouvoir enseigner aisément. Chaque fois que l’enseignant n’est pas dans les conditions, même s’il va à l’école, ça se reflète sur les élèves. L’avenir ce sont les enseignants», rappelle-t-il.
TAS