Depuis des années, le monde scolaire malien traverse une crise sans précédent. Si jadis le slogan prisé était de « sauver l’année scolaire », cette année scolaire relativement normale s’est presque terminée en queue de poisson.
En effet l’acerbe discorde autour de l’article 39 a failli avoir raison des examens de fin d’année et même plus encore. Dans une rare dramaturgie, la Synergie des syndicats de l’enseignement public s’est résolue, dans une incompréhension généralisée, à observer, au-delà du boycott des examens, une aberrante désobéissance civile. Résultat : les examens relatifs au brevet de technicien, du diplôme d’étude fondamentale et le baccalauréat se sont fait dans des conditions convulsives mais avec l’implication zélée d’autres syndicats de l’enseignement et des enseignants de la sphère de l’école privée, qui se sont désolidarisés de la démarche syndicale de la Synergie jugée extrémiste par beaucoup.
Par ailleurs, malgré l’improvisation et les manœuvres du gouvernement pour tenir les examens aux échéances prévues, il est à noter que le grand rendez-vous s’est acoquiné avec plusieurs péripéties, en occurrence la désobéissance civile maitrisée des enseignants de la Synergie, le problème récurrent de fuite des sujets accompagné cette fois de ce qu’on appelle dans une dérision offusquant le comité de traitement des sujets (CTS) installés aux coins des rues, le décalage intempestif dans l’emploi du temps concernant certaines épreuves, les omissions de noms de candidats notamment à Yanfolila , l’abstention de certains surveillants à donner fraude pour des raisons conjoncturelles. Toutes choses qui sont de nature à ravir les enseignants grévistes qui imputent ces tares et autres déconvenues à leur éviction, en dépit de la satisfaction ahurissante du Premier ministre mais également de ses félicitations à l’endroit du ministre de l’éducation nationale qui semble s’extasier à son tour d’avoir gagner son pari de tenir contre vents et marées les examens de fin d’année aux dates indiquées.
En tout état de cause le seul vrai perdant dans cet incessant tiraillement antinationaliste entre gouvernement et la synergie des syndicats de l’enseignement est et ne peut être que l’élève malien. Une sinistre évidence de voir le Mali qui était le vivier incontesté des grands intellectuels dans la sous-région se résoudre à ridiculiser son système éducatif.
En définitive, même si le ridicule ne tue pas, l’État et la Synergie des syndicats grévistes doivent savoir qu’ils ne sont plus loin d’écrire la plus désolante page de l’histoire de l’école malienne.
Ousmane Tiemoko Diakité