L’école malienne est dans la tourmente à cause de l’incapacité du régime à résoudre la crise scolaire. Les syndicats de l’enseignement observent une nouvelle grève depuis le 27 janvier 2020. Et du coup, de sérieuses menaces planent sur l’année scolaire.
L’école malienne est dans la tourmente ! L’Etat a déjà peiné à boucler l’année scolaire et académique de l’année dernière. Une année qui fortement été perturbée par des grèves cycliques et de nombreuses suspensions académiques. Résultat d’un bras de fer, d’une part, entre le gouvernement et les scolaires ; d’autre part, entre le gouvernement et les enseignants. Les différents syndicats de l’enseignement ont continuellement accusé le gouvernement de manquer à ses obligations et de ne pas tenir ses engagements vis-à-vis d’eux. L’année scolaire 2019-2020 risque de connaître le même sort. En effet, elle est fortement mouvementée par les grèves du collectif des syndicats signataires du 15 octobre 2016. Ce collectif qui regroupe plusieurs syndicats d’enseignants observe depuis le 27 janvier dernier, une grève de 480 heures. Ce nouvel arrêt de travail intervient après plusieurs autres mouvements. En effet, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre (Syldef, Syneb, Syntec, Synesec, Synefct, Fenarec et la Section enseignement secondaire du Snec), ont observé des débrayages pendant des mois. Ces mouvements de grève ont paralysé tous les établissements scolaires publics du pays. Les revendications qui font toujours l’objet de blocage sont au nombre de deux : l’application de l’article 39 du statut général des fonctionnaires.
Faute de consensus entre les parties, l’avenir des élèves est menacé en cette année scolaire.
L’année scolaire compromise !
Ainsi, les parents d’élèves pensent que l’État ne prend pas très au sérieux les revendications des syndicalistes, vu que les mêmes doléances (qui ne datent pas d’aujourd’hui) reviennent chaque année. « Ce qui est désolant, c’est de voir des enfants, même si c’est une dizaine, qui ne vont pas à l’école. Si ce mouvement continu, ce serait la catastrophe… », s’alarme Yacouba Lamine Dembélé, secrétaire général de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves du Mali. « Par rapport à la situation actuelle, nous demandons simplement une certaine flexibilité de la part des uns et des autres. Dans une négociation, il faut faire des concessions », estime M. Dembélé.
Pour l’Association des parents d’élèves, si la grève est un droit, les portes de la négociation doivent rester ouvertes. Les parents d’élèves demandent aux enseignants de surseoir à la grève et de reprendre les négociations pour sauver l’année scolaire. L’APE déplore tout de même l’intransigeance des enseignants. « Je pense qu’ils sont eux aussi parents d’élèves. Ils doivent savoir raison garder et accepter des compromis parce que nous nous acheminons vers une année blanche », martèle Djoukamady Sissoko de l’Association des parents d’élèves.
Pour sa part, le collectif national des parents d’élèves et étudiants du Mali estime que le gouvernement affiche « une mauvaise volonté » dans la résolution des revendications des enseignants.
Les élèves, qui subissent de plein fouet l’arrêt des cours dû aux grèves répétées de leurs enseignants, aussi expriment leurs inquiétudes. Entre l’incapacité d’aller à l’école tout comme leurs camarades du privé et la persistance d’une situation qui ne semble pas présager d’un dénouement heureux, ils se sentent de plus en plus lésés. « Je suis très inquiet. Nous venons chaque matin voir s’il y aura des cours ou pas, mais toujours rien. Je ne connais pas l’objectif des professeurs, mais la grève a beaucoup de conséquences. Ce sera compliqué pour nous si nous ne parvenons pas à suivre normalement nos cours avant les examens », déplore Alou Kanté, élève en TSEco au Lycée Mamadou Sarr. « Je pense qu’il est temps que les professeurs arrêtent de faire grève, parce que bientôt c’est le trimestre. Nous n’avons pas de leçons dans nos cahiers alors que les autres suivent les cours. Nous, nous restons à la maison à ne rien faire », lance pour sa part Djouma Sacko élève en 11ème année dans le même lycée, visiblement très affectée par la situation.
Mémé Sanogo