Crise scolaire et universitaire : L’indignation d’un enseignant à la retraite

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S’achemine-t-on vers une année blanche à l’Université de Bamako ? Telle est l’interrogation que se pose plus d’un Malien à l’analyse du statu quo constaté dans les négociations entre le Gouvernement et les syndicats d’enseignants. David Camara, un de ces Maliens qui s’en préoccupent, nous livre ses sentiments. 

Depuis plus de trois mois, l’Université de Bamako connaît des perturbations de cours dues à la grève illimitée de ses enseignants. Cette situation a pratiquement coupé le sommeil à beaucoup de parents d’élèves qui se soucient de l’avenir de leurs enfants. Malgré les négociations entamées çà et là par différents acteurs de l’Ecole, les enseignants ne veulent rien entendre. En clair, ils réclament la satisfaction totale de leurs doléances, avant toute reprise. Face à cette situation, nous avons approché un éducateur à la retraite en vue de recueillir son point de vue.

Ainsi, David Camara attribue cette impasse plus par un manque de volonté qu’un manque de moyen de l’Etat. A l’en croire, les doléances d’enseignants sont négligées, pendant qu’au même,  l’Etat dépense dans le folklore. Aussi a-t-il fait remarquer qu’il est temps pour l’Etat de revoir sa copie quant à la résolution des problèmes des enseignants. Comme à ses  habitudes, l’Etat ne prend des engagements que lorsqu’on lui soumet des doléances. Quant au respect de ces engagements, il peut s’étaler sur des années, et pendant ce temps,  les intéressés continuent à souffrir. Ce qui entraîne un ras-le-bol persistant, du fait des promesses non tenues par l’Etat.

Mr Camara a également dénoncé l’attitude des parents d’élèves qui, selon lui, ne sont pas à la hauteur de leur mission. Leur silence coupable  engagera leur responsabilité devant l’histoire, indique-t-il avant d’expliquer que l’Education de base est foulée au pied par le simple fait que beaucoup de formateurs ne sont pas formés : ce qui engendre des lacunes criardes à tous les ordres d’enseignement.

Mr Camara a ensuite invité les plus hautes autorités à mener des réflexions afin de revoir le budget de l’Education à  la hausse, comme c’est le cas dans les pays voisins qui misent  beaucoup dans le domaine éducatif. Il a laissé entendre que dans le concert des nations, tous les Etats s’affirment à travers leurs intellectuels, leurs potentialités économiques. Il revient donc au Mali de valoriser ses cadres afin de répondre aux défis du millénaire, a déclaré, en conclusion,  l’éducateur à la retraite.

Mr Camara a enfin dénoncé le lourd tribut payé par les élèves et étudiants dont les parents à revenus modestes assistent impuissamment à la compromission de l’avenir de leurs rejetons. Le vieil éducateur déclare ne pas douter de la sincérité des responsables syndicaux qui seraient souvent « des convives à la soupe » des autorités de l’Education. Toute chose qui, selon lui, donne à penser à une lutte de façade, au grand dam de leurs collègues qui ne bénéficient  pas de tels privilèges.

Ben Dao

 

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