« Aucun gouvernement responsable et sérieux ne peut badiner avec la question de l’école. Nous ferons tout ce que nous pouvons pour que l’école puisse reprendre ». Ces mots sont du Premier ministre, ministre de l’Economie et des finances, Dr Boubou Cissé. Des propos qu’il a tenus à Tombouctou au cours de sa visite dans les régions du Nord.
Au cours de sa visite dans les régions du nord, le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé a invité à la raison, les enseignants qui ont pris l’école malienne en otage pour non satisfaction de leurs revendications.
Face à la gravité de la situation, le PM Boubou Cissé a laissé entendre que son gouvernement ne cherche pas à croiser le fer avec quiconque, encore moins avec enseignants sur la question de l’école. Selon lui, le rôle des enseignants est irremplaçable à l’école et qu’il n’a jamais été question de radiation des enseignants de la fonction publique. Contrairement à certaines rumeurs qui circulent.
« Le gouvernement du Mali assumera toutes ses responsabilités pour que nos enfants retournent en classe car je suis moi-même enseignant et fils d’enseignants, de père et de mère… » a ensuite lâché Dr Boubou Cissé, lors de sa visite à Goudam, région de Tombouctou. Il s’agit là d’un appel à l’apaisement de part du Premier ministre, après sa décision de procéder au recrutement massif de plus de 15 000 enseignants volontaires pour reprendre le relais dans les écoles désertées par enseignants grévistes. Une décision qui suscité la colère des enseignants grévistes, lesquels ont riposté en déposant, mardi dernier, un nouveau préavis de grève de 20 jours.
Cette décision de recrutement d’enseignants volontaires a défrayé la chronique et a été vivement critiquée par une frange importante de la population. Surtout, par les responsables des syndicats signataires du 15 octobre 2016 qui estiment que cette décision du PM est une provocation de trop. Même si d’autres pensent que c’est la seule façon de sauver l’année scolaire, de nombreux observateurs voient derrière cette décision, la volonté du gouvernement de se débarrasser des enseignants grévistes, en cas de non- accord sur les points de revendications de ces derniers.
«En jouant la carte de l’apaisement à travers un discours plus doux, le PM semble comprendre, heureusement, qu’une crise ne peut être gérée ni par l’arrogance, ni par la passion, mais par la diplomatie et le dialogue », nous a confié le responsable d’un syndicat signataire du 15 octobre.
Rappelons que les enseignants grévistes bénéficient déjà d’un statut particulier, mais ils veulent que l’augmentation de 20% dont l’UNTM a bénéficié leur soit donnée en sa totalité. Plus grave, ils exigent une rétroactivité sur 2019. Pour le gouvernement la satisfaction à cette revendication aura une incidence financière de plus de 52 milliards FCFA. Toute chose qui est difficile, voire impossible à supporter par le budget national dans la situation difficile actuelle que traverse le Mali. Mais les enseignants grévistes font la sourde oreille et conditionnent la reprise de la craie à la prise en compte immédiate et intégrale de leurs revendications. Du coup, c’est un dialogue de sourd qui s’installe et dont les conséquences s’annoncent dramatiques pour les enfants privés de l’école.
Face à l’échec des négociations et en marge de sa décision de recruter de volontaires pour atténuer les conséquences des grèves, le Premier ministre Boubou Cissé invite les organisations de la société civile, les leaders d’opinions à s’impliquer davantage pour trouver un dénouement heureux à cette crise scolaire qui n’a que trop duré.
Selon des analystes, la crise persistante de l’école est née avec l’avènement de la démocratie au Mali. La démocratie qui a favorisé la liberté d’expression et la liberté d’association et de syndicat aurait fortement contribué à la politisation de l’école malienne. Tous les syndicats ou presque de l’enseignement sont aujourd’hui dirigés par des hommes politiques. Ce qui fait dire à certains experts que la résolution de cette crise passe par une profonde réforme de l’école.
Sidiki Berthé
Source : Le Serment du Mali