Pendant que l’école malienne traverse une crise, plus singulièrement l’enseignement supérieur, les professeurs des grandes écoles et facultés sont en grève illimitée depuis le 19 mars 2011. Le gouvernement sortant s’en est allé sans trouver une solution. L’année universitaire est menacée. Le nouveau Premier ministre va-t-elle inverser la tendance ?
Les années se suivent et se ressemblent dans l’espace scolaire et universitaire. Depuis des décennies, l’école malienne est profondément secouée par une crise persistante. Les différents gouvernements successifs, malgré leurs tentatives de mettre sur le rail l’école malienne, ont tous montré leurs limites quant à une sortie définitive de la crise. Chaque année, l’école malienne est confrontée à des grèves déclenchées soit par les élèves et étudiants, soit par les enseignants. Et ce sont presque les mêmes revendications qui reviennent sur la table du gouvernement. En effet, la recherche de solution pour l’Etat se limite à des fora ou des discours. Aucune solution concrète n’est prise pour satisfaire les revendications des élèves et étudiants et des enseignants. Conséquences : des grèves illimitées à répétition sont déclenchées par les élèves et étudiants d’une part et d’autre part par les enseignants. Du coup, l’avenir des enfants et du pays qui est menacé.
A quand la fin de l’impasse ?
Après l’organisation du forum national sur l’éducation le 30 octobre 2008, tous les partenaires sociaux de l’école malienne nourrissaient de l’espoir. Certains observateurs ont même cru à la fin d’une crise qui n’a que trop durer au sein de notre espace scolaire et universitaire. Mais hélas ! Cet espoir a été brisé dans la mesure où l’école malienne ne retrouve toujours pas le bon chemin. La mise en œuvre des recommandations du forum, qui visaient entre autres à mettre l’ensemble des acteurs de l’école face à leurs responsabilités respectives sur la base d’un état des lieux à faire sans concession et prendre des engagements sur les réponses ; de parvenir à un consensus national large et solide sur les solutions réalistes, durables et soutenables pour le pays, à mettre en œuvre pour sortir de cette impasse, n’a pas eu toujours d’effet sur la crise de l’école.
Cependant, l’application de la mise en œuvre des recommandations du forum confiée au Premier ministre sortant, Modibo Sidibé, connaît aujourd’hui une défaillance. Certes, des avancées ont été notées, mais force est de reconnaître que le gouvernement sortant a fait preuve de maladresse quant à l’instauration du dialogue avec le syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup). Ce n’est un secret pour personne que le Premier ministre sortant, n’avait pas une bonne relation avec le Snesup. En clair, leurs relations étaient trop tendues quand on regarde les différentes rencontres effectuées à la primature. Une crise de confiance s’était déjà installée entre Modibo Sidibé et les enseignants. Il est parti en laissant à son remplaçant un dossier aussi sensible auquel il faut trouver immédiatement une solution pour éviter une année blanche.
Le défi qui attend le nouveau Premier ministre
Même si Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé a été appelée pour conduire une mission, qui va s’atteler à l’organisation des élections générales de 2012 et conduire les réformes institutionnelles, le défi de sauver l’année universitaire 2010-2011 l’attend. Puisque depuis le 19 mars, les grandes écoles et les facultés sont paralysées par une grève illimitée du syndicat national de l’enseignement supérieur. Cet arrêt de travail a pour cause : la rétention des salaires de certains professeurs et le mécontentement des professeurs face à l’application de l’assurance maladie obligatoire. Sur ce dernier point, les syndicats des enseignants aux côtés d’autres syndicats affiliés à la Cstm ont participé à une marche pacifique de protestation contre le régime de l’assurance maladie obligatoire. C’était le mardi dernier devant la primature.
De l’autre côté les étudiants de la faculté de médecine et d’odontostomatologie(Fmpos), qui ne supportent plus la situation de grève illimitée des professeurs, ont organisé aussi mardi dernier une marche pacifique pour manifester leur ras-le-bol. Cette marche a commencé devant la porte du Gabriel Touré pour s’achever au monument de la paix. «Que l’Etat prenne ses responsabilités, nous voulons étudier. Pensez-vous à notre avenir et celui du Mali ? Attention ! Une année blanche n’est pas la solution ». C’était là des slogans brandis par les marcheurs, encadrés par les policiers.
«Nous demandons au nouveau Premier ministre de régler rapidement cette affaire avec les professeurs pour que nous puissions étudier. L’Etat n’a pas de souci pour notre avenir, sinon il allait prendre des dispositions pour qu’on ne se trouve pas dans cette situation », déclare un étudiant visiblement très en colère. Et d’ajouter «nous demandons au président de la République de s’impliquer personnellement parce que la situation dépasse les compétences d’un ministre. De son point de vue, l’ancien gouvernement a échoué dans la négociation avec les professeurs, en traitant ceux-ci comme des enfants. Alors question : est-ce que le nouveau Premier ministre réussira-t-elle à établir la confiance avec les enseignants ? Va-t-elle inverser la tendance de la situation chaotique de l’enseignement supérieur ? D’autant plus qu’elle a été appelée pour conduire un gouvernement de mission, qui va organiser les élections de 2012 et conduire les reformes institutionnelles.
Diango COULIBALY