Les cours de vacances sont un système de rattrapage qui permet de corriger, combler ou maintenir le niveau les élèves qui s’y inscrivent. Ils se dispensent généralement au mois d’août dans l’enseignement fondamental ou secondaire. Si toutes les classes et les séries sont concernées, les cours s’adressent principalement aux élèves de la tranche d’âge comprise entre 10 et 17 ans.
Un tour dans des écoles fondamentales et secondaires permet de jauger le déroulement de ces cours. Au lycée « Notre Dame du Niger », par exemple, les cours de vacances sont organisés par le corps professoral avec l’accord du proviseur de l’établissement et du directeur diocésain de l’enseignement catholique. Près de 90 lycéens, dont une dizaine de garçons, de « Notre Dame du Niger » et d’autres lycées y sont inscrits.
Les élèves renforcent et améliorent leur niveau dans des matières dominantes comme le français, les mathématiques, la physique-chimie, la biologie, l’anglais, l’allemand, le russe, la philosophie, l’histoire et la géographie ainsi que la sociologie. Ils sont encadrés par une quinzaine d’enseignants. L’élève qui participe à ces cours doit au préalable régler des frais d’inscription.
Selon le chargé de l’organisation de ces cours de vacances au lycée « Notre Dame du Niger », Achille Kéita, tous les élèves sont évalués à la fin de chaque leçon par des tests écrits, corrigés et notés. Les parents d’élèves sont au fur et à mesure informés des progrès de leurs enfants par le corps professoral. Achille Kéita a jugé très satisfaisant le déroulement des cours et des évaluations.
Au groupe scolaire de « Notre Dame du Niger » les cours de vacances sont également organisés. Les frais d’inscription sont fixés à 10.000 Fcfa par élève. Dans cet établissement fondamental, l’initiative des cours vient du corps professoral avec l’autorisation du directeur diocésain comme au lycée diocésain. Les matières dispensées de la 7è à la 9è année sont le français, les mathématiques, la physique-chimie, l’anglais et la biologie.
Les cours débutent à 8 heures et s’achèvent à 11 heures et un quart. La quinzaine d’apprenants de ce cours est encadrée par 10 enseignants qui reviennent sur les programmes du 1er trimestre. A la fin de chaque cours les élèves sont également évalués.
Le chargé de l’organisation des cours de vacances du groupe fondamental « Notre Dame du Niger », Jérémie Diarra, est lui ferme sur les principes qui sous-tendent ces cours. Les retards et les absences ne sont pas tolérés.
Des écoles privées organisent, elles aussi, des sessions de vacances. Au lycée Doulaye Baba (LDBD) de Doumanzana, par exemple, on dispense des cours de remédiation en français et des cours d’initiation en linguistique. Ici l’initiative des cours vient des élèves eux-mêmes qui en ont exprimé le besoin.
Ces cours de remédiation et d’initiation sont gratuits, car il s’agit de mettre à niveau certains élèves, précise l’organisateur Yargagna Sanogo, qui souligne la pertinence et l’utilité de ces cours qui permettent d’initier les élèves à la nouvelle méthode de l’enseignement de l’apprentissage par la compétence (APC). Cette nouvelle méthode met l’apprenant au centre de l’apprentissage en classe.
Tout comme les enseignants et élèves des écoles modernes, les écoles coraniques s’organisent durant les vacances. A Konatébougou en Commune I de Bamako, les cours de vacances coraniques sont organisés dans la famille « Baby ».
Yacouba Traoré, le maître coranique chargé de ces cours, un enseignant de la medersa « Nour-le Houdu », encadre environ 40 enfants, dont 25 filles, âgés de 7 à 12 ans. Les cours se déroulent de 8h30 à 10h, 3 fois par semaine. Le maitre coranique enseigne la théorie et la pratique du saint Coran. Les tout petits lisent des sourates du Coran, et apprennent les préceptes de la religion musulmane et de l’éducation islamique. Yacouba Traoré explique que ces cours permettent de multiplier et de varier le savoir, la connaissance, la culture générale des enfants et de les occuper utilement durant les vacances.
Ces cours sont gratuits. « Le prophète a dit quand tu étudies le Coran, il faut aussi apprendre à d’autres personnes à le lire et à l’écrire. Le meilleur d’entre vous est celui qui lit le coran et qui l’enseigne à son prochain. En tant que père de famille non seulement, j’ai le devoir d’envoyer mes enfants à l’école coranique pour qu’ils apprennent les versets du Saint Coran, de même je dois le faire pour d’autres enfants », explique le maître coranique.
Des responsables du ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales affirment tout ignorer de l’organisation de ces cours de vacances dans les différents établissements. Ni le ministère, ni la direction nationale de l’Enseignement fondamental, ni la direction générale de l’Enseignement secondaire général n’ont été informés de ces cours de vacances, de remédiation et d’initiation, assure-t-on au département de l’éducation.
L’objectif de ces cours n’est pas de faire de l’argent à priori, tempère un professeur interrogé qui indique que l’essentiel est plutôt d’aider les élèves qui passent en classe supérieure ou qui sont recalés à mieux appréhender la nouvelle année. Les cours aident ainsi à rassurer l’enfant, à le préparer mentalement à affronter les matières nouvelles ou celles sur lesquelles il a trébuché l’année précédente.
S. Y. WAGUE