Attendus depuis plusieurs jours, les résultats du Diplôme d’études fondamentales (DEF) de la session 2010 sont sans cesse renvoyés au lendemain. Ouvrant ainsi la voie à toutes sortes de supputations. On entend dire par exemple que les notes sont tellement mauvaises que le département en charge de l’examen redouterait de les publier et s’évertuerait à les revoir à la hausse, histoire de repêcher le maximum de candidats. Une pratique à laquelle, hélas, nous avons été trop longtemps habitués, qui explique le très bas niveau de nos lycéens, voire de nos universitaires et qui à l’évidence n’honore pas le système éducatif malien.
Celui-ci est engagé dans un vaste programme de réformes à l’instar de tous les Etats membres de l’UEMOA. Ces réformes, qui ont été préconisées par le Forum national sur l’éducation, visent à relever le bas niveau des élèves maliens tant aux cycles fondamental que secondaire. Et c’est le ministère de l’Education, de l’alphabétisation et des langues nationales qui a la lourde charge de la mise en œuvre de ces réformes.
Celles-ci ont porté notamment sur la réintégration des matières dites d’évaluation continue dans les épreuves écrites du DEF et du Baccalauréat. S’agissant du premier, il s’agit des sciences naturelles, de l’histoire et de la géographie, de l’éducation civique et morale, de l’éducation physique et sportive. Ces matières, qui n’étaient souvent plus enseignées dans certains établissements privés pour cause d’économie, faisaient l’objet d’attribution de notes frauduleuses et fantaisistes qui permettaient à un grand nombre de candidats au DEF de réussir à cet examen sans mérite. Et c’est bien sûr la catastrophe lorsque ces mêmes élèves se retrouvent au lycée dans une filière où ces matières qu’ils n’ont pas étudiées sont dispensées avec des coefficients élevés. C’est donc pour préparer les candidats au DEF à de bonnes études au secondaire et au supérieur que ces matières ont été réintroduites dans les épreuves écrites de l’examen.
Ces changements, qui viennent s’ajouter à une plus grande moralisation dans le déroulement et la correction des épreuves visent, selon une source proche du département, "à mieux préparer nos élèves à l’introduction d’un baccalauréat unique dans les pays membres de l’UEMOA. Le processus d’harmonisation des systèmes d’évaluation de l’UEMOA est déjà en cours". Il sera donc bientôt fini le temps où chaque Etat organise son baccalauréat, fixe la note de réussite et fait passer le nombre de candidats qu’il veut. Quitte à repêcher le maximum pour des considérations d’ordre politique ou social.
S’agissant du Mali, la même source rappelle que la réforme des examens a fait l’objet d’une large concertation de tous les acteurs et partenaires de l’écoles aux niveaux national, régional et local avant la signature de l’arrêté n°10-0061/ MEALN du 19 janvier 2010 instituant ces changements. Des missions d’explication ont été dépêchées dans toutes les régions avant l’application desdites réformes.
Elle rappelle que celles-ci n’ont d’autre objet que de concourir à une meilleure préparation des élèves maliens pour être compétitifs par rapport à leurs homologues de la sous-région à l’heure de l’intégration.
Pour la petite histoire, le Mali a été l’unique pays de l’UEMOA à afficher un taux de réussite de 64% à son DEF en 2009. Quant aux autres pays, ils ont modestement revendiqué 36% à leur diplôme équivalent qu’est le BEPC.
Ramata Tembely