Le Mali est un pays qui accorde beaucoup d’importance aux relations humaines. Son hospitalité légendaire est reconnue au-delà de ses frontières. Ces deux réalités incontestables sont à l’origine d’envois massifs des enfants en congés ou en vacances chez des parents ou des amis à l’intérieur du pays comme à l’étranger. Ce phénomène est véritablement devenu un sport national contre lequel il convient de se soulever. Les problèmes qui en résultent sont multiples et complexes.
Les élèves et étudiants de notre pays bénéficient chaque année des congés de Noël, ceux de Pâques et des grandes vacances. Ce temps leur est donné pour qu’ils soufflent un peu dans les trompettes du repos après les cours intensifs et massifs dispensés pars leurs encadreurs.
De nombreux parents profitent de ces différents moments pour se débarrasser de leurs enfants en les envoyant chez d’autres parents ou amis qui le plus souvent ne sont pas informés à l’avance de cette disposition.
Si nous nous amusons à effectuer une visite de routine dans les familles pendant cette délicate période, nous risquerons de ne pas échapper au spectacle désolant de tous ces enfants entassés les uns sur les autres parce que tout simplement les structures d’accueil sont insuffisantes et inadaptées. Ne dit-on pas que la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a ?
Les familles qui reçoivent ce beau monde sont prises au dépourvu le plus souvent et avec cette révolution de la téléphonie mobile, sans le moindre appel annonciateur de la venue des enfants en congé. Elles ne peuvent donc que constater l’arrivée de ceux-ci . Comment de Ségou ou partout ailleurs au Mali peut on envoyer les enfants chez un parent, un ami dans une autre localité sans les prévenir ? Est-ce que les structures d’accueil existent pour faire face à l’hébergement de ces intrus ? Est ce que les conditions financières sont réunies chez la personne qui reçoit pour faire face aux dépenses que vont occasionner ces indésirables visiteurs ?
A la fin de leur séjour, en plus des efforts colossaux consentis pour assurer la nourriture, le logement et les soins de santé parce qu’ils peuvent tomber malades, il faut aussi payer les frais de transport retour sans oublier les cadeaux que vous aurez glanés ça et là au prix d’énormes sacrifices.
En parfaite harmonie avec nos valeurs sociétales, c’est une très bonne chose de consolider les liens de parenté, d’amitié et de fraternité certes, mais nous devons mordicus éviter de faire parachuter nos enfants chez les gens sans au préalable connaître leur point de vue sur la question. Le monde que nous vivons n’est plus facile à supporter à cause de la cherté de la vie et son corollaire de débrouillardises de toutes sortes. Arrêtons de nous débarrasser de nos enfants. Nous en sommes les premiers responsables.
PROSPER KY