Colloque scientifique sur l’après 26 mars 1991 : Se souvenir pour mieux s’orienter

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Lorsqu’on regroupe d’éminents universitaires, politiciens et membres de la société civile autour d’un thème de portée nationale, on ne peut que s’attendre à des résultats à la hauteur de l’évènement.

Ce colloque dont le thème est « 26 mars 1991 – 16 mars 2016, évolutions spatiales, politiques et institutionnelles, économiques, sociales et perspectives » était organisé par le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, en collaboration avec la Direction de la Pyramide du souvenir.

D’entrée, l’on a assisté à la projection d’un film-documentaire de 26 minutes, intitulé : « Regards croisés sur 25 ans de démocratie», dans lequel des hommes et des femmes publics nous livrent leurs visions, du 26 mars 1991 à aujourd’hui.

Après le discours inaugural de la ministre de tutelle, le président du colloque, Pr Doulaye Konaté, a tenu à préciser qu’il « s’agit de se souvenir et non de faire un bilan de la période post mars 1991 ». Ce qui déplu à certains invités qui s’attendaient à un décorticage de la gestion du pays sous la 3ème République.

Au premier point relatif au «processus de décentralisation au Mali: évolution, contraintes et perspectives », le doctorant Ousmane Konaté notifie qu’il a connu une augmentation du nombre de régions et de communes. Mais, il relèvera le manque de ressources territoriales et la faiblesse des caisses de l’Etat. Ici, le Pr Mamadoun Dicko plaide pour qu’on évite «les précipitations dans les prises de décisions de décentralisation, car il faut avant tout comprendre l’essence réelle des populations. L’Etat est déconnecté des réalités de nos populations. Il nous faut la régionalisation en s’inspirant de Soundjata Kéita pour y parvenir.»

Sur «l’évolution de l’économie du Mali de 91 à 2016», le Dr Ousmane Marico parle de voyants au vert vu l’évolution du taux de croissance, du PIB et le recul de la pauvreté. Grâce à la confiance suscitée par l’avènement de la démocratie, les privatisations et les performances après la dévaluation du franc CFA, entre autres. Toutefois, il a émis des réserves quant à la fiabilité desdits chiffres, vu le faible impact sur les ménages.

Concernant ces deux premiers points, l’ex-Premier ministre Moussa Mara parle de conservatisme du pouvoir d’Etat. C’est-à-dire que « le pays est très centralisé, car les organisations territoriales gèrent moins de 10% des ressources publiques. Ainsi, les préfets supplantent les maires dans l’exécution des projets publics».  Le faible impact du taux de croissance sur les ménages est imputable, à ses dires, à nos moteurs de l’économie, dont la téléphonie et les banques, qui ne sont pas de vrais pourvoyeurs d’emploi.

Sur le troisième point, « les rapports entre les institutions : quel équilibre pour quel régime ? », le docteur Arouna Diallo explique que la constitution de 92 qui instaure la 3ème République, nous lègue « un pouvoir semi-présidentiel avec une prééminence du Président de la République et un bicéphalisme à la tête de l’exécutif (Président-Premier ministre) qui pourrait s’avérer problématique à l’avenir».

Pour finir, le Dr Naffé Keïta, s’interrogeant si « la multiplicité des partis politiques n’est-elle pas une preuve d’échec ? », répond par l’affirmative en pointant du doigt la faillite de l’Etat et des cadres dans la gestion du peuple et dans la formalisation de notre économie.

Laissant le mot de fin au Pr Samassékou qui souhaite la mise en place d’un collège de réflexion pluridisciplinaire sur les perspectives du Mali, le Pr Doulaye Konaté rassurera de la prise en compte des recherches et propositions et surtout leur compilation dans une publication écrite.

Abdoulaye KONATE

 

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