Climat sociopolitique au Mali : La situation est délétère

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La suite n’échappe à personne : quatre universités créées sur papier. Mais il est intéressant de se rendre sur les sites de ces universités pour savoir jusqu’où l’improvisation peut nuire à la formation de nos cadres de demain. Ce qui semble déjà inévitable, c’est le racolage  des listes des bacheliers (anciens et nouveaux sur les mêmes listes).

 

L’autre certitude c’est que les décideurs n’affichent pas le moindre souci par rapport aux conséquences fâcheuses de la pléthore des effectifs dans les salles d’étude dans ces universités. Du coup, il y a eu le racolage des matières d’enseignement dans lesdites universités.

A ce niveau, il faut le dire, les bureaucrates ne sont pas les mieux indiqués pour élaborer des programmes d’enseignement.

– Par ailleurs, pour comprendre jusqu’où le gouvernement malien manque d’initiative et de créativité face aux grandes questions de l’école, il suffit de jeter un regard critique sur la paralysie totale de l’IUG (Institut universitaire de gestion) depuis maintenant plusieurs mois. En tout cas, le concours d’entrée dans cet institut n’a pu se tenir encore pour les nouveaux bacheliers, faute de professeurs pour les sujets, la surveillance et la correction. Si les enseignants se sont désolidarisés dudit concours, c’est parce que depuis 2009 l’Etat n’a pas payé leurs arriérés de salaires.

Comme on le constate donc, l’Etat a lamentablement échoué dans cette affaire de l’IUG dans sa fameuse politique de diviser le corps professoral pour casser les mouvements de revendications syndicales pourtant légitimes.

Le gouvernement doit se rendre à l’évidence que la meilleure façon de servir notre pays ne saurait être cette politique de division des syndiqués pour une cause surtout injuste.

La meilleure façon de servir ce pays sans la sueur duquel ces nantis ne seront rien, c’est de remettre l’école dans l’assiette qui est la sienne. Ce qui est aujourd’hui évident, c’est que la politique de fuite en avant du gouvernement d’ATT face aux vrais problèmes de l’école ne saurait rien résoudre, sauf les compliquer.

La nomination des recteurs des quatre (4) universités risque fort de s’inscrire dans cette logique peu louable. Tout compte fait, la gestion ténébreuse de l’université n’est pas de nature à former des cadres capables d’inventer l’avenir de notre pays.

– Au niveau des lycées publics, les cours ont pratiquement été suspendus pendant deux bons mois et cela en réponse à la honteuse Assurance maladie obligatoire (AMO). Ce qui est désormais évident c’est que l’AMO a fini par briser le juste peu de confiance que certains travailleurs plaçaient jusque là en ce gouvernement d’ATT, gouvernement qui tâtonne sans trouver les vraies solutions aux préoccupations majeurs des travailleurs maliens comme en témoigne gracieusement la distribution des logements dits hélas : «sociaux».

Ces logements ne reviennent pas jusque là aux ayant droits. Car très peu de leurs occupants sont sans au moins une maison en location pour eux. La Commissiond’attribution doit- elle et peut- elle se tailler dans cette histoire la part du lion ! Pire encore, ces logements dits maladroitement «sociaux» sont tout sauf sociaux quand on sait que les moins chers coûtent actuellement plus de la faramineuse somme de45 000 F CFA par mois et cela pendant 25 ans.

Si par malheur si l’occupant venait à accuser un retard de trois dans le payement, il sera refoulé dudit logement sans remboursement aucun. Comme on le voit bien, un moyen d’enchaîner les citoyens maliens et cela sans la moindre pitié. C’est bien cela aussi qu’use le peuple laborieux malien du Mali.

Les délinquants financiers puisent dans le trésor public, sans s’inquiéter un seul instant des poursuites éventuelles, pour se taper de somptueuses villas et/ou des maisons à étages, sans compter les belles voitures et les belles dames que l’on achète à des prix exorbitants. Ce sont là bien les bien-nés de la cité.

Le Mali, notamment le peuple malien, ne doit plus accepter une quelconque continuité de cette gestion en cours depuis la fin du régime nationaliste de feu Modibo Keïta.

La démocratie au Mali est le pur produit du régime insouciant de Moussa Traoré. Les élections de 2012 doivent consacrer la totale rupture avec cette gestion clanique des affaires du pays. C’est le moment pour les patriotes de se retrouver pour sortir le pays de ce marasme politico- juridique.

A présent, il faut sortir de l’apache classement politique à la mode au Mali comme dans les pays capitalistes, classement des partis politiques en partis de gauche, de droite ou du centre. Ce classement insulte et tue la démocratie, la vraie.

Les patriotes doivent se rendre à l’évidence qu’il n’y a pas de gauche ou de droite. Ils doivent travailler à rassembler ceux qui veulent le changement à l’avantage des masses travailleuses de notre pays. Se doivent- ils du coup identifier ceux qui ont sucé pendant des décennies le sang et la sueur de notre peuple travailleur en vue de leur barrer la route pour qu’enfin les coupables des pillages de notre tissu socioéconomique soient punis conformément à leurs forfaitures.

– Vendredi le 23 décembre 2011 sur les écrans de la télévision nationale, ATT, en critiquant la grève des enseignants, a laissé entendre qu’on ne peut aller en grève et prétendre à son salaire pendant qu’au privé quand on ne travaille pas, on n’a rien. Mais il ne pouvait pas dire aux Maliens que la grève est avant tout un droit, tout comme la cessation de travail quand on touche au salaire.

Aussi, il ne pouvait pas dire aux Maliens qu’au privé l’employeur ne peut se donner le droit d’amputer sur le salaire des travailleurs et prétendre continuer à recevoir les services de ceux-ci.

Il faut aussi dire à ATT qu’au privé il ya  toujours eu des grèves et il y en aura toujours tant que l’Etat ne s’assumera pas face à ces privés qui appartiennent à des gouvernants par personnes interposées ou à des amis, à des parents des princes du jour.

ATT ne dira rien de la violation par bien d’écoles privées des principes élémentaires de l’enseignement privé en République du Mali. ATT n’a pas voulu dire que c’est parce que l’Etat malien a illicitement coupé dans le salaire de ses travailleurs que ceux-ci ont entrepris des marches, des grèves, des cessations de travail pour protester contre cette violation par l’Etat de la sacralité des salaires des travailleurs. Surtout, allez savoir le traitement insultant de ceux qui travaillent au compte de l’AMO.

Ils vivent tout simplement de la sueur de la part des femmes et des enfants, des travailleurs de notre peuple. Notre peuple rentrera en possession de ses dus.

Comme le dira cet adage anglais : «wait and see»

A suivre.

Fodé KEITA

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