Centre national des œuvres universitaires (CENOU) : La justice divine en marche

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Les personnes chassées comme des malpropres sont celles-là mêmes qui furent les pionnières du Centre national des œuvres universitaires (Cenou), alors qu’il n’y avait même pas un escabeau pour s’asseoir. Elles ont été toutes remplacées par des gens qui n’ont connu que les beaux jours du Cenou. Seul réconfort aujourd’hui : la justice immanente est en train de se manifester pour elles. Et cela ne fait que commencer. Après l’ex-DG, désormais pensionnaire du Pôle économique, à qui le prochain tour ?

 

L’apparence est trompeuse, dit-on. En effet, à voir passer chaque jour le car du Cenou transportant les agents dans leurs nouveaux locaux de la Cité administrative de Kabala, on pouvait penser que tout allait ici pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Mais ce n’est qu’un mirage. Les locaux neufs, le joli car blanc (qui a la fâcheuse habitude de toujours transporter ses passagers avant même l’heure officielle de descente, 16 h), tout cela n’est que l’arbre qui cache la forêt.

Un bois très sombre que les limiers du Pôle économique tentent d’éclaircir depuis quelques temps. En effet, sans tambour ni trompette, le désormais ex-directeur général, Yéhia Haïdara, a été remercié par Me Mountaga Tall pour “bons et loyaux” services. Selon nos sources, son remplaçant n’étant pas encore nommé, M. Haïdara avait continué à occuper son fauteuil jusqu’au jour où le chef du département le lui interdit.

Cette interdiction était fort justifiée, d’autant plus que, selon les mêmes sources, l’ex-directeur général est désormais assez occupé au Pôle économique… pour s’occuper encore des affaires courantes. “Dérangeantes”, devrait-on dire. Les jours et les mois à venir pourraient entraîner bien d’autres personnes dans son sillage. A moins que, comme toujours avec le régime IBK, la montagne n’accouche d’une souris.

Mais le plus important dans cette histoire est la simple manifestation de la “justice divine”. Et cela ne fait que commencer pour tous ceux qui, de par leur position dominante, ont abusé des pauvres agents du Cenou. Dont le seul tort a été d’observer une grève de 48 h, ce qui est, du reste, un droit que leur accorde la Constitution. Après cette grève, le département de Me Tall s’est adonné à une véritable purge.

Les grévistes qui avaient des responsabilités ont été d’abord relevés de leurs fonctions, avant d’être mis à la disposition de la direction des ressources humaines du secteur de l’éducation, puis de la fonction publique. Laquelle, à travers le secrétaire général, Yaya Gologo (qui a sa signature sur la décision) a fait le jeu de Me Tall et de ses directeurs, en dispersant ces cadres un peu partout au Mali, qui au lycée Mamadou Sarr (en tant que maître d’éducation physique), qui au lycée sportif de Kabala (Koulikoro), un autre à Ségou, etc.

Bref, du jamais vu. Incroyable mais vrai dans un pays comme le Mali qui, pourtant, se glorifie d’avoir une certaine expérience démocratique et des droits humains. Quelle farce ! Le plus écœurant, c’est que tout cela s’est passé avec la bénédiction du secrétaire général du Synesup, A. Mallé. Dont l’attitude personnelle dans cette affaire est fort suspecte. C’est aussi désespérant de savoir que ces “victimes de Me Tall” ont presque épuisé toutes les voies de recours.

Ils ont sollicité la Commission éducation de l’Assemblée nationale qui a fait preuve d’un mépris sans pareil. Peut-être à cause de la “Famille d’Abord”, la présidente de cette commission s’étant rendu compte, après avoir été reçue au Cenou avec tout le “respect” dû à son rang, que le sieur DG (manipulé par son adjoint) est un “Haïdara” comme “elle”, donc “son frère”, comme elle l’avait dit en se trahissant devant une personne concernée par cette affaire.

Ce n’est pas tout. Ces agents désabusés ont saisi le conseil d’administration, présidé par Me Tall soi-même. Et ironie du sort, la première victime, responsable du bureau syndical du Cenou au moment de la grève, était elle-même membre du conseil d’administration. L’ex-SG du bureau syndical, représentant du personnel au conseil d’administration (nommé par décret présidentiel), chef de section au moment des faits, sera renvoyée comme une malpropre. Et ce, malgré les entretiens qu’il a eus avec le secrétaire général du ministère de la Fonction publique, M. Gologo, qui prétendait n’avoir pas su le fond du problème, mais qui ne prit aucune mesure pour corriger le tir.

Le dernier recours pour ces “victimes” de “l’Etat de droit à la IBK” fut la Section administrative de la Cour suprême. Plusieurs mois se sont écoulés depuis sans réaction. L’avocat lui-même ne prend plus leurs appels. Ce qui n’est guère étonnant, étant donné qu’il sait désormais que le “fonds” n’a plus de “s”. Et sans “s”, le “fond” n’est plus qu’un trou, dont les grévistes ne sont plus près de sortir.

Sory Haidara

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