Après la première vague d’agents qui avaient été affectés pour avoir simplement observé 48 heures de grève, deux autres agents viennent de subir le même sort, dont le Représentant du personnel au Conseil d’administration du CENOU , Abdoulaye Coulibaly. Avant la crise qui aboutit aujourd’hui à son départ forcé, M. Coulibaly était le Secrétaire général du bureau syndical du CENOU. Il aurait dû être encore à son poste si les textes avaient été respectés. En effet, les mandats de tous les bureaux avaient été prolongés jusqu’au prochain congrès du syndicat national de l’Enseignement supérieur. Mais pour des raisons mystérieuses voire douteuses, le Secrétaire général du SYNESUP, M. Mallé avait cautionné –honteusement- la mise en place d’un nouveau bureau. Dirigé, s’il vous plaît, par un chauffeur : Secrétaire général d’un établissement de l’Enseignement supérieur. Que ne verrait-on pas dans ce pays ? Et ce, en violation de ses propres règles et dispositions prises en faveur de la prorogation des mandats des différents bureaux jusqu’à la tenue du prochain congrès. Le directeur général du CENOU (surnommé ‘’Prinpin’’ par ses détracteurs pour des raisons qu’on peut imaginer…). Yéhia Haïdara, manipulé visiblement par son adjoint M. Ba, avait d’abord relevé de leur poste tous les agents qui avaient observé le mot d’ordre de grève de 48 heures. Comme si cela ne suffisait pas, il envoya une correspondance à la direction des Ressources humaines de l’Education demandant le reversement de six des agents concernés. Deux autres agents dont le principal concerné, à savoir le représentant du personnel au Conseil d’administration, viennent à leur tour d’être renvoyés sans ménagement. Et cette dernière décision intervient au moment où les intéressés ont entrepris une série d’actions visant à contester l’abus dont ils venaient d’être victimes. Ils ont d’abord saisi le président du Conseil d’administration, Me Mountaga Tall.
Mais, cette démarche visait tout simplement à suivre la voie normale, sinon ils ne se faisaient aucune illusion sur la position du ministre. Qui n’a que mépris pour les syndicalistes :’’ ce ne sont que des syndicalistes’’, aurait-il l’habitude de dire. Comme si le syndicalisme était la peste. Mais ils ne se sont pas limités là. Ils ont saisi la commission Education de l’Assemblée nationale. Là aussi, peine perdue. La présidente de la commission, Mme Haïdara s’est peut-être créé une affinité avec le D.G. du CENOU, lui-aussi ‘’Haïdara’’. La famille encore ? Les malheureux agents avaient, par ailleurs, saisi la Cour suprême qui a déjà commencé à instruire le dossier. Mais le CENOU et Me Tall, sûrs de leur pouvoir, n’ont daigné attendre la délibération de la Cour suprême pour chasser l’ex S.G. et une autre cadre dame.
D’ailleurs, l’ex-S.G., Abdoulaye Coulibaly, nommé par décret, reste le représentant du personnel au sein du Conseil d’administration, jusqu’à preuve de contraire. La purge devrait se poursuivre puisque d’autres agents ‘’grévistes’’ demeurent au CENOU et que celui-ci peut visiblement violer la loi en toute impunité. Dans tous les cas, les agents désabusés entendent se battre jusqu’au bout au niveau de la Cour suprême. Non parce qu’ils ne peuvent travailler ailleurs, mais pour espérer mettre un holà à ce qui n’est rien d’autre qu’une injustice flagrante. Pourquoi pas même un complot ?
En effet, l’actuelle administration de la structure a tout intérêt à se débarrasser de tous ceux qui pourraient mal percevoir certains de ses agissements douteux : des pièces de rechange enlevés d’un car pour un autre mais facturées comme neuves, des bourses d’étudiants détournées de leur fonction initiale pour servir de budget de fonctionnement( et on peut imaginer pourquoi…), une politique de recrutement basée sur le ’’copinage’’ et autres affinités douteuses, la manœuvre diabolique visant à éloigner les fonctionnaires au profit de contractuels taillables et corvéables à merci, et à casser le mouvement syndical.
Ce dernier point cache mal la main invisible de Me Tall qui semble avoir comme priorité de casser les différents syndicats de l’Enseignement supérieur : ENSUP, I.U.G., CENOU, etc. Aucun syndicat de l’Enseignement supérieur ne lui fait encore confiance. A moins que ce ne soit le Secrétaire général du SYNESUP, M. Mallé, qui, aux dires de ces détracteurs, chercherait à trouver un point de chute avant le départ (peut-être prochain) de M. Tall. Convaincu qu’il aurait du mal à se faire relire et ne voulant plus « retourner à la craie ». Trop embourgeoisé désormais pour la craie ? Aujourd’hui, Yéhia Haïdara, son adjoint, M. Ba et le ministre Tall peuvent se réjouir d’avoir gagné une bataille ? Mais pour combien de temps ? Tout se paye cash ici-bas même. Ou dans l’au-delà, pour les vrais croyants bien sûr… Comment peut-on se permettre de briser la carrière des gens pour avoir simplement revendiqué un droit que leur accorde la loi ? ’’ Prinpin’’ et M. Ba vont-ils seulement survivre à leurs victimes au CENOU ? Le temps nous le dira.
Mais déjà, de nombreux fournisseurs non payés commencent à donner de la voix. Et ce, malgré les milliards du CENOU qui ont pu peser ici et là dans les mesures injustes prises contre certains agents… De mauvaises langues vont jusqu’à admettre que des millions sont régulièrement distribués à certaines personnes. Nos investigations le confirmeront ou non dans les prochains jours. Quant au ministre Tall, il devrait payer lui aussi un jour pour avoir pris des mesures abusives à l’encontre d’innocents agents. Lui qui n’aurait pas encore fini avec l’ex-richissime Babani Sissoko dans le dossier de la vente de l’hôtel Mariétou Palace. Babani Sissoko l’accusait d’avoir détourné une bonne partie de son argent. À un moment donné, Me Tall risquait même de voir son immunité parlementaire (il était député à l’époque) levée. Il avait eu « chaud ».
D’aucuns soutiennent que c’est cette crainte, de même que sa défaite à Ségou même aux dernières législatives, qui l’on fait se rabaisser au point de se ridiculiser auprès de l’opinion par son soutien ‘’sans la manière’’ à IBK. Qu’il aurait ensuite prié pour rester au gouvernement. Duquel il est pressenti partant. Comme sont partis loin de lui tous les ex ténors du CNID. Non sans raison…
S Haïdara