Cette structure de l’Eglise catholique est une fierté nationale au regard du rôle historique qu’elle a joué sur le plan culturel au Mali et même au-delà. Il s’agit du Centre Djoliba qui avait, pendant près d’un demi-siècle, fait la pluie et le beau temps. Mais en avril 2012, elle avait fini par péricliter pour des raisons essentiellement financières. A la faveur d’une conférence de presse, lundi dernier, le Centre Djoliba, tel phœnix renaissant de ses cendres, a officiellement relancé ses activités.
Certains usagers du Centre Djoliba l’ont qualifié d’Unesco du Mali, tant il a contribué à la formation de milliers de cadres qui inspirent de nos jours la fierté nationale. D’autres en retiennent plutôt un arbre à palabre, sous lequel les Maliens ont débattu des thèmes qui ont trait, pour l’essentiel, à la démocratie, la politique, la décentralisation et la société malienne. Ce sont là des témoignages qui dénotent de l’ancrage culturel de cet espace de documentation, de formation et de débats- publics de l’Eglise catholique de notre pays, depuis sa naissance il y a près d’un demi-siècle. De sa création en 1964 à nos jours, le Centre Djoliba aura incontestablement marqué de son empreinte la marche vers la construction d’une société démocratique et d’une justice sociale au Mali et se place en un éclaireur de conscience sur les pratiques culturelles entravant les efforts de développement.
Après des décennies de parcours élogieux au service de la nation malienne, ce riche patrimoine culturel avait, malheureusement, fini par jeter les clés sous le paillasson, en avril 2012. Ce, pour des raisons que l’Abbé Jean Marie, un responsable de l’Eglise, a appelé, entre autres, l’incapacité de faire face aux obligations dues à la diminution considérable des ressources financières. Toute chose qui eut pour conséquence la mise à la rue des dizaines d’employés, après qu’ils aient bénéficié de tous leurs droits sociaux. Plusieurs observateurs ont plutôt vu en cette fermeture temporaire du Centre Djoliba la conséquence d’une négligence collective car tout le monde, y compris l’Eglise, a assisté à la décente aux enfers de la structure depuis le départ du Père blanc, Francis Verstraete, en 2004. Le directeur intérimaire l’a lui-même reconnu au cours de la conférence de presse de relance, le 08 avril dernier. «Peut-être que nous n’avons pas été vigilants pour l’aider (entendez le Centre Djoliba) à remplir le contrat social», a confessé le Père Joseph Tanden Diarra.
A présent, le Centre, après douze longs mois de turbulence, renait enfin de ses cendres avec la même vision et la même mission. Sauf qu’il entend cette fois-ci réajuster ses activités aux besoins actuels de la société malienne, à en croire le directeur intérimaire. Ainsi, a précisé le Père Diarra, le Centre Djoliba, nouvelle version, se focalisera sur les deux activités qui ont prévalu à sa fondation, à savoir la documentation et les débats publics. Des programmes qu’il exécutait jusque-là, tels que la formation, la promotion féminine et l’enfance seront mis en veilleuse.
Par ailleurs, le Centre Djoliba reverra sa personnalité juridique ainsi que ses statuts et règlement intérieur sur le moyen et le long terme. Mieux, il entend, pour un enrichissement mutuel, travailler avec d’autres structures de l’Eglise, tels que l’Enseignement catholique, la Caritas diocésaine et les autres organismes de développement. Cette réouverture doit certainement provoquer un ouf de soulagement dans le monde de la culture malienne qui fut longtemps privé des services d’un des centres qui lui sont vitaux.
Créé en janvier 1964 par l’Abbé David Traoré, le Centre Djoliba se définit comme une organisation d’inspiration chrétienne catholique qui vise la promotion de l’Homme. Devenu association de droit malien en 1992, il s’est donné une mission statutaire dans trois orientations complémentaires. A savoir : promouvoir un développement social, économique et culturel, à travers la formation et la recherche ; appuyer la structuration et la valorisation de l’expertise nationale ; renforcer la vie démocratique pour la justice et la paix à travers les débats d’idées sur les questions d’intérêt national, sous régional et international.
Bakary SOGODOGO