Membre du secrétariat du Centre Terriya dans lequel neuf écoles privées de Sénou composent, Abdrahamane Dramé, falsifiait depuis trois ans les notes des élèves des autres établissements au profit de ceux du sien. Il a été démasqué lors de l’élaboration du PV du précédent trimestre en mars dernier. Contraint de quitter son poste, des victimes envisagent de le poursuivre en justice.
Après la suppression du Certificat d’études primaires (CEP) en 2008-2009, les élèves de la 6e année passent en classe supérieure après trois compositions sous l’égide des centres d’animation pédagogique (Cap). Pour la bonne organisation de ces évaluations trimestrielles, les écoles proches sont regroupées en centres pour les épreuves, comme pour donner plus de solennité à l’évaluation.
A Sénou, les établissements privés “Terriya”, “Aïssata Traoré”, “Kobadani”, “Mohamed Diabaté”, “Droit Chemin”, “Forgo Songhoï”, “Dallo Touré”, “Ismaël Dramé” et “Djokolo” constituent un centre basé au niveau de l’école Terriya. Pour la coordination, un secrétariat composé de trois personnes (Yaya Camara, Sidiki Ballo et Abdrahamane Dramé) était mis en place depuis trois ans.
Même si c’est Sidiki Ballo qui présidait le centre, le nommé Dramé, directeur de l’école Djokolo, s’était imposé comme le leader naturel du groupe. Il s’est vite accaparé de la responsabilité d’ouvrir les enveloppes contenant les sujets, l’élaboration du programme de surveillance, de la correction des feuilles de trimestre, les numéros d’anonymat des candidats et surtout le PV devant être envoyé au Cap avec les moyennes des candidats.
Devenu alors très influent dans le centre, M. Dramé s’est permis de falsifier les notes des élèves de tous les autres établissements en les réduisant souvent jusque de moitié. Au même moment, celles de son école, Djokolo, sont gonflées, souvent multipliée par deux. Ce qui faisait de Djokolo, selon nos sources, la meilleure école privée du Cap de Sénou. Cette situation a duré pendant trois bonnes années scolaires.
Le mensonge a beau courir, il sera rattrapé par la vérité. Pendant trois ans, beaucoup d’élèves ont redoublé ou ont été exclus à cause de M. Dramé. Pendant trois ans les autres établissements scolaires se vidaient d’élèves par manque de confiance des parents. Trois années durant, son école faisait le plein, jusqu’à ce qu’elle soit aujourd’hui en manque de salles de classes.
C’est à la fin du 2e trimestre qui s’est déroulé du 16 au 17 mars que le pot aux roses a été découvert.
En effet, après avoir élaboré son faux PV où il avait collé des notes catastrophiques aux élèves des autres établissements, les responsables de ceux-ci ont eu l’audace cette fois-ci de protester. Selon notre source, cinq sur neuf écoles ont immédiatement rejeté ce PV et exigé la vérification de toutes les feuilles de leurs élèves. C’est après deux jours de tractations et surtout avec l’intervention du conseiller à l’orientation du Cap, Sounkalo Kéita, que ceux-ci ont pu mettre la main sur les feuilles, avant qu’elles ne soient brulées par M. Dramé. Comme d’habitude.
Un directeur d’école nous a expliqué que “les notes sur les feuilles n’étaient pas reportées sur le procès-verbal. Nous avons constaté que les notes de nos élèves étaient réduites par Abdrahamane Dramé, et celles de ses élèves faisaient l’objet d’une forte augmentation. C’est pourquoi tous les dix premiers étaient de son établissement. Après toutes les vérifications, nous avons su que son école était loin de là”.
Contacté par nos soins, le conseiller à l’orientation du Cap de Sénou, Sounkalo Kéita, point focal des écoles privées, nous a confirmé les faits. Selon lui, ils ont tous été surpris par le comportement de Dramé. Et de nous révéler que sa structure a exigé la mise en place d’un nouveau secrétariat au centre avec un représentant de chaque établissement pour que les travaux se fassent dans la transparence. “S’ils ne parviennent pas à s’entendre, nous prendrons nos responsabilité”, a averti M. Kéita.
Aussi, nous avons contacté la personne en question par téléphone. Reconnaissant les faits qu’on lui reproche, Abdrahamane Dramé les a qualifiés d’erreur. Il a dit avoir élaboré le PV avec Sidiki Ballo et Yaya Camara, qui sont tous membres du secrétariat. “Je ne suis pas le seul coupable de l’erreur qui est survenue dans la rédaction du PV, mais tout le secrétariat”, s’est-il défendu.
Toutefois, le point de non-retour n’est pas loin, car des écoles sont en train de se mobiliser pour porter plainte contre M. Dramé.
En tout cas, c’est un cas parmi mille autres qui interpellent le ministère de l’Education nationale qui devra prendre au sérieux l’organisation des trimestres.
Maliki Diallo