Le Mali fait partie des pays les plus pauvres du monde et sûrement les étudiants maliens font partie des couches qui souffrent le plus dans leur vie quotidienne. La proximité avec la politique est passée par là.
A moins de 48 h de la présidentielle, les 24 candidats qui font la course à Koulouba sont en pleine campagne, tous veulent séduire la société civile en général et la jeunesse en particulier avec leur programme. Et qui parle de jeunesse parlera forcément de l’université où l’électorat est bien consistant.
Moussa Mara l’a vite compris pour avoir arpenté les campus l’année passée alors qu’il était question des régionales de 2017.
Celui qui était tenté par la mairie de Bamako y faisait la promotion de son livre portant sur les défis de la jeunesse africaine. Une tribune populaire pour se mettre en valeur pour les besoins des élections du moment. Il est connu de tous que l’étudiant arrive à l’université avec l’âge recommandé pour voter, donc nous pouvons dire qu’une partie de la cible de ces politiques sur le plan de la jeunesse, reste le corps des étudiants.
Le Mali compte plus de 70 000 étudiants et le candidat qui saura séduire toute cette masse pourrait se relaxer un peu. Mais parmi ces 24 candidats, lequel d’entre eux a effectué le déplacement indiqué pour se rendre dans une faculté et constater les difficultés des étudiants ? Qui du lot a tenté de faire le long et risqué trajet qui sépare le centre-ville du Campus universitaire de Kabala (à moto) pour réaliser concrètement à quel point les étudiants souffrent ?
Lequel d’entre eux a essayé de se lever à 4 h du matin pour se rendre aux arrêts de bus afin de sentir à quel point souffrent les étudiants qui n’ont pas de moyens de déplacements permettant de se rendre aisément à Kabala ? Qui parmi eux a daigné suivre ne serait-ce qu’une heure de cours avec les étudiants pendant qu’il y a délestage électrique et que le professeur explique sa leçon avec ceux au fond qui entendent à peine ? Si la jeunesse est l’avenir d’un pays, on peut oser se demander ce que représente ce chiffre explosif d’étudiants maliens aux yeux de ces hommes politiques.
Autour de toutes ces interrogations, il se dégage deux autres plus importantes ; à savoir : est-ce que les étudiants maliens sont conscients de leur situation ? Ont-ils la moindre idée de ce que représente ne reste qu’une seul voix de leur part pour un candidat qui ne se soucie point de leur sort ?
La jeunesse et l’éducation ont toujours été à la base du développement durable d’un pays, et si ces éléments sont négligés, les conséquences se feront sentir. Sauf si cette jeunesse se laisse faire et si ce qui a été dit il y a des années est vrai “nous vous dirigeront et nos enfants viendront à leur tour diriger vos enfants”.
Au moins ceux qui ont tenu ce discours ont été auprès des étudiants il y a moins d’un mois. Mais ne soyons pas dupes quand il s’agit de partager des tablettes qui ne sont pas encore disponibles pour tous et qui auront une conséquence des plus graves : la division du fait de la répartition. L’AEEM a mis le bras sur tout et reste maitre du jeu alors que le fait partisan valide les chances d’obtentions.
Les étudiants semble toujours été instrumentalisés, utilisés comme boucliers humains et délaisser par les politiques dans l’Histoire de notre cher Maliba comme nous le prouve un professeur d’université : “Je m’en souviens bien lors de la révolution du 1991 nous avons été incités à faire des manifestations par les politiques, et vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a eu des morts parmi les étudiants. Je me rappelle comme si c’était hier, nous avons creusé les tombeaux et enterré nos camarades sans la présence du parti au pouvoir de l’époque-sans la présence de l’opposition”.
Triste réalité, le campus universitaire de Kabala arrive à peine à contenir les étudiants, les facultés sont à deux doigts d’exploser, les étudiants ne cessent de périr sur la route de Kabala, les latrines des facultés remplies pendant des semaines, les enceintes acoustiques ou les micros qui ne fonctionnent plus dans des amphis…
La jeunesse malienne doit savoir que voter est un acte de citoyenneté mais savoir choisir le candidat qu’il faut est une preuve de lucidité de l’esprit. Or c’est bien son vote qui est l’arme absolue pour la gestion réaliste du pays.
Atiyatou Rahmane Coulibaly et Kéita Idrissa