Depuis près de 5 mois qu’il n’y a pas de cours dans les universités publiques du Mali, à cause d’un arrêt de travail décrété par le Snesup tendance Dr Alou Diarra. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique refuse de négocier avec les « grévistes » arguant qu’il y a un bicéphalisme à la tête du bureau du Snesup. Des parents d’élèves appellent les parties à faire preuve de patriotisme et de dégonfler les biceps pour l’intérêt des Etudiants et du Mali.
Après la parution de notre article la semaine dernière intitulé « Arrêt de travail dans l’enseignement supérieur depuis 5 mois…. », nous avons été saisi par plusieurs parents d’élèves sur l’arrêt de travail des enseignants membres du CEN-Snesup, dirigé par Dr Alou Diarra.
« Révolte et dialogue » sont les deux mots qui reviennent dans leurs propos.
Père de trois garçons dont un est à la Faculté de droit et deux autres à la Faculté des Sciences économiques, Moussa Diassana, ne mâche pas ses mots. « Nos enfants sont à la maison depuis plus de trois mois. Les autorités du pays font comme si rien n’était. Comment peut-on parler du renouveau d’une nation, sans faire référence à son éducation, à l’enseignement ? Le faisant c’est comme si on faisait le lavage de la grenouille. Etre à la tête d’un département comme celui de l’Enseignement supérieur, c’est pour faire face à des problèmes en y apportant des solutions. Le silence ne résoudra rien », a lancé M. Diassana, en guise de cris de cœur. Electricien de son état, il dit compter sur l’amour de la patrie du Président de la Transition, qui doit prendre à bras le corps ce problème et trouver une solution. « Le chef de l’Etat doit agir, il doit parler avec les enseignants », conseille t-il.
Le sexagénaire demande aux parties de retourner à la table de négociations, de se comprendre. « Il ne sert à rien que chacun fasse sortir ses biceps. Le Mali nous appartient à toutes et tous. Les considérations partisanes n’ont pas leur place », a-t-il dénoncé. Et de conclure que les Etudiants ne doivent pas faire les frais de la guéguerre entre deux tendances pour le contrôle d’un bureau.
Enseignante à la retraite, Fatan Ballo dit être sans mot. « Voyez-vous, l’école malienne connait une situation inédite, une situation des plus désastreuses, des plus déplaisantes, angoissantes. Au moment où l’on essaye de sortir la tête de l’eau, on assiste à une autre situation. Si le ministre n’arrive pas à trouver une solution, il doit tout simplement céder sa place », a-t-elle declaré.
Aux enseignants en arrêt de travail, notre interlocutrice, sans se préoccuper des raisons de l’arrêt de travail, leur demande « de faire preuve de sacrifice en reprenant le chemin des classes ».
Ne sachant bien à quel saint se vouer, l’AEEM, à travers un de ses membres, au cours d’une conférence de presse tenue il y a quelques jours, a laissé entendre sa préoccupation et son indignation. Le bureau du syndicat des élèves et étudiants du Mali a lancé un appel pressant aux plus hautes autorités afin qu’elles s’impliquent pour trouver une issue à l’arrêt de travail du Snesup. Au cas où l’autorité ne venait pas à prendre leur cri de cœur au sérieux, l’AEEM a averti de recourir avec la manière forte en empêchant la tenue du baccalauréat la semaine prochaine.
Djibril Diallo