Billet Waati : Prise en otage de l’école malienne et tentative de récupération des leaders de la COSES

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L’image est terrible et le commentaire difficile. L’année scolaire est menacée. En effet, le 9 novembre dernier, la Coordination Syndicale de l’Enseignement Secondaire(COSES) venait de placer la barre plus haut. Un arrêt travail illimité est décrété pour dire non au laxisme de l’Etat. Quelle folie ! A la vérité, il s’agit d’une prise en otage d’une école malienne qui ne dit pas son nom depuis la nomination des trois leaders de la COSES.

La pièce qui se joue sur la scène scolaire au Mali n’est digne que  de la tragédie classique. Un arrêt de travail illimité décrété par la COSES est rentré en vigueur depuis la première décade du mois de novembre. L’information reste, pour le moins, une interpellation pour tous les patriotes. Mais, pour qui roulent ces leaders syndicaux qui n’hésitent pas à se mettre en grève illimitée comme s’il s’agissait d’une révolution   qui se tramait? Une question qui nous inspire la réponse donnée lors d’un débat sur l’école à la télévision nationale par l’ex président de l’Assemblée Nationale, le Pr Ali Nouhoum Diallo : « Ils veulent prendre l’école malienne en otage. »

Il s’agit d’un moment douloureux qui verra le héros, d’un moment à l’autre, passer de vie à trépas si rien n’était fait. L’école malienne, en effet, traverse une grave crise consécutive à un système éducatif mal en point et chancelant. N’en déplaise à ses laudateurs justifiant ainsi les louanges par le fait que le concepteur de Pathinder (Cheikh Modibo Diarra) soit issu de ce même système là. Mais combien parmi mille ? Mais parlons aussi des titulaires d’une Maitrise incapables de formuler une seule bonne phrase en français. Oui, cette belle langue de Molière. C’est la catastrophe. Le niveau est exécrable. Et pour paraphraser  l’ancien ministre de l’Education du Président Konaré, Baba Akhib Haïdara, le Mali de nos jours est une société sans école. Nous ne sommes pas des prophètes de Cassandre, mais ayons tout de même le courage de le dire. Notre héroïne : l’école, est agonisante par la mauvaise foi de ses acteurs : les enseignants, les parents d’élèves et surtout l’Etat que la Coordination Syndicale des Enseignants du secondaire considère comme laxiste. C’est pourquoi, ils ne veulent plus se laisser séduire par les discours politiques aux slogans creux, dit-on. Ces pédagogues, qu’ils soient formés à l’ENSUP ou qu’ils soient pétris des valeurs ou  des principes d’ALAIN ou de MAKERENKO ou de PIAGET se rendent-ils compte du type d’homme à former pour demain ?

En tout cas, ils se fâchent. C’est normal, il faut le dire. Ils tirent à boulets rouges contre les plus hautes autorités. C’est encore normal. Preuve que nous sommes sous les soleils des indépendances. Et dans leur lettre N 11-0017 du BEN COSES en date du 22 octobre 2011 adressée à Monsieur le ministre du Travail, de la Fonction publique et de la Reforme de l’Etat, les Secrétaires généraux livrent, en bon français,  les raisons  de la grève ou du moins de ce qu’ils appellent arrêt de travail : «Le BEN COSES, décide d’arrêter le travail le mercredi 9 novembre 2011 à 00 heure, si les prélèvements sont faits sur les salaires de ses militants ayant déposé les fiches de non adhésion. » Arrêt de travail ou grève ? Quelle est la différence ? Les syndicalistes sont pris au mot car, mal armés pour convaincre votre serviteur.

En conclusion, la lettre nous informe que : « le travail ne reprendra que lorsque les constats suivants seront faits : l’arrêt immédiat des prélèvements sur le mois de novembre, le remboursement intégral au titre de l’AMO et son caractère facultatif. »On ne se soucie même pas de l’avenir des enfants. Pourtant, c’est vous-même qui enseignez à ces jeunes ce bel exemple extrait du roman Les misérables de Victor Hugo: « Tant que l’homme reste enfant, Dieu veut qu’il soit innocent. ».Protégez donc les enfants.

Quelques jours plus tard, l’Etat se manifestait. Une tentative de récupération était en marche. Trois figures de proue sont bombardées à des postes de responsabilités. Le premier est Youssouf Diarra, professeur d’histoire et Géo au Lycée Mamby Sidibé de Kati et non moins Secrétaire Général de la COSES est bombardé le 3 Novembre dernier à la Direction nationale des cantines scolaires. Comme  pour lui souhaiter une bonne fête de Tabaski. Les deux autres sont : Adama Cissé, l’ex Secrétaire aux revendications et M. Touré sont nommés au ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle. Comme ça, le syndicalisme de la conviction se transforme en syndicalisme d’ambition personnelle.

C’est là une preuve, toute fois suffisante, pour dire que les syndicalistes ne se mobilisent que pour défendre des intérêts égoïstes. L’Etat n’a pas dit encore son dernier mot .Il réussira, sans coup férir, à déstabiliser la COSES dans les semaines à venir avec des propositions encore plus juteuses.

L’école malienne souffre lamentablement et nous devons tous l’aider dans sa marche.

 

Par Moussa Wélé Diallo

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