Bilan des internats du campus de l’université de Bamako : Où en sommes-nous ?

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 Il va sans dire que la formation d’une nation est d’une importance non négligeable surtout dans un continent comme le nôtre. L’Organisation des Nations Unies (ONU) a tenu une grande assise en 2000 à New York pour mettre en place des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Ces objectifs renferment en bonne place l’amélioration des résultats éducationnels des Etats y faisant partie d’ici 2015. C’est dans cet objectif que votre journal « LE FLAMBEAU » a décidé dans ce numéro spécial de jouer sa partition en jetant une caléidoscope rétrospective sur la vie des étudiants hébergés au campus de l’université de Bamako à travers une enquête rondement menée par vos limiers journalistes dépêchés pour l’occasion aux trois grands internats de l’université de Bamako. Sans faire de la surenchère ou du sensationnalisme, nous vous laissons vous-même en juger à travers plusieurs témoignages recueillis auprès de certains étudiants(es) baignant dans l’univers singulier du campus.

Réputé comme étant l’internat le plus peuplé et le plus vieux de toute l’université de Bamako, le dortoir de la Faculté des Sciences Techniques (FAST) abrite de façon officieuse plus de 700 étudiants de l’intérieur comme de l’extérieur. L’imposant bâtiment en forme de navire, affectueusement appelé par ses occupants « Titanic » semble au vue de ses murs lézardés et éprouvés par les aléas du temps exaspéré ses pensionnaires à plus d’un titre. Voici quelques impressions recueillies à tour de bras auprès des étudiants (es) vivants sur le « Titanic » dont nous n’évoquerons que les initiales pour des raisons de sauvegarde de leur intégrité

M.A est étudiant en Licence – psychologie à la FLASH.

« J’ai choisi de venir au campus pour plusieurs raisons. On nous avait fait croire qu’au campus les conditions sont bien réunies pour mieux étudier. Mais dès mon arrivée, je me suis aperçu que c’est presque le contraire. Nous vivons dans des conditions misérables. Rien qu’au réveil matinal seulement, nous manquons très souvent de moyens pour assurer le petit déjeuner. Quand on part à l’école, certains professeurs sont abonnés aux absences. Et au retour, il n’y a même pas à manger encore et s’il y en a souvent la qualité fait défaut. Cela est lié parfois au manque d’argent pour s’enquérir d’un plat car les bourses non seulement ne viennent pas à temps mais aussi sont maigres. Je rappelle que nous n’avons eu nos bourses qu’en Août, après 8 mois d’étude et de vie « campusienne » ; imaginez vous-même ce que ça peut causer comme problèmes. La vie est vraiment cruelle au campus de Badala. Nous sommes obligés de mettre tous les moyens en œuvre pour parvenir à joindre les deux bouts afin de pouvoir terminer et quitter cette vie infernale.

Moi, personnellement, je remercie ma mère qui est à Ségou et ma grand-sœur à Kati qui se sacrifient au quotidien pour moi.

Les conditions d’étude sont également misérables car nos bibliothèques ne sont pas à la hauteur. On y trouve rarement les livres dont on a besoin. Moi, psychologue en herbe, je me suis rendu à maintes reprises dans les bibliothèques de la FLASH et de l’ENSUP, mais je n’ai jamais trouvé de documents qu’il me fallait pour mieux me préparer dans mon domaine de formation.

C’est grâce à mon courage et au soutien des grand-frères académiques que je parviens, à travers les petites brochures, à me débrouiller.

Quant à nos conditions dans les chambres, je dirais qu’elles sont abominables. Parfois on se trouve jusqu’à 40 étudiants dans une seule chambre d’une dimension de 4 mètres sur 4. Nous, nous sommes 34 à partager la nôtre avec 15 lits superposés ; moi, je ne possède pas de lit dans ce nombre. Je suis contraint de faire le « serpent » c’est-à-dire étaler mon matelas dans les balcons, les couloirs ou dans la chambre pour dormir. Ici au campus, il y a de la sécurité zéro. Nous sommes, tout le temps, victimes des affrontements opposant le comité de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) et ses détracteurs. Chaque jour nous assistons à des faits sans précédents troublant nos esprits et cela nous fait croire qu’on peut mourir à tout moment. Le comité AEEM constitue en quelque sorte une insécurité pour nous car certains membres sont généralement munis d’armes à feu ou de machettes ! Il y a aussi des commerçants, des bandits et des fonctionnaires qui vivent ici et ne sont même pas des étudiants. Pour preuve d’insécurité, l’année dernière il y a eu deux assassinats au campus et j’ai vu cette année le coupable circuler tranquillement ici même.

Au regard de ce constat, je recommande aux autorités de porter un regard sur notre campus afin qu’on puisse quitter cette situation difficile. Il est bien d’avoir beaucoup de sites universitaires au Mali, mais si on n’améliore pas les conditions des « campussiens » c’est véritablement un grand retard pour un pays qui se dit indépendant depuis cinquante ans. »

H.T.F, étudiant en DEUG 2-pschologie-FLASH

« Tout d’ abord je vous remercie pour votre courage. Je viens de la région de Sikasso. Je pensais qu’à Bamako le campus universitaire était un endroit propice pour la poursuite de mes études et que c’était un endroit où la sécurité règne. Ce sont, entre autres, ces mobiles qui m’ont mené vers le campus, mais je me suis rendu compte au fil du temps que c’est tout à fait autre chose. Pour les conditions d’étude, je dirais que c’est passable puisqu’il y a presque de la lumière à plusieurs endroits et cela conjugué avec un peu de courage nous permet de nous isoler souvent pour bien réviser les leçons pendant la nuit. Mais il y a beaucoup de problèmes que nous connaissons ici. Les emplois du temps sont surchargés et s’il faut aller à l’ENSUP prendre des cours qui ne terminent qu’entre 19 H et 21 H, et retourner à pieds pour l’irrégularité des bus, c’est vraiment aberrant. Les lits manquent énormément dans les chambres où nous sommes nombreux. Le comité AEEM n’octroie que 4 lits par chambre pour 30 à 40 étudiants et le reste nous nous débrouillons à faire le « serpent » car nous n’avons pas le choix.

Je recommande aux autorités de poser un regard sur nous les « campussiens » ; qu’elles fassent tout le possible afin que les étudiants aient goût aux études. Que les bus soient fonctionnels comme nos emplois du temps pour éviter le « chacun pour soi, Dieu pour tous » car je pense qu’ils sont là pour nous et non pour autre chose. Sinon il est inconcevable que les bus s’arrêtent avant la fin des cours. Il faut rappeler que ce n’est pas tout le monde qui peut emprunter les SOTRAMA qui ne nous déposent qu’au Quartier Mali. Par ailleurs pour vivre au campus, il vous faut au moins 500 FCFA par jour. Et combien ça donne par mois ou par an quand on fait le calcul et quand on sait que nous souffrons du retard relatif à l’octroi des bourses ? Il y a encore des cas d’omissions chroniques dus à je ne sais quoi. Ce fait a évincé beaucoup de nos camarades des études. Les mots me manquent pour qualifier cet état de fait. Je dirais que c’est déplorable si nous devrions tout le temps être là à parler de ces problèmes de vie au campus au lendemain des cinquante ans d’indépendance de notre pays ».

J.P. étudiant en DEUG 2- LETTRES MODERNES-FLASH

« Tout d’abord merci au « FLAMBEAU » pour m’avoir accordé cette occasion d’intervenir.

C’est à Sikasso que j’ai eu mon baccalauréat ; compte tenu du service professionnel de mon père, mes parents sont présentement à Ségou. C’est aussi compte tenu de plusieurs situations que j’ai préféré le campus pour continuer mes études à la FLASH. A Bamako, aller loger chez un proche constitue un problème en soi et j’ai pensé que le chemin aisé ici dans la capitale pour un étudiant était de venir vivre au campus de Badala. Je croyais que c’était un préjugé de la part de mes grand-frères m’ayant précédé qui me disaient qu’il pouvait avoir 30 occupants dans une seule chambre ne dépassant pas 5m². A mon atterrissage, j’ai découvert que c’était plus que tout cela et ce n’est pas tout le monde qui a droit aux lits. Pour avoir un lit, il faudrait avoir une « vieille relation » avec les membres du comité AEEM. Si davantage vous dénoncez un inconvénient, vous serez délogé soit de votre chambre, soit du campus et imaginez le mal que cela puisse susciter. Les frais d’inscription augmentent chaque année alors que les conditions de vie et de sécurité ne suivent pas. L’année dernière nous nous sommes inscrits à 10 000 F.CFA et je ne sais pas combien nous demandera-t-on cette année. Après les inscriptions, on vous indique provisoirement une chambre après quoi chaque jour nous accueillons de nouveaux co-chambriers dont nous n’hésitons pas à inviter à faire le « serpent ». Je me demande comment nous avons hérité de ce genre de campus mal organisé où l’infirmerie est contiguë aux toilettes. Nous vivons misérablement pendant que dans les pays voisins, qui ne sont pas beaucoup plus riches que le Mali, les étudiants demeurent dans des conditions désirables aux nôtres.

Les plats sont chers car il n’y a qu’une cantine où l’on peut manger sans regret et se détendre s’il le faut en regardant la télé. Malgré tout ça il y a des gens qui se plaisent mieux au campus qu’ailleurs, mais chacun se débrouille avec sa manière car la vie de chacun des « campussiens » dépend de ses moyens. Ce n’est pas un cas commun au Mali seulement sinon les conditions d’étude ne sont pas aussi dynamiques. Aujourd’hui l’éducation ne va pas sans imperfections de par le monde donc nous essayons de faire avec ce que l’Etat nous met à disposition comme moyens.

Je parie qu’avec moins d’occupants par chambre, des salles d’étude au campus, des amphis bien équipés, une augmentation des bourses, des bus universitaires fidèles aux étudiants, l’étudiant malien sera compté parmi les excellents du monde.

Je n’ignore pas que nos autorités ont la volonté de bien faire, mais il faudrait qu’elles accélèrent le pas au soir de la fête du cinquantenaire pour que le Mali aille de l’avant. »

Y.B. est étudiant en Licence/Anglais- Allemand/ FLASH :

« Je suis de la 4ème région, non loin de la frontière de Mauritanie, précisément à Diabali. A l’image de la plupart de mes camarades, je suis issu d’une famille paysanne. C’est dans ce village que j’ai fait mes études fondamentales. Après le bac, compte tenu de mon ambition de poursuivre les études et vu le statut de mes parents, j’ai décidé de venir vivre au campus où je pensais que tout était rose. Je n’avais pas de tuteur à Bamako ; ma mère s’en était fait un souci. Mais pour la décharger de ses inquiétudes, je lui ai rassurée de l’existence d’un internat où je pourrais mieux vivre et étudier. C’est en touchant au feu qu’on sait qu’il brûle. Les conditions sont trop dures et désagréables. Vivre au campus c’est accepter la souffrance en tant que telle avec toutes les insécurités qui y règnent. Pour rappel, la fois dernière une jeune fille a été victime d’une attaque juste pour être dépouillée de son argent. Lorsque les gens affluaient à son secours, le coupable n’était plus perceptible. Ce serait un diable qui l’aurait attaquée. Il n’existe que deux cantines fiables où l’on peut mieux se régaler et pour le reste, ce ne sont que des « bonnes réfugiées » avec leurs enfants qui inondent notre espace nous proposant des plats exempts de toute sécurité sanitaire. En assistant à ma première année à un incendie catastrophique lors duquel, malgré les appels, la protection civile n’est intervenue que tardivement, je me suis dit que nous vivons dans une cellule infernale où l’insécurité est reine. Le campus est très mal géré, mieux l’AEEM constitue pour nous un monstre d’autant plus qu’elle est tout le temps armée avec des armes à feu, des machettes avec lesquelles on n’hésite pas à vous arrachez de votre chambre pour vous amener dans un coin secret pour vous battre. Nous sommes contraints d’obéir à ce qu’on nous dise à défaut de quoi, on se soumet aux dangers venant de nulle part et il en est de même pour nos jeunes sœurs étudiantes.

Le campus, un lieu d’asile, est devenu pour nous une agonie. Mais une chose est sûre et certaine cela va se passer avec le concours de Dieu. Pour terminer, je dirai merci au « FLAMBEAU » pour m’avoir accordé cet honneur d’intervenir au nom des « campussiens. »

Z.T, étudiant en 2ème Année- Droit/ FSJP

« Je viens de la ville de ségou. Je vivais au campus, mais malheureusement après certaines situations que j’ai vécues au campus ici, mes parents ont décidé de me chercher un logement en ville. Dieu merci tout va bien chez moi. Mais comme je ne suis pas ignorant des conditions dans lesquelles vivent mes amis, je viens toujours causer avec eux et compatir à leurs difficultés. Nous vivons désagréablement au campus. Pour nous, c’est un lieu qui mérite le respect de tous, puisque nous sommes appelés à prendre les destinées de ce pays.

Quelle que soit la condition de chacun de nous au campus, nous pouvons nous réjouir de la solidarité qui existe entre les étudiants. Il n’y a pas que des étudiants qui vivent ici. Nous rencontrons des gens venant de nulle part avec souvent des mauvaises intentions.

En plus, c’est honteux qu’un étranger visite notre site à travers l’image qu’il nous offre. Des coups de feu se font entendre généralement de la part des membres de l’AEEM qui se disputent pour des petits postes de l’association. C’est vraiment écœurant. Le « RESEAU » des étudiants de Ségou avait entrepris des journées de salubrité, mais il a succombé aux préjugés qui pensaient que nous voulions faire du campus notre propriété. Les « campussiens » croient que la propreté du campus revient uniquement au comité AEEM alors que cela relève de la responsabilité de tous. L’infirmerie où il n’y a rien est contiguë aux toilettes et nous sommes exposés à la piqûre des moustiques. Il nous faut un campus à la hauteur où les étudiants puissent mieux se consacrer aux études. Bien qu’il y ait des difficultés, je parviens à m’en sortir. La plupart d’entre nous vivent de la débrouille comme vous l’avez souligné dans certaines de vos parutions. Il faut que cette situation soit renversée au-delà des cinquante ans de notre indépendance.

Je remercie « LE FAMBEAU » pour son courage de briser le tabou en nous offrant ce créneau. Je souhaite une longue vie au journal et à tout son personnel et que chaque année vous procure de succès à travers cette initiative salutaire ».

 

KHALAL, étudiant en   DEUG 2- Lettres modernes/ FLASH

«  En venant de Ségou, je pensais que le campus était un endroit idéal où je pouvais rencontrer des étudiants avec qui je pourrais exercer et mieux réviser mes leçons. Mais c’était un mirage, la réalité est que le campus n’est pas propice aux études et à la vie. Il n’y a même pas une bibliothèque où on peut lire. L’hébergement, la salubrité, les cantines et la sécurité sont les défaillances du campus universitaire. Les étudiants maliens pensent que c’est l’Etat qui doit tout faire à leur place alors que nous avons tous un droit et devoir. Il faudrait que nous nous acquittions de notre devoir en prenant soin de l’espace universitaire faute de quoi nous serons des inconscients. Le CENOU a dit à la télé que les étudiants reçoivent 50 000 FCFA, si c’était vrai nous n’allions pas être dans cette vie carcérale où la nourriture est dépourvue de qualité.

D’ailleurs il y a un lieu qu’on appelle le « Guantanamo », qui n’a rien avoir avec celui des Etats-Unis. Au « Guantanamo », les plats de riz sont nommés « le rendez-vous en bas. » La nourriture n’est pas exempte de saletés. Je souhaite que tout change au campus au profit des « campus siens ».

 

Pour pouvoir toucher toutes les couches d’étudiants vivants sur le campus de Bamako, nous avons cette fois-ci de manière exhaustive approché exclusivement des filles qui sont en quelque sorte les plus vulnérables et plus stigmatisées que les garçons.

Notre dévolu s’est jeté sur l’internat de la Faculté des Sciences Techniques (FAST) qui accueille le plus grand nombre d’étudiants. À notre grande surprise, nous nous sommes heurtés aux refus catégoriques des jeunes filles que nous avons pu approcher pour une raison plus ou moins légitime. Après plusieurs tergiversations, la demoiselle dont nous tairons le nom l’en nommant tout simplement MD, nous confiera qu’elle est originaire du cercle de San et qu’elle aurait choisi de s’interner sur le campus parce que la maison de ces parents qui vit à Bamako ici est très éloignée du campus. Pour MD, il serait impossible pour elle de décrire ce qu’elle vit à l’internat de la FAST tellement que la vie y est désolante. Selon ses propos, les autorités du pays n’ont pas du tout de moyens pour mettre les étudiants dans de bonnes conditions mais tout simplement de volonté politique. En poursuivant, avec beaucoup d’amertume dans sa voix, l’intervenante dit qu’elle était parmi les meilleurs élèves de sa classe avant de venir à l’université, ce qui est loin d’être le cas maintenant étant donné que la mauvaise condition qu’elle vit en ce moment fait baisser considérablement son niveau d’étude jusqu’à ce qu’elle serait au bord d’une crise psychologique. Hormis celui de la FAST et de la FMPOST nous avons voulu faire la plus large lumière sur l’internat de l’Institut Universitaire de Gestion (IUG) qui est relativement en bon état par rapport aux deux autres, car rien qu’à le voir on saurait qu’il est plus ou moins récent.

Aux trois questions posées aux internées de l’IUG les réponses ont été toutes aussi renversantes les unes que les autres. En effet, le bâtiment, constitué en deux étages comportant environs une soixantaine de chambres et servant de logements aux étudiants, date des années soixante-dix, ce qui donne une idée sur sa vétusté et son état de délabrement avancé.

La première chambre qui a fait l’objet de notre première salve de visite était occupée par 6 jeunes dames fraîchement réveillées d’un long et lourd sommeil en ce jour du Mercredi 15 Septembre 2010, dont nous tairons les noms pour des raisons de représailles de la part du comité AEEM à l’encontre de toutes langues dénonciatrices, qui au départ ont toutes refusé de se prêter à notre micro pour des raisons que nous connaissons désormais tous (suivez mon regard !). Après une véritable mise en confiance psychologique que notre équipe déployée sur place a fait preuve à l’endroit des demoiselles atterrées par la peur, nous avons pu leur arracher quelques réponses. En leur demandant d’où elles viennent, quelles ont été leurs motivations à venir vivre sur le campus ? Quelles y sont les conditions de vie et d’étude et quel appel ont-elles à lancer à l’endroit des autorités publiques pour les prochaines 50 années à venir, elles ont toutes les six répondu presque à l’unisson.

Selon leur dire elles viennent toutes de différentes Régions de l’intérieur du pays, et le premier problème auquel elles sont confrontées est celui de la pléthore des occupants des chambres. Au lieu de 4 personnes (qui est normalement le nombre de personnes devant occuper à la fois une seule chambre) nos chères demoiselles vivent à 6 dans un espace d’environ 3m(carré) ce qui selon nos calculs feront un trou de souris de 0,5m pour chacune d’elles. Le problème de sécurité est crucial sur le campus du fait des vols récurrents de toutes sortes d’objets (des brosses à dent aux culottes, aucun objet minime n’est épargné) et cela jusqu’à l’intérieur des chambres. Le problème de sécurité dépend de l’organisation interne des chambres. Il y a des difficultés de nourriture ; manque d’hygiène (cafards, rats, souris). Les toilettes sont nettoyées par nous-mêmes, les frais d’inscriptions chaque année deviennent de plus en plus chères et malheureusement pour des motifs qu’on ignore. Les plafonds sont troués, il y a beaucoup de champs d’arachide aux alentours du campus, ce qui provoque la multiplication des moustiques. Il n’y a pas d’ampoules électriques dans les chambres, celles qui sont grillées mettent une éternité à être remplacées. Mais il se trouve que certaines étudiantes sont mieux logées que d’autres du fait qu’elles acceptent des avances de tel ou tel membre de l’AEEM. Mais celles qui s’aventurent à s’y refuser (en leur donnant des carreaux) encourent d’être délogées de leur chambre (comme si l’AEEM était DIEU sur le campus).

Selon un deuxième groupe de filles qu’on a pu avoir au bout de notre micro, la vie est plus que chère sur le campus. En effet, les denrées de premières nécessités seraient deux fois plus chères sur le campus qu’ailleurs raison pour laquelle les étudiantes mangent tout ce qui tombe sous leurs dents. Selon les témoignages d’une d’entre elles, elle-même aurait été victime d’une agression nocturne quand elle revenait du lieu où elle apprenait ses leçons à la lumière des lampadaires publics il y a une semaine de cela. Selon les dires d’une autre étudiante, ce qui lui fait plus de mal et fait froid au dos en même temps est le quasi inexistence de structures sanitaires sur le campus, en cas de maladie chacun est laissé pour soi. Les recommandations qu’elles auraient toutes à l’endroit des autorités publiques sont : la création d’une cantine universitaire publique dans laquelle elles auraient droit à des plats subventionnés ; retirer la gestion de l’internat du campus des mains des membres de l’AEEM et la remettre au CENOU.

D’après le dernier groupe de filles interviewées, l’accent est à mettre sur les préjugés dont elles font l’objet non seulement sur le campus mais aussi partout où elles partent dans la ville. Selon l’imaginaire de toutes celles et ceux qu’elles croisent « vivre sur le campus en tant que fille suppose qu’on se prostitue ».

En tout cas, l’appel que les internées de l’IUG lancent aux autorités publiques est l’amélioration sans plus attendre de leur condition de vie et d’étude qui est pour le moins déplorable, car une jeunesse bien entretenue fera assurément bonne œuvre pour les prochains 50 ans à venir.

 MAIGA

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