Le bachot : tout le monde s’en tape le jabot

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Le Mali ou le pays est passé dans l’art de transformer les débâcles en triomphes. Après les mensonges servis au sommet de l’Etat et les milles versions différentes d’un même évènement ressassées par son gouvernement , l’on ne doit plus être surpris qu’une ministre notoirement employée au dessus de son seuil de compétence échoue lamentablement à organiser des examens crédibles et veuille, dans une tentative tardive et désespérée de faire pour une fois correctement son travail, se présenter comme le parangon de la vertu, la redresseuse du système éducatif malien en suspendant des individus sinistres qu’elle avait elle-même nommés et en s’arrogeant les mérites des arrestations effectuées par les services de police judiciaire. Quand une opération de police ou de l’armée réussit le mérite revient aux « politiques ». Quand elle échoue les forces de sécurité et de défense boivent la tasse et les « politiques » fuient leurs responsabilités en affirmant que l’ordre n’est pas venu d’eux.

 

Baccalauréat 2014 : Sans jugement de valeur !Bamako s’est retrouvé avec plus de sujets d’examens en circulation que de papiers – toilettes, après que Madame Jacqueline Nana Togola se soit pourtant publiquement engagée à fournir aux parents d’élèves des examens de qualité. Après cette catastrophe nationale, au lieu d’assumer ses responsabilités et de démissionner, la ministre soutenue par le gouvernement, veut nous faire croire que la question la plus importante est de savoir qui sont les coupables de l’étalage public de la petite vertu du système éducatif malien et qu’elle s’attèle à les démasquer. Elle veut dresser entre les citoyens et la vérité l’écran de fumée de l’arrestation de quelques malappris qui représentent davantage la partie visible de l’iceberg de pourriture du système éducatif malien que la partie immergée à laquelle elle ne s’est point attaquée depuis qu’elle a été nommée.

 

Les individus suspendus ou arrêtés ne sont que les coupables secondaires. Qu’on ne se méprend pas, personne de sensé ne viendra à leur défense et il faut espérer qu’ils iront croupir en prison. La principale coupable est cependant Mme Jacqueline Togola qui, au lieu de prendre à bras le corps les problèmes de l’éducation nationale et de travailler à temps et sérieusement à la préparation des examens, s’est contentée de voyages bidons à l’étranger (voir plus bas l’article que nous avions consacré il y a quelques mois à son voyage en Turquie) et de déclarations tonitruantes sans effets. L’idée de rendre le tablier n’a pas dû lui traverser l’esprit, et qu’elle se serait dite « pourquoi diable assumerais-je mes responsabilités alors que le mensonge éhonté est dans l’air du temps ?».

 

Mais au fond est-elle la plus fautive ? On peut se poser la question lorsque l’on sait que le Président a instruit à ses ministres de paraître au lieu d’être, d’occuper continuellement l’espace médiatique au lieu de s’attaquer à la racine des problèmes pensant que le brouhaha ainsi causé par le gouvernement couvrira les bruits des aspirations légitimes du peuple malien. Les véritables gagnants de ces opérations de communication sont les agences de communication, les diffuseurs et les bénéficiaires de rétros commissions.

 

On peut d’autant plus s’interroger là dessus que la corruption au niveau de l’éducation au Mali n’a pas commencé sous sa vigilance, même si cette année, dans l’organisation des examens les sommets de la médiocrité ont été atteints. Il reste alors à expliquer l’ampleur inégalée de la fraude sous son ministère.

 

L’exemple moral vient d’en haut en premier lieu. En haut, c’est le président de la république qui ayant fait la promotion de sa famille d’abord, au détriment du bonheur des maliens, pour leur plus grand déshonneur, a lancé de facto un message sans ambigüité aux maliens que plus que jamais c’est le népotisme et le copinage qui assurent un emploi, l’accès aux ressources dans ce pays. Ce message est parvenu aux oreilles de citoyens désorientés, désabusés, ayant perdu le peu de foi qu’ils avaient encore dans ce pays et qui pensant bien faire se sont adonnés à des pratiques moralement et légalement répréhensibles mais qui surtout conduisent leurs rejetons à l’enclos des diplômés chômeurs sans qualification ni compétence.

 

Plus de 30 ans de service et Mme Togola pense que le DEF peut être organisé comme en 1980 où il n’ y avait qu’environ 20.000 candidats sur l’ensemble du territoire national et un système éducatif regorgeant de ressources humaines à la moralité radicalement différente de celles des parasites qui le peuplent aujourd’hui et qui comptent plus de 200.000 candidats. Mme Togola est l’illustration parfaite du Principe de Peter, elle a été davantage choisie pour ses performances en tant que proviseure que sur ses capacités à être ministre de l’éducation nationale. Elle a été promue au-delà de son seuil de compétence. En elle ceux qui l’ont nommée ont vu la solution à une équation à plusieurs inconnues. Il fallait des femmes dans le gouvernement, tout le monde s’accorde là-dessus, il faut que toutes les confessions religieuses y figurent également, on peut passer la dessus par ces temps troubles, en Jacqueline ils ont donc vu la sauveuse d’autant plus qu’elle était affiliée au parti présidentiel. Avec elle d’une pierre ils ont cru faire trois coups. La pierre était en fait une bombe à fragmentations qui est venue achever le peu de crédibilité qu’avait encore l’éducation nationale au Mali.

 

Pachi

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